Forêt-Neige et Vent-sans-Nom, de Jeanne d'Arc Whitt, et autres ravissements dominicaux
Bonjour mes Chers,
J'espère que vous passez en doux dimanche, en dépit des événements qui secouent la France ces derniers jours et qui nous rappellent la valeur de bien des choses.
Ce matin, après une nuit de dix heures (faisant suite à près de trois semaines de sommeil chaotique et d'insomnies répétées), je me suis offert près de trois heures de lecture sous la couette. J'ai toutefois commencé par me préparer un délicieux thé "Esprit de fête", un thé vert de Noël, subtilement épicé, acheté à Reims, puis j'ai ouvert le petit paquet surprise que ma Maman avait glissé dans mon dodo avant de partir pour le cocon-médiéval vendredi :)
Comme je m'y attendais secrètement en croisant fort les doigts, il s'agissait du roman de Jeanne d'Arc Whitt, dont j'ai la chance de visiter quotidiennement le merveilleux Château Imaginaire, Forêt, Neige et Vent-sans-Nom, que je désirais lire depuis bien longtemps, tout particulièrement en cette saison. C'est à présent chose faite car, sitôt commencé, je ne l'ai plus lâché d'une page, sinon pour me préparer une seconde théière fumante. Les priorités restent les priorités, pardonne-moi Jeanne d'Arc :)
Dans ce court mais dense récit, l'auteure nous invite à faire la connaissance d'un jeune garçon, sans âge, sans nom et sans lignée, vivant à l'écart du monde, dans une vaste forêt. Celle-ci lui tient lieu de cocon familial, allant jusqu'à lui offrir un prénom, Akar, signifiant dans son langage sylvestre "Celui qui aime les arbres" ; ceux-ci forment sa fratrie, les animaux son cercle amical, les étoiles ses guides, son âme d'enfant est son trésor. Akar flâne, du soir au matin, du matin au soir, le nez toujours levé vers le ciel, le coeur toujours ardent de gratitude et de ravissement pour le monde qui l'entoure, ce monde de gazouillements mélodieux, d'eau fraîche et de senteurs enchantées. Un pays merveilleux que l'arbre patriarche, Coeur de la Forêt, l'invite à déserter pour ne pas s'en lasser et surtout découvrir son destin. On suit alors Akar dans son périple qui le mène vers la grande ville, où il découvre les hommes et leurs drôles d'habitudes et leur attitude peu avenante. Entre les rues passantes et l'école, où il découvre l'absurdité des mathématiques et la beauté des livres, les parcs et jardins, poumons verdoyants de cette terre asphaltée, il croise la route de celle qu'il nomme Tempête, petite puis jeune femme qui -tout comme lui- vit en marge de ceux qui les entourent, ne subissant pas leurs brimades mais endurant leur intolérance par leur indifférence en réponse à sa différence, puis celle qu'il baptise Neige, croisée dans d'étranges circonstances et qui deviendra alors objet d'une incessante quête du coeur.
En ouvrant ce roman tant convoité et à propos duquel j'avais lu quelques très belles pensées de copinautes, je ne m'attendais absolument pas à y trouver autant de profondeur. Comme je l'ai écrit à Maman, à qui j'ai déjà promis de lui prêter le roman dès son retour, c'est une oeuvre que je relirai assurément, portant sur elle un autre regard, tant elle m'a touchée émotionnellement et dépassée par son inattendue complexité. Car même si elle s'adresse à un jeune public, qu'elle touchera par bien des aspects, elle porte en elle des valeurs et réflexions qui poussent à la réflexion tout autant qu'elles bouleversent. J'ai en effet était très émue par le personnage de Tempête qui ma rappeler les héroïnes de deux albums que j'adore, Cerise Griotte et Jane, le renard et moi.
En somme, le roman de Jeanne d'Arc Whitt donne autant à rêver qu'à penser, avec ses magnifiques descriptions -qu'il s'agisse de la forêt comme de la ville, dans laquelle j'ai adoré me balader et me perdre,- et ses nombreuses réflexions sur la différence, l'isolement, la difficulté d'être soi-même lorsqu'on se construit hors du moule, loin des convenances, lorsque l'on choisit (mais est-ce vraiment un choix ? Ne serait-ce pas plutôt une prédisposition ? un don du ciel ?) de ne pas enfiler d'uniforme ni d'embrasser d'idées toutes faites, lorsqu'à la réalité -qui n'est pas que mauvaise- on préfère l'imaginaire. J'ai été sensible à la plume de l'auteure comme j'ai été éblouie par la personnalité -littéralement lumineuse- d'Akar auprès de qui j'ai eu le sentiment de me promener à travers les vers les plus faussement naïfs et véritablement essentiels, d'Arthur Rimbaud. D'autant que l'auteure rend, à travers la parole et le destin de l'un de ses personnages dont on la sent très proche, un vibrant hommage aux livres et leur pouvoir.
Je souhaitais me réserver la lecture du second roman de Jeanne d'Arc, La Fée Taquine, pour l'automne, mais la saison dorée me semble dorénavant si loin ! Je ne garantis pas de tenir aussi longtemps sans succomber au désir de goûter à nouveau l'imaginaire de notre châtelaine.
Ma matinée ce sera poursuivit tout aussi agréablement, avec un autre coup de coeur jeunesse, dont je vous parlerai bien vite, puis le visionnage de l'animé japonais Le Château ambulant (je mène la vie de château, aujourd'hui ^^) qui m'a conquise encore davantage que le manga que j'avais adoré ! J'ai pensé aux copinautes un nombre incalculable de fois, persuadée qu'elles tomberaient en amour avec ce joyau des studio Ghibhli, avec ses dessins aux couleurs si douces, ses paysages de rêves, ses personnages si tendres, touchants et drôles ! Comment résister à Mamie Sophie et au petit Marco ? Au lien qui se noue entre eux ? A la beauté des villes, de la boutique de Sophie, du Palais Royal et des cieux ? Et comment ne pas fondre pour Hauru, torturé, énigmatique et tellement, tellement doux ? Je vous le demande !!
Tant de bonheur, tant de gratitude éprouvés en ce dimanche... J'ai alors choisi de commencer mon "Carnet de gratitude" qui n'est autre que l'album des anniversaires, illustré par Rebecca Dautremer. Idéal. La chance me souris réellement aujourd'hui car, en allant tout simplement sortir ma poubelle (la touche glam' !), j'ai trouvé une pile de livres abandonnés, en très bon état. J'y ai pioché Complètement cramé ! de Gilles Legardinier que je donnerai à ma soeur puisque je l'ai déjà (et lu), ainsi que Jeux de société, de l'auteurDavid Lodge, dont j'apprécie le style et l'humour dévastateur.
C'est en compagnie des mots que je m'en vais finir cette douce journée, avec l'écoute d'une émission sur l'écriture puis la lecture de mon épais roman en cours, Les Fiancés de l'hiver, de Christelle Dalbos (coup de coeur en vue) et Les Amants Papillons, l'album illustré de Benjamin Lacombe, sorti cette semaine en version poche et que je me suis offert hier. La soirée se déroulera devant un film que j'aime beaucoup, Au bout du conte, du tandem Jaouy-Bacri, qui nous offre là une version contemporaine, drôle et sensible, des contes de fées (ou serait-ce plutôt de "faits" ?!). Quelques suggestions que je vous souffle en passant ;)
A tout bien vite, mes Chers. Et n'oubliez pas de faire de chaque insignifiant détail de la vie une source de joie et de plaisir.