La parentalité par Amélie Gahete

Web Name: La parentalité par Amélie Gahete

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bl Pour trois enfants, six parents* Le mercredi je m'baladeUne paille dans ma limonadeJe vais embêter les quilles a la vanilleEt les gars en chocolatJ'ai dix ansPrenez une cuillère de famille, une salière et un poivrier, mère et père, et trois pincées épicées de l'une et l'autre. Et puis écoutez-les, des années après.Aucun des trois n'aura exactement, précisément, le même souvenir du même événement.Chacun de la fratrie aura ressenti différemment les mêmes parents. Le souvenir d'une scène familiale n'aura pas la même coloration : - Je me souviens que le grand-père était dans le train, près de la fenêtre.- Tu n'étais pas né, on te l'a raconté, tu as vu des photos. Tu ne peux pas t'en souvenir ...La mémoire est un drôle de phénomène, l'oubli une éventuelle protection. Se rappeler le souvenir d'un autre est un pari pascalien, voire une situation kafkaïenne.On porte souvent dans une famille, une histoire que l'on connaît mal, un prénom peut représenter un conflit ignoré, on peut se voir affublé d'une comparaison avec un oncle que l'on a jamais vu, avec une cousine décédée, une soeur qui aurait semé un conflit, un demi-frère qu'on a protégé.Nicolas Sarkozy propose de confier aux écoliers de CM2 la mémoire d'un enfant juif de France victime de la Shoah.Pourquoi un enfant juif, et non rwandais ou arménien etc, outre que :** Et tant pis pour ceux qui s'étonnentEt que les autres me pardonnent,Mais les enfants ce sont les mêmes,A Paris ou à Göttingen.A dix ans on a fort à faire. Entre quitter son enfance et entrer dans la cour des grands.A dix ans on navigue entre amour et amitié, on s'approprie son histoire, plus ou moins clairement, selon ce que les parents en transmettent.Simone Veil, ancienne déportée à l'âge de 16 ans, s'est prononcée sur cette proposition : C’est inimaginable, insoutenable, dramatique et, surtout, injuste. On ne peut pas infliger cela à des petits de 10 ans! On ne peut pas demander à un enfant de s’identifier à un enfant mort. Cette mémoire est beaucoup trop lourde à porter. Nous mêmes, anciens déportés, avons eu beaucoup de difficultés, après la guerre, à parler de ce que nous avions vécu, même avec nos proches. Et, aujourd’hui encore, nous essayons d’épargner nos enfants et nos petits-enfants. Par ailleurs, beaucoup d’enseignants parlent -très bien- de ces sujets à l’école. A l'heure où l'on demande aux parents d'être responsables, d'assumer leur fonction éducative, peut-être serait-il sain de leur faire confiance.Faire confiance aux parents, aux enseignants, aux éducateurs.A dix ans, on ne porte pas, non librement, un mort inconnu de son âge. On apprend d'abord à se porter soi-même. A accepter les mémoires et les oublis de sa famille. Dignement. Et c'est déjà beaucoup.* Alain Souchon : J'ai dix ans** Barbara : Göttingen 1965 - Y fait rein le père Noël.- Le Père Noël ? il voyage tout l'temps !- Le Père Noël, il fait du rêve mais faut mett' tes chaussures sous le sapin, sinon y comprend pas.- Le Père Noël, si on habite à la mer on a les cadeaux en premier.Il y a deux ou cent explications... D'aucuns disent que la création du Père Noël date de l'humanité et que la plupart des pays occidentaux, en tout cas, ont un Père Noël , quel que soit le nom qui lui ait été donné. D'aucuns pensent que Saint Nicolas serait à l'origine de ce mythe, par exemple serait le grand père du Père Noël.D'autres évoquent un Père Chemineau , vêtu d'une robe de moine en gros drap écru, portant une hotte.Quoi qu'il en soit, l'on retrouve souvent l'origine du Père Noël aux Etats Unis, durant le plan Marshall, soit après la guerre. On dit aussi qu'un pasteur, nommé Moore, aurait donné son nom à l'actuel Père Noël . C'est en passant par une grande marque de boisson sucrée que le personnage aurait traversé l'océan pour arriver jusque chez nous.En somme, l'origine elle-même du Père Noël est d'une certaine manière, mythique.On trouve parfois une incompatibilité entre deux croyances : celle du Père Noël et celle des chrétiens. Durant les années 1950, un évêque de Dijon décida par exemple de faire brûler l'image symbolique du Père Noël en pleine place publique. Certains chrétiens refusent que leur enfant croient au Père Noël, tenant essentiellement à ce que Noël reste la fête de la naissance du Christ en la personne de l'enfant Jésus.- Y en a qui disent que le Père Noël existe pas....- Ben, c'est pass'k'ils sont pas enfants.- Non c'est passk'ils sont tristes.- Non c'est passk'on leur a jamais dit.- C'est pas grave, ils croient à autre chose mais c'est triste parce qu'ils z'ont pas de cadeau en surprise.- Ha oui alors ils ont pas de sapin ?- J'en sais rien....On ne sort pas de l'éternelle question : On apprend à nos enfants à ne pas mentir et on leur raconte une histoire à dormir debout.C'est le cas de le dire puisque la nuit de Noël, les enfants tentent de rester éveillés pour apercevoir, une fois dans leur vie, un type à barbe blanche juché sur ub traîneau conduit par des rênes.On peut imaginer, alors, que nous mentons aussi en parlant de la souris qui passe glisser 50 cents d'euros pour une dent de lait tombée, en racontant chaque soir des histoires d'une Belle au bois dormant, d'un Petit Poucet intelligent, d'un Barbe bleue ou d'une Peau d'Ane.Mais il se trouve que nos enfants ont besoin de rêver, d'imaginer.Ils ont besoin aussi, vitalement, de recevoir des messages de vie par des histoires qui les emportent, nourrissent leurs rêves et les font grandir.Et quand bien même nous nous refuserions à leur dire des mensonges , eux-mêmes s'en inventeraient.L'histoire du Père Noël est un rite, une tradition. C'est une histoire à laquelle l'ensemble de la collectivité participe. Un soir. Une nuit.Pour le plaisir familial, pour l'amitié et l'amour. C'est une rencontre gratuite autour d'un arbre illuminé, sous lequel chacun, fasciné, découvrira un cadeau offert pat un autre, dont on ne dira pas le nom et qui ne dira pas le sien.- Le Père Noël, il donne des cadeaux comme ça, pour qu'on est content. - Même à mes parents ?- Oui, à tout le monde.- Mais alors, lui, il en a aussi ?- Ben t'es fou toi, il va pas s'offrir un cadeau qu'il connaît pas piskeu c'est lui qui les fait les cadeaux. - Ha oui, ça sert à rien, il aurait pas de surprise.L'heure de vérité est arrivée !!Certains parents s'inquiètent de savoir ce qui se passera le jour où leur enfant découvrira la vérité. Des adultes disent avoir été déçus par leurs parents le jour où ils ont découvert que le Père Noël n'existait pas. La plupart répètent l'histoire, et leurs enfants la répètent à leurs propres enfants, qui à leur tour....etc...Cette histoire est, au même titre que les contes, un rite de passage.Ce qui explique pourquoi, la plupart du temps, l'enfant découvre la non existence réelle du Père Noël par des pairs de son âge, ou au hasard d'un incident (surprendre les parents plaçant les paquets au pied du sapin). Ce fut mon cas. Rentrant de la messe de minuit (mais oui, les deux ne sont pas incompatibles) j'ai surpris mon père (qui, lui n'allait jamais à l'église) mettant avec une joie non dissimulée les cadeaux sous l'arbre. Et à la fois parce que j'avais un frère plus jeune, lequel n'avait rien vu, à la fois parce que je craignais de ne pas décevoir mon père, j'ai ravalé la vérité qui m'éclatait à la face pour jouer la carte du grand secret que l'on se passe comme un témoin durant une course aux mirages.- Le Père Noël, comment il lave son manteau et son pantalon s'il a pas de femme ?- Peut-être qu'il a une machine à laver....L'histoire du Père Noël est aussi une initiation. Parce que souvent, ce sont les enfants entre eux, qui aux alentours de 6 à 8 ans, révèlent aux naïfs la vérité.Soit l'enfant vous pose alors la question et vous qui le connaissez, vous le sentez angoissé, en quel cas vous pouvez lui dire que des gens n'y croient pas, mais que vous y croyez encore parce que l'histoire est très belle.Soit l'enfant pose la question et vous sentez qu'il a suffisamment muri pour entrer dans la cour des grands. Vous pouvez alors lui dire que c'est en effet un conte, qui se transmet de génération en génération. Souvent, les enfants devinent la vérité avant de l'avouer. De peur qu'alors, il n'y ait plus de cadeau au pied du sapin le soir du 24 ou le matin du 25 décembre.C'est à vous de ne pas insister sur le conte mais de les rassurer, et de rendre à Noël, ce qu'il est : une fête où les soucis sont mis dans une chaussure, un soir, pour être remplacés par l'amour et la gratuité... du don. Il y a à peine 40 ans, les pères travaillaient. Les pères étaients des gens sérieux. Ils partaient tôt le matin, rentraient tard le soir parfois, se reposaient en arrivant à la maison, la femme avait préparé le repas, elle s'était occupé des enfants, du bain, du repassage, de la couture, des maladies.Dans nombre de familles, le père travaillait et ramenait l'argent à la maison.La maman s'occupait des enfants, du menu et du menu ménage. Et puis il y a à peine deux générations, on a entendu parler des nouveaux pères.Le papa assistait à l'accouchement, coupait le cordon, l'on disait que c'était symbolique, ensuite on ne disait plus rien.Parfois le nouveau père qui refusait de couper le cordon se voyait lancer un regard étonné, comme s'il se refusait d'entrer dans la modernité voire dans son rôle.Un père dit :- Ca me dégoûtait, je ne comprenais pas pourquoi je devais couper ce cordon. Je n'avais qu'une envie, c'est de prendre ma fille et ma femme dans mes bras.Est-ce que ne pas couper le cordon ne me donnait pas de place de père pour autant ?Le papa emmenait les enfants au square ou à la foire, allait les chercher à l'école lorsqu'il le pouvait, construisait des cabanes ou des bidules et des machins auxquelles les mères ne comprennent rien. Les mamans font des gratins, les papas apprennent à prendre un gadin. Une maman dit qu'elle joue plus que le père et que c'est lui qui fait la cuisine. Un père dit qu'il aime faire des jeux où tout valse, les draps, les oreillers, et qu'ensuite ça fait une mini scène de ménage : - J'ai rangé la maison pendant deux heures, et bien toi et tes garçons, vous referez la chambre.L'ensemble des parents rient, discutent, se reconnaissent dans l'un ou l'autre des exemples.On a dit que le père est celui qui doit séparer l'enfant de sa maman. On a dit que le père est celui qui fait le nid lorsque la maman nourrit son enfant au sein.Un père aurait aimé donner ce sein : - La nature est une loi. Mais si l'on avait choisi le biberon, j'aurais alors pu avoir une relation particulière plus tôt.Un autre dit que voir sa femme donner le sein à son enfant lui donne un désir particulier pour sa femme.Le groupe éclate de rire.Sur cette parole, une mère parle de la perte de libido juste après l'accouchement.Qu'est-ce que les mamans attendent de leur compagnon, papa de leurs enfants ?Un père se sentant en confiance, annonce qu'il n'a guère d'intérêt pour le bébé : pas de compréhension des pleurs, pas de paroles, pas de rires.Est-ce grave docteur ?Qu'est-ce que les papas voudraient faire passer à leurs enfants, et à la maman de celui-ci ?Qu'est-ce qu'on imagine de nos enfants, comment les voit-on, quand on est mère, quand on est père ? Est-ce que les pères d'aujourd'hui sont si différents que les notres, ceux d'hier ?Est-ce que les pères ont une place particulière dans le monde de l'école ? - Ici l'école est particulière, pourtant c'est une école publique. Mais dans une école précédente, les mêmes mots prononcés par ma femme n'avaient aucun impact, et si je disais les mêmes, étrangement, il semblait que c'était mieux entendu. Ps : ceci est un résumé du groupe Echange entre parents de l'Ecole Bara à Lille. Sur le thème de l'autorité, un papa, resté bien silencieux durant toute la rencontre, puis peu à peu mis en confiance, prend la parole.Comme des milliers de familles, il a recomposé un couple, et vit aujourd'hui avec une femme qu'il aime et avec laquelle il a fait un petit garçon.Dans la maison, vit également la grande soeur, fille biologique de la maman mais non de ce père.Cette jeune personne est une pré-adolescente de douze ans. Et se posent aujourd'hui pour elle les questions de son identité, pré-adolescence oblige. Le papa qui nous parle est timide, se dit pudique et le groupe est attentif et respectueux.Il a bourlingué puis un jour s'est assagi . Voilà que tout devrait aller bien dans cette famille.Mais la jeune fille est en conflit ouvert avec lui. Aucune règle de la maison n'est respectée, chaque demande est sujette à des provocations, le vocabulaire de la pré-adolescente est irrecevable (inutile ici de reproduire des exemples, je laisse à chacune et chacun le soin de faire fonctionner son imagination).Je demande à ce monsieur s'il considère cette adolescente comme son enfant. Très ému, il hésite longuement à répondre.Puis sort la phrase fatidique, celle que nombre de pères -parfois mais plus rarement des mères- entendent de la part de certains enfants :- Tu n'as rien à me dire. Tu n'es pas mon père.Afin de laisser à ce papa, fort courageux d'être venu poser son souci devant témoins, je demande à tous :- Qui est le vrai jardinier ? Celui qui plante la graine et puis un beau matin, va naviguer sur l'océan, ou celui qui découvre une plante, qu'il ne connaît pas, mais dont il prend soin au jour le jour ?Une famille qui se reconstitue, quelle qu'en soit la raison, offre toujours, notamment au pré-adolescents ou adolescents, le motif de questionner ses parents, ou celui qui l'éduque, sur la déliaison, sur sa filiation aussi.Le vrai parent, est-ce le géniteur qui a disparu ? Est-ce le parent juridique ? Est-ce le parent social ? Est-ce le parent qui cimente les liens au quotidien, nourrit, prend soin, aide aux devoirs, joue, rit avec l'enfant qui n'est pas de son sang ?A la phrase, assassine et en même temps douloureuse de cette jeune fille : - Tu n'es pas mon père, tu n'as rien à me dire... cet homme pensait jusqu'alors que c'était une phrase qui détenait un fond de vérité. Il reconnaît, terriblement ému, que du coup, jamais il ne s'est autorisé à lui dire : - Je te considère comme ma fille. Je t'aime comme un père. Je te respecte et tu me dois le respect.Le papa s'aperçoit qu'il n'a jamais dit : - Je t'aime.Comme s'il n'en avait pas le droit. Parce que lui-même, aussi, n'a pas appris à le dire.Ils ont donc bien des choses en commun.Après réflexion, ce papa pense que s'il parvient à dire ces mots, ou à les écrire s'il n'arrive pas à les prononcer, il y a des chances que la pré-adolescente soit apaisée d'avoir trouvé un homme qui non seulement la reconnaît comme son enfant, mais qui s'engage à l'accompagner jusqu'à ce qu'elle devienne adulte.N'importe quel contrat d'amour implique des devoirs, respectifs, envers l'autre. Mais aussi une sécurité, une promesse de non-abandon lorsqu'il s'agit d'un enfant, probablement douloureuse d'avoir été lâchée par un père biologique.Dans cette histoire fort touchante, on peut imaginer que la parole de cet homme permettra à la jeune fille, un jour, de côtoyer des garçons de son âge sans les débiter d'un jugement négatif ( tous pareils ! ). L'enfant est une personne. Certes. Mais n'est une personne que s'il peut s'appuyer sur l'histoire des parents avec lesquels il vit, pour se construire.Le père est souvent une pierre de touche, qui fonde les liens des membres d'une famille tout autant que la mère.Et sur la demande générale, nous convenons de nous retrouver pour poursuivre cet échange sur la place de chacun au sein de la famille. Une jeune maman m'a appelée hier. Son fils entrait à l'école maternelle aujourd'hui. Elle lui avait fait le diner qu'il aime, avait préparé un bain, le pyjama était neuf.Catastrophe.- Le sac il est pas beau, il est nul j'en veux pas.Diplomatie et discussion, le ton léger, les nerfs tendus.- Pis j'irai pas à l'école, les copains sont trop tout neufs.- C'est juste que tu ne les connais pas, mais eux non plus ne connaissent personne, tu sais.- Je veux pas mettre les baskets, elles sont moches.- Regarde, je t'ai trouvé des lacets rigolos.Silence..- Finalement, il est beau mon sac. Tu resteras avec moi un peu, pas longtemps mais un peu ?Avant même que la maman ait pu l'assurer de sa présence, son fils lui dit :- Non ! Tu me diras au revoir, j'irai tout seul ! La maman répond, surréaliste :- Oh.. ben alors, on fera les deux !Et l'enfant se marre. A 23 heures, elle avait couché celui-ci depuis deux heures et demi et il dormait à poings fermés, il fallait faire une bonne nuit, demain comme ça tu seras en pleine forme pour l'école tu vas voir, c'est comme le parc de découverte. Le second, petit bébé de 4 mois, dormait déjà, pas pour longtemps. Elle repassait un pantalon d'écolier, une chemise d'écolier, mettait un petit tas de vêtements bien prêts, avait posé les bols sur la table pour le petit déjeuner. Et me disait :- Je suis fatiguée. Je me souviens de ma rentrée à moi. Je voudrais qu'il soit excité demain soir, fou de joie, énervé. Presque agaçant. S'il pleure je serai posée, s'il ne pleure pas je ferai une arabesque. Beittelheim et d'autres ont parlé de ce que l'on appelle le parent acceptable ou le parent suffisamment bon . Lors de la première entrée à l'école, la plupart du temps la maternelle, ces expressions se révèlent incroyablement justes.Ne pas s'énerver. Ne pas trop s'émouvoir. Ne pas le montrer. Etre rassurant. Mais il y a aussi l'autre versant :Avoir confiance en l'école. Ne pas regarder la maîtresse d'un oeil déjà critique et observateur. Ne pas lorgner les autres enfants et leurs parents avec un a priori qui ne demande qu'à exploser en refus d'emblée. Tous sentiments et petites réflexions intérieures qui ne font que traduire des questions subtiles, anodines mais tellement importantes :- Est-ce qu'il aura son doudou s'il en a besoin ?- Les journées ne sont-elles pas trop longues ?- La maîtresse va-t-elle comprendre aussi bien que moi son tic quand il a envie de pleurer et qu'il semble plutôt en colère, en tremblant de la fossette ?-Est-ce que sa mamie pourra aller le chercher lorsque je vais me remettre à travailler, et s'occuper de lui jusqu'au retour 'comme si c'était moi' ?Les grands-parents, s'ils ne se prennent pas pour des je sais tout peuvent être d'une aide fabuleuse.- Comment une seule personne ou deux si elle a une aide, peut-elle s'occuper vraiment d'une vingtaine de petits qui n'ont jamais vraiment quitté leurs parents, même s'ils sont allés en crèche parce que tout de même, la crèche ce n'est pas du tout le même rythme ? Au moment de la rentrée à l'école maternelle, comme le nom l'indique, être le parent acceptable ou suffisamment bon, c'est être la maman ou le papa qui au tréfonds de lui, accepte de laisser partir son enfant vers un autre horizon, sans vouloir le contraindre à être un modèle : de sagesse, d'intelligence, de propreté, de politesse.C'est faire confiance, confier la prunelle de ses yeux, à une inconnue qui connaît son métier a priori, et va l'aider à découvrir ses curiosités, ses qualités, ses capacités. S'appuyer sur des aînés, des grands-parents qui savent garder la bonne distance, une maîtresse qui a des outils qui ne sont pas les notres.Accompagner son enfant vers le départ. Sans lui serrer trop fort la main pour qu'il ne sache pas s'il peut avoir envie d'y aller ou pour lui permettre de sentir qu'il a peur mais l'énorme curiosité de courir vers son destin. Puisqu'après tout, c'est au fond ce que tous les parents veulent pour leur enfant. Nous avons déjà abordé le sujet mais s'il y a bien un sujet qui pose des soucis et des questions c'est celui-ci. Et il nous en pose tellement que nous n'en faisons jamais le tour.- Pourquoi croyons-nous que notre enfant est plus obéissant avec la maîtresse qu'avec nous-mêmes ? Plus sage à l'école qu'à la maison ? Est-ce vrai ? Et si oui, pour quelles raisons ?- Pourquoi souvent, les mamans disent : - Je suis obligée de crier, ou de répéter la même chose dix fois avant qu'il m'écoute : brosser les dents, se laver les mains, aller au bain, venir à table, aller se coucher, faire ses devoirs. Mais quand c'est son père qui parle, ça passe tout seul. Je dois mal m'y prendre.- La maîtresse me dit que mon fils est un peu difficile concernant le comportement : il fait le clown, se moque à voix haute, répond un peu. Je n'ai pas ce souci à la maison. Est-ce dû à une différence d'autorité ? - Faut-il expliquer les raisons d'une décision que l'on prend en tant que parent ? Discuter avec l'enfant s'il n'est pas d'accord et argumente ?- Quoi que je dise, si cela ne lui plaît pas, elle pique une crise d'hystérie.- Son frère n'est pas du tout comme le second. L'un est paisible, calme, ne fait pas d'histoires . Le second, il faut tout lui répéter sans cesse. C'est le bras de fer.- Chacun a des taches à faire à la maison. Ma fille aînée doit mettre la table. Ca se termine systématiquement une fois sur deux par le fait que c'est la maman qui met la table sinon on ne mangerait jamais. Personnellement, ça m'irrite un peu. Mais ce sont les enfants qui décident et nous ont à l'usure. - Le matin, le petit, pour aller dans la classe de maternelle, c'est un vrai folklore sur le mode : - J'ai pas mon doudou - Je veux encore un bisou - Je voulais du lait avec du chocolat - J'ai mal au pied. Je ne sais pas s'il faut être ferme ou le convaincre doucement. Au bout de deux fois il m'arnaque, au bout de quatre fois c'est moi qui craque. Et quand je craque, je crie. Si je crie il pleure, s'il pleure je me sens mauvais parent. J'ai été invitée, par voie de mail, à participer à l'émission de Stéphane Bern : L'Arène de France (cliquer sur sommaire), dont le thème était Les parents ont-ils démissionné ? , émission qui est parue mercredi 6 décembre 2006 sur France 2.Après cette invitation par mail, j'ai été contactée par deux ou trois personnes au cours de la même semaine, lesquelles avaient visiblement lu mon blog avec attention, ce qui les motivait à désirer ma participation. Je sais qu'entre autres, ils avaient pris lecture de ce texte.Je dois avouer qu'après avoir eu deux expériences fort décevantes à la télévision, datant de plusieurs années, j'ai longuement hésité et en ai expliqué les raisons à mes interlocuteurs : soit l'animateur impose un diktat, allant jusqu'à suggérer ce qu'il veut entendre, soit c'est un savant montage ultérieur qui déforme et détourne certains propos de leur contexte, sans parler du fait que je n'ai pas un caractère à violer la parole d'autrui pour prendre la mienne.Discuter oui, voire avec conviction et énergie, se battre, non.J'ai alors été assurée que l'Arène de France ne me ferait vivre ni l'un ni l'autre. L'émission, je cite, étant enregistrée dans les conditions du direct , ce qui signifie que l'intégralité des propos sont restitués lors du passage de l'émission à l'antenne, hormis peut-être quelques minutes pour le timing.De même, il m'a été promis que chacun aurait un temps de parole quant à sa place sur le plateau, quelqu'un me disant par ailleurs que de toute évidence, j'avais des choses pertinentes et passionnantes à faire partager.Je me suis donc décidée à participer. Et une fois sur place, l'équipe, je dois le dire, charmante, a joué la carte du stimulateur, une fois dans un couloir, une autre fois dans la loge, m'expliquant que je ne devais surtout pas hésiter à prendre la parole, une bonne astuce consistant à m'imaginer dans un diner, au milieu de convives inconnus qui se lancent avec passion sur un sujet qui les divise, et que nul ne serait censuré. Soit.L'on m'avait annoncé la liste des participants.Pour celles et ceux qui l'ignorent, le principe de l'émission est de laisser deux camps débattre d'un thème alors qu'ils ont des opinions opposées sur le sujet.Une fois sur place, j'apprends que certains invités ont été remplacés, pour des raisons sans doute liées à des impossibilités de dernière minute. Je crains juste un peu que la notoriété de ceux qui remplacent les absents leur confère un temps de parole non équitable, soit par sympathie de confrérie soit par aisance du média télévisuel. On me promet qu'il n'en sera rien. Au moment de la présentation de l'émission passant mercredi 6 décembre sur Antenne 2, la voix de Stéphane Bern annonce : Pour le OUI, les parents ont démissionné :Natacha Polony Journaliste - Enseignante - Serge Hefez Psychanalyste - Olivier Damien Secrétaire général adjoint du Syndicat des commissaires de Police - Olivier Gautier Directeur d’internat ET Hugues Aufray Chanteur.Puis Stéphane Bern annonce pour le NON, les parents n'ont pas démissionné :Didier Pleux Psychiatre (en fait psychologue) - Hélène Franco Juge pour enfants à Bobigny - Caroline Tresca comédienne ET le journaliste Carl Zéro.C'est bien la voix de Stéphane Bern qui énonce les participants. Et je suis surprise alors de n'entendre ni mon nom, ni mes qualifications, ce qui eut permis d'emblée de situer un tant soit peu, pour les téléspectateurs, qui est qui et au nom de quoi je m'autoriserais à parler.Etonnamment, je n'entends pas non plus Stéphane Bern nommer la sociologue, Fabienne Messica -même si elle sera heureusement citée, ainsi que sa profession, au moment de son intervention.Je commence à avoir un tout petit doute sur les promesses préalables effectuées.Lors de l'enregistrement sur le plateau, Stéphane Bern m'avait demandé d'expliquer en quoi et comment l'on peut aider des parents en difficulté, quels sont les soucis des adultes en matière d'éducation, de quelle manière, au quotidien, il est réellement pratiqué un travail d'écoute, d'accompagnement et de prévention, autant auprès des parents, fort désireux d'ailleurs d'une aide en cas de besoin, que des enfants. J'avais entre autres, évoqué le travail de parentalisation et reparentalisation pour des parents en difficulté, disant que nombre de parents ont une honnêteté admirable en cherchant de l'aide et qu'ils ont souvent des ressources ignorées ou oubliées. La prévention est un travail de patience et de responsabilisation au long terme, et désarroi ne signifie pas démission. Force m'est de constater en regardant la première partie du débat que toute cette partie a été purement et simplement gommée, rayée, supprimée, typexée.Si bien qu'en fin d'émission, lorsque le débat s'est orienté sur le fameux projet Inserm évoquant des moyens de prévenir la délinquance chez les enfants jusqu'à 6 ans, soit en crèche et maternelle, et que Stéphane Bern, pour intervenir sur le sujet, a offert la parole au Secrétaire du Syndicat des Commissaires, il n'était guère imaginable que ce monsieur, qui n'a certainement pas la compétence requise pour parler de la petite enfance, puisse parler de prévention et pire, de dépistage de la délinquance durant cette tranche d'âge. Ou alors nous mélangeons hardiment les fonctions des uns et des autres.En quel cas nous pouvons changer de place, je prends un commissariat en main durant 48h et lui prend ma place auprès des éducateurs, des enfants et des parents, et je parie qu'il sera bien plus dépassé que je ne le serais à sa place. (Monsieur le Commissaire, je veux dire Secrétaire général adjoint du syndicat, ce n'est pas une invitation en l'air !).Au cours de l'enregistrement et prise dans la dynamique de toute la discussion de l'enregistrement, qui évidemment n'apparaît plus lors du passage de l'émission à l'antenne, je semblais fort étonnée d'entendre ce commissaire prétendre être sur le terrain et recevoir des informations ou plaintes concernant des comportements de dérives.C'est tout juste si Olivier Damien n'a pas prétendu avoir quelques compétences à revendre en matière de pédagogie prophylactique.J'imagine que concernant les 0 à 3 ans, si les policiers du Commissaire Olivier Damien sont appelés à gérer le fait qu'un enfant ait pris 2 choco BN quand son parent l'avait autorisé à en manger un seul, ou faire appel à la maréchaussée pour un coup de pied dans le tibia, un légo lancé au travers d'une pièce, ou pour jouer au docteur et au malade dans une cour d'école, on est en droit de se demander ce que fait la vraie police.... Sauf si un petit de 4 ans a été arrêté en flagrant délit de vol de voiture ou de scooter, ce dont je me permets de douter.Moyennant quoi, en effet, j'ai vu hier avec quelque effarement, ma personne quelque peu agacée, relevant textuellement des expressions du fameux rapport Inserm, qui a fait l'objet d'une réaction massive de professionnels entre autres, par une pétition ayant réuni presque 200.000 signatures, ne permettant pas à ce commissaire de parler de ce qui ne relève pas de sa compétence : l'apprentissage du vivre ensemble pour des petits jusqu'à 6 ans, le décodage de leurs émotions et réactions alors qu'ils sont en train d'apprendre à parler et à gérer leurs sentiments, qui parfois les dépassent, et le travail de prévention, et d'écoute des parents, y compris la distinction entre attitudes et réactions de la petite enfance et prémisses d'une délinquance.Sauf que, n'ayant à aucun moment été présentée dans mes fonctions, pas même nommée par Stéphane Bern en début d'émission, et ayant assisté à la disparition intégrale de tout ce dont j'avais pu témoigner au cours de l'enregistrement, il va de soi que l'image donnée en toute fin d'émission a desservi la cause pour laquelle je venais, tout autant que ma personne, nul ne sachant en regardant l'émission de quelle légitimité je me prévalais pour parler ainsi puisqu'à aucun moment la présentation des invités n'en avait fait état.Les interventions de la juge pour enfants et de la sociologue ont été partiellement amputées également. C'était d'ailleurs fort dommage tant leurs propos étaient intéressants et édifiants. Mais il semble que j'ai été particulièrement gâtée en matière de censure. Je ne trouve pas d'autre mot.Décider de ne pas me présenter, de ne pas passer les explications et précisions que j'ai données sur ma profession et mon travail au quotidien, pour ne laisser que la partie spectaculaire en fin d'émission, m'apparaît comme de toute évidence délibéré et fort peu correct.L'on pourra m'opposer qu'il a fallu recadrer le débat afin qu'il ne déborde pas sur le temps imparti à l'émission, en quel cas il n'était peut-être pas utile, si intéressant soit-il, de s'attarder sur la manière dont le directeur d'internat fait mettre une cravate à 7 h du matin à des élèves de 6ème, d'écouter Hugues Auffray nous évoquer son expérience de moniteur de colonie -certainement pas avec des enfants de 0 à 6 ans, activité qui ne témoigne en aucune manière d'un professionnalisme mais juste d'une expérience, ou s'étendre sur les exigences éducatives, dans leur propre domicile, d'untel et d'un autre.Encore une fois, tous étant aussi charmants qu'ils soient, privilégier ces petits échanges éloignait le débat du sujet de fond censé être évoqué et qui le fut lors de l'enregistrement. Lorsqu'on monte les séquences d'une émission, ne peut-on faire un effort de reconnaissance des priorités ?Petite remarque : seuls les messieurs ont été questionnés sur leurs méthodes éducatives à la maison.La journaliste-enseignante Natacha Poloni ayant dit qu'elle n'était pas maman aurait eu quelque mal à répondre, ce qui ne l'empêcha pas de prétendre pouvoir être d'autant plus neutre, ce qui est somme toute amusant, comme l'illustre personnage qui prétendit, mais le concernant, avec humour: Non monsieur je n'ai pas vu votre pièce, ce qui m'autorise d'autant mieux à la critiquer .Il eut été préférable de ne pas couper au montage le débat de fond, et de manière élémentaire, de présenter, ne serait-ce que par respect, les intervenants en totalité, afin que dans une émission à vocation polémique, les spectateurs aient au moins, quelque chance, même vague, de pouvoir comprendre qui parlait à qui, de quoi et à quel titre. Se tromper ou mentir ? Tromper l'autre ou faire une erreur ?- Tu as mordu Jules.- Non- Si, je l'ai bien vu, tu as mordu Jules.- NON ! c'est pas vrai !- Victor, tu mens. (ma parole -dit une jeune stagiaire à une éducatrice- il ment comme un arracheur de dents). Celui qui a mordu Jules a deux ans et demi. Il arrive souvent qu'une scène se déroule pendant qu'on est en coulisses, alors que nous sommes pourtant à 30 centimètres de l'arène. Et Jules avait dû faire à Victor un coup de trafalgar, lequel par pulsion, lui a repris en quelque sorte ce qui lui avait été dérobé. Faute de mots qui devraient faire mal, c'est la mâchoire qui parle.Victor, en disant non je ne l'ai pas mordu (même s'il ne sait pas le formuler ainsi) n'est pas dans le mensonge. Il est dans la protection, sentant intuitivement, face aux pleurs de Jules et aux réflexions peu amènes des adultes, qu'il a commis un acte négatif et réprouvé. Peut-être craint-il obscurément la colère d'une grande personne, le rejet, une gronderie, sans avoir conscience que son refus d'accepter la réalité (il a mordu la main du copain) va être assimilé à un mensonge.Victor n'est pas dans cette conscience-là, n'a pas élaboré sa pensée suffisamment, à deux ans et demi, pour mentir au sens consensuel du terme. Il a répondu par réflexe, et pour se protéger. Ce qui est le cas de la petite fille au cheval bleu, qui avait besoin de se garantir un espace bien à elle afin d'apprivoiser imaginaire et réalité. D'ailleurs, la scène entre Victor et Jules sera reprise avec eux, par une professionnelle, et Victor, bien ennuyé, expliquera avec ses mots et ses gestes, que Jules est un vilain machin qui lui avait dérobé un jouet. Les deux enfants reprendont, ensemble, leur relation, sans rancune aucune. Durant un long moment, pendant le développement de l'enfant, il semble important de distinguer mentir et se tromper.Ce que nous prenons pour un mensonge procède parfois d'une simple maladresse.Il y a eu également cette enfant, âgée de 5 ans, sachant lire, près de la caisse d'un grand magasin. Elle avait pris un paquet de bonbons, le serrant dans ses mains. A la sortie, la sirène avait alerté le gardien du temple, faisant sursauter les clients qui regardaient avec suspicion la maman ahurie. Le gardien du temple, un grand baraqué en costume accusa l'enfant : - Elle a volé un paquet de bonbons.La petite-fille, bonne liseuse mais mal adaptée aux ruses de l'incitation à l'achat, pressentant le drame qui divisait les adultes, répétait - Je ne l'ai pas volé, le magasin me l'a donné. - Menteuse, dit le costume baraqué.- Si, a soutenu l'enfant, le menton tremblant : - Servez-vous. C'était marqué, maman. C'était marqué. Servez-vous.Il y a des mensonges qui n'en sont pas, et qui relèvent de l'erreur : par exemple, d'une mauvaise compréhension du sens ou d'une méconnaissance des codes sociaux. Mentir est donner pour vrai ce qu'on sait être faux ou nier ce qu'on sait être vrai . (Larrousse)Or, mentir c'est savoir que l'on transforme ou que l'on dénature la réalité.A quel âge peut-on dire dire qu'un enfant ment ?Il y a plusieurs années, dans une formation d'assistantes maternelles, une stagiaire a apporté le cas d'une petite fille âgée de 4 ans. La professionnelle était inquiète, l'histoire durant depuis plusieurs semaines, et elle se faisait également l'écho de l'inquiétude des parents.L'enfant avait.. un cheval bleu. Le soir, à table, elle demandait une place pour son cheval, emmenait dans sa chambre un morceau de pain au cas où le cheval aurait faim durant la nuit, partait le matin à la maternelle en tendant la main dans le vide, tenant une supposée longe pour le cheval bleu, qui bien sûr, entrerait avec elle dans la classe. Les jours passant, parents et assistante maternelle ont essayé de raisonner l'enfant : - Tu sais bien que tu n'as pas de cheval bleu, n'est-ce pas ?Question ou affirmation, selon les humeurs des adultes, qui déclenchait alors une colère insurmontable, ou une crise de larmes aussi rageuse que désespérée. La question des parents comme de l'assistante maternelle était : - Cette enfant est-elle folle ? Faut-il consulter ? Ment-elle ?Les uns pensaient qu'elle faisait tourner son monde en bourrique, cousine du cheval, les autres craignaient qu'elle soit en train de développer on ne savait quelle pathologie. Père et mère redoutaient le moment du diner et du coucher, finissant par haïr l'animal et le mot cheval, sous toutes ses formes.L'assistante maternelle oscillait entre inquiétude et énervement, en raison de son impuissance à raisonner l'enfant. Une professionnelle peu délicate avait dit à la petite fille : - C'est mal ce que tu fais, de raconter une telle histoire. Tu es une menteuse.Et lorsque tu racontes ce mensonge, tu fais du mal à tout le monde.Nous avons convenu d'emprunter une position, de la part de tous, qui soit dans la banalisation. Cette petite fille n'avait pas de frère et soeur, pas de doudou. Elle avait par contre un cheval. Bleu.Quelques semaines plus tard, un soir, l'enfant a annoncé que le cheval était malade. Il faisait de la température, ne voulait plus manger. Quelques jours plus tard, l'enfant s'est assise à table et n'a pas emmené dans sa chambre le quignon de pain.Les parents, lors du rite du coucher, on alors appris que le cheval bleu... était mort.Leur enfant leur apprenait la nouvelle, sans drame. Un constat. Et elle a continué sa route de petite fille. Je l'ai revue depuis, elle a grandi, ne se souvient pas de son cheval bleu. Il est passé dans le registre des anecdotes et récits plus ou moins légers qui constituent l'histoire et l'album de toute famille.Ce qui peut nous amener, calmement, à penser que l'enfant que nous croyons en position de mensonge, est simplement, durant les premières années, dans un monde imaginaire.Il n'a pas acquis ou peu les critères de moralité, pas plus qu'il n'a cerné la frontière entre ce que l'on rêve et ce qui existe. Sachant qu'après tout, ce que l'on rêve a une réalité. Il est possible que cette petite fille se fâchait ou se désespérait parce que, confusément, elle faisait bel et bien la différence entre avoir un cheval bleu, se raconter et vivre passionnément cette histoire et le fait de mentir, qui généralement a pour but de tromper l'autre. Or, dans cette histoire, elle ne trompait personne, au sens de trahir, rouler, gruger.Chez les enfants, et ce durant quelques années, les notions d'imaginaire et de réalité sont étroitement liées.Si l'enfant n'a pas la maturité qui lui permet d'avoir une idée assez précise de ce qu'est la réalité, il prendra son rêve pour du réel.Nous devons aussi tenir compte du fait que l'imaginaire, chez l'enfant, est bien plus grand que son capital d'élaboration et sans comparaison avec sa capacité à maîtriser le langage.On peut penser que vers 4-5 ans, l'enfant commence à distinguer ce qui est vrai de ce qui ne l'est pas lorsqu'il parle. Ce qui ne signifie pas pour autant qu'il est dans le mensonge.Et s'il ment, au sens où nous le concevons, il n'a pas forcément conscience que sa parole est un mensonge : de cela dépend l'éducation qu'il reçoit, du vocabulaire qui circule, qu'il a acquis, et de la force de ce qui est moralement acceptable ou pas, cette notion pouvant lui être transmise plus ou moins, selon les adultes qui l'entourent. Avant de parler de mensonge, peut-être cela vaut-il la peine de nous poser toutes ces questions. (suite et fin de la rencontre parents à Lille)Un nouveau-né a besoin du corps maternant. Que ce soit celui de la maman ou du papa. Après être resté 9 mois dans la chaleur utérine, le portage, le bercement, le son, la chaleur, l'odeur, sont des repères aussi vitaux que l'alimentation, les deux constituant sa nourriture. Et durant les premiers mois, cette fusion lui est nécessaire, précisément pour pouvoir se séparer peu à peu en confiance. Elle a huit mois et la nuit, elle me tète encore, ne veut pas que je la remette dans son lit, c'est un peu dur là. Dès que je fais mine de la recoucher dans son lit, elle réclame le sein. Je sens bien que ce n'est pas de la faim.Voilà peut-être le signe que l'enfant nous prend pour une tétine géante et qu'il faut commencer à poser doucement un cadre. Afin qu'elle comprenne que la maman n'est pas un doudou qu'elle pourra emmener avec elle n'importe où, n'importe quand.Peut-être peut-on donner à l'enfant une peluche, un tee-shirt, c'est-à-dire un objet qui fera transition au moment du coucher la nuit et expliquer à ce petit de 8 mois que ses parents sont là, mais que la nuit on dort. On se verra demain . Dire à demain est important.Les papa peuvent aider dans ces moments un peu délicats, en séparant l'enfant de la maman. Il y a aussi les plus grands, qui viennent la nuit, soit se glissent en catimini dans le lit parental, soit lancent un : - J'ai peur, je peux dormir avec toi ?Et on commence un ballet infernal qui peut durer des semaines ou des mois.De manière très exceptionnelle, une maladie, un cauchemar affreux, une grosse fatigue, on peut évidemment accepter. Quel parent ne l'a pas fait ? Parce que c'est difficile, en plein sommeil, d'être vigilant et de renvoyer l'enfant dans son lit.Il hurle des heures durant, les voisins se plaignent alors je cède. Je n'en peux plus.Les voisins se plaindront bien plus longtemps si vous ne mettez pas clairement les choses à leur place. Peut-être vaut-il mieux une semaine de rage pendant un moment puis une accalmie définitive, que des semaines de bataille.Parce que les enfants entre 2 ans et 5 ans, environ, ont souvent des envies d'exception concernant le lit où dormir.La culpabilité nous fait souvent prendre l'alibi des voisins pour céder à l'enfant, qui va alors prendre une habitude comme une évidence.S'endormir seul dans son lit est souvent durant cette période de vie, un parcours du combattant, qui met tout le monde sous tension. Ce n'est pas juste : vous, papa et maman, vous dormez à deux. Moi, je suis tout seul .La vie n'est pas juste. Mais l'enfant doit entendre que les enfants dorment dans leur lit, et les parents, qui sont des adultes, dans le leur.C'est une logique de vie que l'enfant doit intégrer.Vers deux ans, l'enfant n'est plus un nourrisson en symbiose avec ses parents. L'anxiété de la solitude et du noir de la chambre, plus une évolution normale, qu'on appelle l'oedipe, surgit, rendant les nuits difficiles.Est-ce que les cauchemars sont vrais ?Toutes les raisons invoquées par l'enfant pour dormir avec vous sont vraies. Nous pouvons tout à fait dire à l'enfant que nous le croyons, que nous le comprenons mais qu'il va s'endormir ou se rendormir dans son propre lit. Quitte à rester un instant près de lui en le prévenant que nous allons ensuite aller nous coucher aussi.Voilà un bon moment que maintenant, soit c'est moi qui finis par aller dormir dans le lit de notre fille, soit c'est mon mari.Vers 3 ans, souvent, l'enfant commence à se poser mille questions existentielles : pourquoi les larmes sont-elles salées ? Il pourrait aussi bien demander : que faites-vous, la nuit, toi et papa ?Nous devons faire attention à préserver notre intimité de couple. A ne pas permettre à l'enfant de s'immiscer dans cette intimité, ce qui revient à séparer le père et la mère et à prendre la place de l'un ou de l'autre.Parce que c'est une période de la vie où l'enfant admire autant le parent qu'il se sent son rival.Si nous permettons qu'il prenne notre place dans le lit conjugual, d'une certaine manière nous lui accordons une position qui est trop lourde à porter. Contrairement à ce que nous pouvons penser, mettre des limites fermes, mais sans colère, est le meilleur moyen de sécuriser l'enfant.Ne pas lui permettre de dormir dans un contexte érotisé -la fille avec son père ou le garçon- c'est lui dire qu'il a le droit de vivre sa vie d'enfant.La maman ou le papa qui se retrouverait à dormir dans le salon ou dans la chambre de l'enfant risque de rendre celui-ci tout puissant, de prendre la place de . Et même si du coup, l'enfant s'endort, c'est un calme temporaire qui va perturber son cheminement.Nous pouvons, à froid, calmement, et à trois, en famille, parler à l'enfant, lui expliquer que lorsqu'il sera grand, adulte, il pourra à son tour, dormir avec quelqu'un qu'il aura choisi. Mais que les enfants dorment dans leur lit. Ceci peut être dit sans gravité, comme une décision, et avec humour pourquoi pas, quitte à trouver des petits moyens évoqués dans un autre texte : une lumière, un rite du coucher, une histoire, une chanson. Et si l'habitude a été prise, vous pouvez toujours reconnaître votre erreur et expliquer à l'enfant que vous vous êtes trompés, que le laisser dormir chaque nuit avec vous est fatigant, illogique et que vous avez décidé que dès ce soir, chacun dormira dans son lit.Ce ne sera pas aisé, tout comme changer d'habitude. Mais il sera finalement rassuré de voir que le couple parental ou le parent, garde sa place d'adulte et ne prend pas l'enfant pour un compagnon qui réchauffe le coeur et le corps.Chacun son lit.. chacun son chemin. T'en fais pas mon p'tit loup, t'en fais pas, c'est la vieLa peur est liée à notre condition et n'a pas de frontières. Ici, lorsqu'ils ont des mots pour le dire un peu, les enfants ont peur des loups, ailleurs des tortues. Lorsqu'ils n'ont pas encore le langage, ils auront peur de l'ombre d'un rideau, de ce qui se passe la nuit sous leur lit ou dans le placard. Les tout petits, entre 7 et 10 mois, peuvent avoir peur d'un visage étranger, d'un décor peu coutumier. Il s'agit de les aider, en restant avec eux et en les rassurant, à apprivoiser ces éléments nouveaux qu'ils découvrent. Lorsqu'ils ne sont pas avec les parents, mais une nounou, un ami, une professionnelle, ils peuvent être pris de panique, pour un son, un changement de rythme ou un geste.Sans faire de long discours, on peut reconnaître leur peur et leur en donner l'explication : - Tiens, tu as eu une frayeur, c'est le volet qui a claqué à cause du vent. Nous pouvons facilement imaginer ce que la peur provoque. Parce que même adultes, nous avons aussi et encore des peurs irraisonnées.Plus tard, vers 2 ans et demi-3 ans, l'enfant a des peurs plus intenses, souvent au moment de la nuit. On le voit d'ailleurs fort bien en crèche, ou même en maternelle, la sieste pouvant être une étape difficile. Parce qu'il s'agit de se laisser aller, sombrer dans le sommeil, sans la présence de celle et celui qui les contiennent le mieux : leurs parents. C'est pourquoi la période d'adaptation à la collectivité, chez les petits, devrait être progressive, adaptée à chacun, la dernière étape étant l'accompagnement à la sieste. Les rites du soir peuvent aider l'enfant. Un doudou, un biberon, une tétine (n'oublions pas que même s'ils ne le disent pas, certains de nos enfants ont encore besoin de ces doudous même en début de primaire !) Une chanson, une histoire lue, de la musique, une lumière tamisée... de toutes petites attentions peuvent aider les enfants à se laisser emporter par le sommeil.Certains n'ont pas envie de dormir. (la vie est trop courte !). Il est bon de leur expliquer à quoi sert le sommeil, si possible sans s'énerver. Cela sert à se reposer de la journée et à prendre des forces pour celle du lendemain.Leur dire aussi que même les adultes ont besoin de dormir. Les cauchemars :Faire un cauchemar entre 2 et 6-8 ans n'est pas anormal en soi. La plupart du temps, c'est l'expression d'une tension qui doit s'évacuer.Or, lorsqu'on dort, on ne maîtrise plus rien et cette tension peut alors s'exprimer. Quant aux enfants qui ont la nette impression que la chambre se transforme en jungle, avec des troupeaux de loups, des meutes d'araignées ou des tribus de machins qu'on ne peut pas identifier, peut-être faut-il apprendre à éviter les phrases qui ne rassurent que les adultes au fond, en disant : - Il n'y a pas de loup.ou :- Mais regarde ! Tu vois bien qu'il n'y a rien !Parce que c'est une bonne intention, mais l'enfant va l'entendre comme la négation de sa peur.Il y a quelque chose.. en lui, qui lui fait bel et bien peur.C'est bon de jouer avec les peurs. Un peu comme on aime, plus tard, et longtemps, jouer à se faire peur . Nous avons tous connu les joies de ces petites terreurs. Il y a une période de la vie où l'enfant comprend qu'il n'est pas intégré dans la bulle de la mère ou du père. Qu'il est seul . Au monde. Comme nous le sommes tous. Parfois alors, les cauchemars sont une manière d'apprivoiser cette idée. Il est aussi des cauchemars existentiels, l'enfant étant pris dans des désirs et des frustrations auxquels il ne peut donner de nom et qui sont antagonistes. Par exemple, aimer son papa, le prendre pour modèle tout en lui en voulant d'être l'élu de la maman... ça fait mal ! Est-ce qu'il y a des peurs qui n'en sont pas ? Par exemple, l'enfant dit qu'il a peur mais en fait, il cherche, tâte, utilise cet argument pour nous garder près de lui ? Oui, c'est possible. C'est d'autant plus possible si vous êtes pris dans l'engrenage de céder chaque fois qu'il veut dormir avec vous.Parce que l'enfant en fait une habitude, un dû dont il aura du mal à accepter l'arrêt.Mais il est bon de prendre les peurs au sérieux. De ne pas s'en moquer.En rire n'est pas se moquer :Certains parents vont aller regarder sous le lit, ouvrir grande l'armoire, jouer les chasseurs dans la chambre, sans exciter l'enfant mais pour dédramatiser la peur obscure. C'est une manière de jouer avec les peurs.D'autres vont expliquer à l'enfant qu'ils vont rester encore quelques minutes juste pour une autre chanson et qu'ensuite ils sortiront de la chambre. Et on se verra demain. Et laisser le couloir allumé ou installer une petite veilleuse dans la chambre, ou coller des étoiles fluorescentes au plafond.On peut aussi essayer de faire raconter à l'enfant sa peur, ce qu'il a rêvé. S'il s'en souvient. Ou même le faire dessiner.N'oublions pas que les contes de notre enfance, Barbe bleue, Peau d'âne, Le petit poucet etc... racontent en somme magnifiquement les peurs enfantines. En les lisant avec eux, en prenant le ton, en mimant des scènes, l'enfant se sentira non solitaire avec ses frayeurs, il pourra vaguement les identifier, surtout si c'est une personne affectivement importante qui l'accompagne dans cette aventure. Jouer avec les peurs a du bon pour l'enfant.Parce qu'au fond, le but, est de faire de nos peurs une force. Avoir peur mais surmonter la peur, c'est grandir, et devenir plus fort, plus assuré, donc plus confiant en soi comme dans le monde dont on fait partie. Avant d'avoir des enfants, j'avais des principes. Maintenant, j'ai des enfants . La rencontre du vendredi 6 octobre 2006 à Lille portait sur les différences de comportement de nos enfants, qui font que soit la mère, soit le père en arrive à se demander s'ils sont de bons parents.Le premier sujet qui a spontanément été évoqué portait sur les repas.- Il ne veut pas manger de vert -salade, haricots, courgettes etc...-Certaines mamans se reconnaissent dans le portrait de celles qui, craignant que l'enfant ne se nourrisse pas correctement, en viennent alors à faire une omelette ou des frites à toute allure. Du moment qu'il mange.Tout en sachant qu'un enfant ne se laisse jamais mourir de faim, la culpabilité joue sa carte et l'on voit alors des enfants qui très vite mais sans calcul, finissent par décider du menu du jour.Un papa, séparé, raconte qu'il lui est arrivé de préparer, avec amour, un plat. Voilà qui lui a pris du temps, il en avait envie et en éprouvait une fierté anticipée.Sauf que l'enfant n'a pas aimé, ou n'a pas voulu goûter. Il n'y aurait qu'un pas à franchir pour culpabiliser l'enfant : -Quand je pense que j'ai passé une heure à cuisiner... !Ce papa n'a pas réagi ainsi, mais combien d'entre nous le font ou l'ont fait ?On peut imaginer que ce sont les parents qui décident du menu du jour, parfois avec en proposant à l'enfant s'il sait parler, mais en gardant à l'esprit que l'alimentation doit être variée et complète.Ensuite, au moment où l'on passe à table, s'il y a des petits pois-carottes, garder à l'esprit que ce n'est pas l'enfant qui décide, soit lui accorder une position de toute puissance.Il y a des petits pois carottes, il n'est pas obligé de les manger, mais il n'y aura pas de chantage consistant à se dépêcher de faire un menu particulier. Ceci vous ferait entrer dans le Mange pour me faire plaisir - Une cuillère pour papa, une autre pour maman .Les repas ne devraient pas être un champ de bataille. L'enfant mange ou non le repas prévu et s'il ne le mange que partiellement, il finira par avoir de l'appétit le soir.Au fur et à mesure, nos enfants comprennent alors fort bien que la maison n'est pas, au moment du repas, un restaurant libre service.Une maman suggère de préparer des plats variés, des couleurs attrayantes. Tous les parents n'ont pas le temps et le don de préparer en permanence une table suggestive.Mais l'idée en soi est bonne. Expliquer pourquoi on ne peut pas manger des frites à chaque repas, conserver son choix de menu du jour, ne pas forcer l'enfant.Un papa s'étonne que si l'enfant n'a pas mangé le menu principal, le dessert lui soit accordé. Oui mais.... Peut-être parce que la nourriture doit rester un plaisir et ne pas devenir un enjeu. Priver l'enfant de dessert s'il n'a pas mangé les petits pois carottes reviendrait à le punir, c'est-à-dire non seulement à le priver de ce qu'il aime, mais de plus à retourner la culpabilité vers l'enfant.Eduquer un enfant ce n'est pas le soumettre. Mais ce n'est pas non plus lui céder si nous considérons que ce que nous faisons est bon pour lui et non malsain.On peut considérer, sans passion ni colère, que le repas décidé ne sera pas modifié parce que nous sommes maîtres en notre maison.Peut-être que demain.... au repas... il y aura... des frites ! Classe de maternelleVoilà qu'ils ont deux ans ou deux ans et demi, souvent trois ans, et la fin d'année approche, ils vont quitter la crèche, dans laquelle ils ont vécu poura la plupart 2/3 de leur vie, pour entrer à l'école maternelle.Ils sont tous très contents voire pressés d'y aller. Je parle évidemment des enfants.Parce que leur truc aux enfants, c'est d'être grand le plus vite possible, grand comme la grande soeur ou le grand frère, et concernant ceux qui n'en ont pas, parce que le mot Ecole semble coloré d'un mystère fantastique. La plupart d'entre eux savent qu'à l'école on apprend à lire et écrire, ça semble une espèce de monde magique dans lequel, une fois qu'on y a mis les pieds, on devient précisément grand .Il y a également un autre fait, qui est que père et mère savent lire et écrire. Iintuitivement mais aussi par observation, les enfants sentent que ces livres qu'on leur lit et qu'ils aiment à entendre, ils pourront à leur tour en tourner les pages en comprenant tout.D'ailleurs, en fin de parcours à la crèche, souvent, on en surprend qui feuillettent les récits connus par coeur, en lisant à haute voix -en vrai ils récitent par coeur. Selon la curiosité de l'enfant, la stimulation des uns et des autres, certains savent déjà écrire leur nom, les lettres, des chiffres. Et ils en redemandent. Pour les parents, c'est un peu plus complexe. A dire vrai, c'est même, autant le dire ambivalent, paradoxal.Ils ont envie évidemment que leur enfant entame le marathon de la vie, ils sont excités et par avance un peu émus de voir un petit bout encore avec doudou entrer dans une cour, avoir une maîtresse, des copains, et découvrir tout un monde, bien différent de celui de la crèche.En même temps ils sont un peu anxieux. Certains parents de l'Araignée Gentille, disent régulièrement au fil des années :- Mince... On en viendrait presque à ne pas nous remercier d'avoir laissé la porte si ouverte à nos questions.. de pouvoir venir manger le midi, prendre un café, raconter nos petites affaires. Parce que là, tout d'un coup, la maternelle, ça va nous changer. D'autres ont besoin d'exprimer un : - Si ça ne va pas à la maternelle, on revient oui ? On pourra ? Il y aura une place pour nous ? Dans les deux cas, ces mots sont prononcés comme une sorte de formule magique pour conjurer la petite crainte. Mais au fond, la crainte de quoi ? Passer de la crèche à la maternelle c'est commencer à se séparer du nid , du cocon. Pour les parents, c'est devoir accepter de ne pas tout voir ni tout savoir de ce que notre enfant a vécu dans le groupe, dans la classe, avec cette maîtresse qui parfois, peut être une sorte de rivale : C'est la maîtresse qui l'a dit... La maîtresse elle dit que faut faire comme ça... C'est imaginer, fantasmer (le fantasme étant une construction de l'esprit), que l'enfant peut être malheureux, que le changement sera trop brusque, qu'il n'y aura pas autant de personnes pour s'en occuper, que ses besoins ne seront peut-être pas perçus aussi rapidement, aussi bien .C'est penser, vaguement, que peut-être la maîtresse sera trop occupée par le nombre, au détriment de notre enfant qui ça va de soi, est unique au monde. - Ce qui est vrai-. A tort ou à raison, après la visite de l'école maternelle, certaines mamans sont effondrées. D'autres soulagées de sentir que leur appréhension était une montagne qui a accouché d'une souris :- C'est triste. C'est sérieux ouh lala - Elle était aimable mais pas chaleureuse. Tout est trop bien rangé.D'autres leur répondent :- C'est super organisé - Il y a un projet d'école - La maîtresse de Julie est rigolote - Elle a l'air d'être sacrément calme- Moi j'ai bien aimé.Certains disent :- On ne pourra pas entrer dans les classes comme on veut, c'est quand même dommage. - Ils dorment dans un couloir - D'autres diront :- La sieste c'est dans la classe. Mais le doudou est permis - Elle me dit que si Maxime n'est pas complètement propre, il vaut mieux attendre janvier.Des relations se sont créés à la crèche et si les parents habitent le même quartier, on voit des projets s'élaborer, c'est ainsi que parfois on sait que Lilou et Maxime se retrouveront dans la même classe de maternelle. Ca fait du bien.Parfois, les anciens reviennent le mercredi. On les voit alors se reposer. Parce que le rythme scolaire, même en maternelle, est un peu plus scandé qu'à la crèche, parce que les sollicitations excitent et fatiguent. Alors retrouver la crèche le mercredi peut être un moment de coupure, de détente, voire de régression facile et sans danger.D'autres reviennent le mercredi et l'on s'aperçoit rapidement qu'ils n'ont plus envie de se confronter à des plus petits qu'eux. Sans doute que cela leur rappelle leur petitesse d'avant. Quoi qu'il en soit, ce qui est rassurant, et auquel on pense rarement, c'est que ces enfants qui étaient les grands de la crèche, vont devenir les petits de l'école.Cela devrait apaiser un peu les parents.Quant aux enfants, selon leur maturité, leur vivacité, ils seront emballés et enthousiastes par cette nouvelle promotion et ne s'apercevront pas forcément, -en tout cas à la maternelle-, que de grands ils sont passés dans le clan des petits . D'ailleurs on dit la petite section, puis la moyenne et la grande. Ils ne le sauront pas mais cela n'a guère d'importance : ils s'envolent un peu en pensant qu'ils ont grimpé d'un cran sur l'échelle de l'autonomie.Et ils ont raison. JoshbPierre a la varicelle. D'ailleurs ils ont tous la varicelle et puis ceux qui ne l'ont pas l'auront demain. Donc nous parlons varicelle.Les parents de Pierre lui ont dit de ne pas se gratter, sinon il aura des croûtes et des petits trous. Ils ont raison les parents de Pierre. D'ailleurs, la plupart des parents ont donné le même conseil à leur petit.Les éducatrices qui ont ici ou là une vieille cicatrice du grattage de varicelle les montrent aux enfants. Mais voilà que Pierre n'est pas bien. Il pleure et c'est terrible. On regarde à droite à gauche. C'est un pleur de peur. Une éducatrice saisit petit à petit. Une croûte est tombée. Et Pierre tente vainement de la trouver, puis de se la recoller sur la peau. Alors elle parle à Pierre, qui se sentant compris, aquiesce, hoche la tête aux suggestions proposées, pleure éperdument tout d'abord d'angoisse et puis de soulagement.La peur de Pierre tient à quelque chose qui, avec le vocabulaire qu'il a, ressemble à : - Si je perds les croûtes de ma varicelle, ça va faire des trous. Si ça fait des trous, où est-ce que je vais aller, moi ? Je vais être un grand trou, un grand rien, du vide ?La peur est un sentiment qui colle à la peau dès le début de la vie. Il va falloir s'y faire. Parce que la vie est un risque à courir.Plus sérieusement, de quoi nos enfants ont-ils peur ?Les petits ont peur de la séparation, du vide, de l'abandon. C'est une forme de peur de la mort. On parle d'angoisse de morcellement.Cette expression un peu complexe bien que je la trouve très imagée peut s'expliquer par un exemple que tout le monde connaît :Un enfant qui se casse un poignet est plâtré. La plupart des parents peuvent constater que le jour où l'on déplâtrera le bras, l'enfant, parfois, n'utilisera pas ce membre spontanément. Comme s'il l'avait oublié du temps où il était plâtré.L'on voit chez les petits des jeux qui illustrent très bien ces peurs. Ils cassent, montent et démontent des jeux, et répètent sans cesse le manège, empilant, faisant tomber, réempilant, faisant chuter. Chez les enfants qui sont un peu plus grands et qui commencent à s'intéresser aux histoires de toilettes, quitter la couche ou pas, être propre ou non, cela devient plus délicat. Beaucoup commencent à tester l'aventure, en balançant dans la cuvette des toilettes un légo. Pour voir. D'autres tirent la chasse à répétition. Certains, quand bien même leur corps est mûr pour ne plus avoir de couches, y tiennent encore parce que la tête ne suit pas. Cela donne des questions telles que :- Il va où mon caca ?Il est arrivé, parfois, que certains enfants se tiennent le ventre, alors qu'ils ont envie d'aller aux toilettes. Ceux qui savent parler disent que peut-être tout va partir.C'est très bête au fond. Mais pour eux, c'est très important. Peut-être qu'on peut perdre un morceau de soi, du corps.... Qui sait ?On dit bien : Perdre la tête - Perdre ses dents - Donner la main (il va me la rendre si je la donne ?) - Les peurs des enfants sont des manières de comprendre le monde, la vie, ou plus exactement d'appréhender sa propre vie et un certain nombre d'inconnues qui la traversent. Peut-être qu'une des premières aides que l'ont peut apporter à l'enfant qui a peur, est de ne pas avoir peur, pour lui, de sa peur, qui est la sienne .(à suivre...)

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