mardi, avril 19 2022

Cita'Livres à l'île d'Oléron, 16 et 17 avril 2022

Cette année, le week-end de Pâques a été littéraire et festif.

J'ai passé deux jours très agréables à la Citadelle du Château-d’Oléron, qui organisait pour la 9ème année un salon littéraire. L'invitée d'honneur était la talentueuse Clara Dupont-Monod dont j'ai beaucoup aimé "Partager", son dernier livre qui a remporté le prix Landernau, le Fémina et le Goncourt des lycéens.
Le salon se tenait dans un lieu prestigieux, la Citadelle, et dans la salle, tout était réuni pour faire de belles rencontres. Les stands étaient joliment présentés et le dimanche de Pâques, nous avons même eu la surprise de trouver en arrivant des œufs en chocolat, qui ont fait des heureux.

J’étais placée à côté de l’auteur de polars Bruno L’Her, finaliste du Prix du Quai des Orfèvres, un auteur sympathique et talentueux avec qui j’ai eu plaisir à échanger. Nous étions en bonne compagnie, à côté du représentant des éditions Un Autre Reg'Art. En face, le dessinateur d’Alcibiade Didascaux, des éditions Athena croquait une Cléopâtre plus vraie que nature, près des éditions Terres de l'Ouest aux rayons bien fournis. Beaucoup d'échanges, de rires, dans une grande simplicité. Avec certains visiteurs, dans ces moments un peu suspendus où l'on se rencontre autour d'un lieu, d'un thème, d'une époque, il se passe quelque chose de fugace et d'essentiel à la fois. Et la personne repart avec, dans les mains, un peu de notre propre histoire.

La conférence donnée par Clara Dupont-Monod et animée par Josyane Savigneau était d'une grande qualité. Clara Dupont-Monod nous a parlé de la gestation de son livre, né après huit ans passés avec Aliénor, l'héroïne de son précédent roman historique. Le rapport intense et passionné qu'elle entretient avec les Cévennes permet de mieux comprendre pourquoi elle a tenu à ce que les pierres des murs soient les conteuses de "S'adapter".

Pour terminer, j'ai pu faire un peu de tourisme sur l'île d'Oléron, du sémaphore Chassiron en passant par la Cotignière, pour finir aux Cabanes. J'ai appris un mot que je décide d'adopter : "les Baignassous", terme peu flatteur qui désigne les touristes qui, dès les beaux jours, se pressent sur l'île.

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Sylvie Lassalle

19-04-2022

salons et rencontres

mercredi, novembre 17 2021

24e foire aux livres de Laroquebrou

Le dimanche 14 novembre s'est tenue la 24è édition de la Foire aux livres de Laroquebrou, une très jolie bourgade du Cantal.
J'ai eu la chance d'y être invitée et j'ai passé un très bon moment.
C'est une foire qui rassemble plus de quarante auteurs, dans tous les domaines. La plupart viennent de la région, ou sont auteurs de romans de terroir.

Cela commençait sous les meilleurs auspices, avec une pochette de gourmandises locales qui nous attendait. Muriel et ses collègues de la Librairie Point Virgule d'Aurillac avaient déjà tout mis en place.

Il ne restait plus qu'à attendre les visiteurs, qui sont venus en grand nombre.

C'est toujours un grand plaisir de pouvoir échanger autour de la lecture, de faire découvrir ses romans et de voir les passants se laisser tenter. Il y a parfois des rencontres aussi fulgurantes que des coups de foudre, d'autres plus réservées qui se concluent par des achats multiples. C'est aussi une occasion de découvrir des auteurs et d'échanger des informations, des anecdotes. J'étais à côté de Marie Gaston et nous avons beaucoup ri et promis de rester en contact.

A midi, un délicieux repas nous a rassemblés, cette fois j'ai pu découvrir la talentueuse Daisy et son roman graphique consacré au bouleversement que provoque la naissance d'un enfant autiste, un thème traité tout en finesse.

Le confinement m'avait prévu des salons de 2020, je suis donc particulièrement heureuse d'avoir pu venir à Laroquebrou cette année. Un grand merci à toutes les personnes qui ont permis cela !

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Sylvie Lassalle

17-11-2021

salons et rencontres

lundi, août 2 2021

Dédicace à "La Chouette qui lit", chouette librairie-café de Marciac (Gers)

Nombreux sont ceux et celles qui rêvent d'ouvrir une librairie-café, un lieu à la fois simple et convivial, avec une terrasse et des livres de toutes sortes, pour tous les goûts... Gaëlle et Richard sont passés du rêve à la réalité et "La chouette qui lit" a ouvert l'œil en septembre 2020, dans le village de Marciac (Gers), connu pour son festival de jazz.
J'ai eu la chance d'y faire ma première séance de dédicace des "Ombres et des Lumières", ce lundi 2 août.

J'en reviens enchantée. Gaëlle et Richard sont adorables, et quel plaisir de voir entrer tant de clients, de tous les âges, de tous les styles. A côté, un peintre et sculpteur laisse son piano à disposition des musiciens qui se pressent, improvisent à deux ou quatre mains, jouent des airs du répertoire. On boit du thé, du kombucha, on laisse filer le temps... On en oublierait presque les deux gendarmes qui patrouillent et rappellent qu'il faut mettre son masque si on ne consomme pas.
J'ai eu des échanges longs et intéressants avec des habitués du lieu. Comme je leur disais que mes personnages, Jules et Anna, avaient eu du mal à se faire une place en Gascogne, on m'a confié : "Oh moi aussi j'ai eu du mal en m'installant ici !". J'ai récolté des anecdotes savoureuses. J'ai rencontré un groupe d'amis, membres d'un club de lecture, un couple qui venait du Var, une autrice bien plus expérimentée que moi, une dame qui aurait voulu s'intéresser à mon roman mais qui préférait écouter la musique en face, et Jean-Jacques, qui ne s'appelle pas vraiment comme ça.C'était une belle journée.

Devant la vitrine

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Sylvie Lassalle

02-08-2021

Les ombres et les lumières

vendredi, juillet 2 2021

Amandine

Après avoir lu "Les ombres et les lumières", un ami écrit ce tweet bien agréable, après m'avoir laissé un message qui allait dans le même sens :

Super content d'avoir retrouvé Anna Jules et Jeanne. Cette fois ma préférée est Amandine je me suis régalé de suivre dans son enfance cette petite fille. J'espère que par la suite, nous la suivrons à l'adolescence et dans sa jeune vie d'adulte....

Il y a longtemps que j'avais envie d'écrire sur l'enfance. Le personnage d'Amandine est venu à moi, nourri de souvenirs, d'anecdotes racontées par ma mère et d'épisodes que j'ai inventés. C'est une fillette espiègle et rêveuse à la fois, facilement moqueuse et qui elle-même a subi les moqueries des autres. Elle a beaucoup d'imagination, elle se raconte des histoires où elle tient le premier rôle. Elle est pleine d'amour pour ses proches, affectueuse, amicale.

Quand j'écrivais "Les ombres et les lumières", j'avais envie que l'intrigue s'organise autour d'elle, d'une façon discrète. Elle est en lien avec tous les autres personnages, à un moment ou à un autre. Elle est celle à qui on cache des informations, l'enquêtrice qui ne sait pas ce qu'elle cherche et qui trouve ce qu'elle ne cherchait pas.

Elle est l'héroïne de mon troisième roman, celui que je commence à écrire.

Ma mère et sa tante, vers 1928

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Sylvie Lassalle

02-07-2021

Les ombres et les lumières

mardi, juin 15 2021

Les ombres et les lumières, 9 juin 2021

Mon petit roman a été publié le 9 juin, et je suis allée voir la pile bien alignée sur la table de la FNAC Wilson, à Toulouse, avec une sorte de sentiment d'irréalité. C'est moi qui l'ai fait !

Voici une partie du résumé de mon éditrice, en quatrième de couverture :

En 1920, au coeur des Années Folles, Jules et Anna arrivent dans une petite ville thermale de Gascogne pour prendre la direction d’un cinéma. Mais le jeune couple se heurte à l’hostilité de ces notables du sud-ouest de la France qui ne veulent pas d’étrangers.L’atmosphère de la ville devient encore plus oppressante quand on découvre le corps d’une jeune femme. En apparence, il s’agit d’un suicide...Dans cette région où les blessures de la guerre sont encore à vif, on ne déterre pas impunément les secrets que beaucoup voudraient garder enfouis.

Au début, je voulais écrire l'histoire d'une boucherie, de mère en fils, et finalement, cette histoire-là n'a pas voulu s'écrire. Il en reste un écho, une ombre, une trace mais l'espièglerie d'Amandine et de ses amies, la solidarité des femmes, l'amitié des hommes ont effacé Léopold. Il ne reste de lui qu'une signature et une correspondance ADN. On écrit avec des fantômes, Léopold n'en a pas.

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Sylvie Lassalle

15-06-2021

Les ombres et les lumières

samedi, mai 29 2021

Contretemps

La vie d'autrice est pleine de surprises, bonnes et mauvaises. Ce matin, joie et déception étaient au rendez-vous.
On sonne : "Bonjour, c'est le facteur, j'ai un colis pour vous."
Comme je n'attends rien de spécial, ma curiosité est aiguisée... Le facteur très gentil monte jusqu'à mon étage un lourd carton. Je devine alors le contenu : les exemplaires de mon nouveau roman "Les ombres et les lumières" et je me réjouis de le tenir entre mes mains.

Il faut savoir que les maisons d'édition offrent un certain nombre d'exemplaires à l'auteur. City en fournit 20. Cela permet de faire plaisir aux bêta-lecteurs et à ses proches.

Je termine ce que je suis en train de faire avant d'ouvrir le carton et de savourer la joie de poser fièrement sur les réseaux sociaux avec "Les ombres et les lumières". Je regarde la couverture, que je n'ai vue qu'en photo. Elle a des tons bleutés que je n'avais pas remarqués. Puis je feuillette, je tourne les pages...

Et là, horreur et putréfaction, un gros problème me saute aux yeux : il y a une erreur de pagination. Le roman comporte 302 pages. Jusqu'à la trois-centième, tout va bien mais ensuite arrive une page blanche incongrue, suivie des remerciements et enfin de la fin du texte, qui devrait être la page 301. Il y a eu une inversion.

Quelle déception ! Tout le tirage va partir au pilon, il faudra reprendre l'impression et je crains que cela ne retarde la publication, prévue le 9 juin.

Je me console en me disant que cette mésaventure est assez courante comme en témoigne une section du forum Livraddict Les erreurs à l'imprimerie. Petit florilège

Mon exemplaire de Le prochain truc sur ma liste de Jill Smolinski , édition J'ai lu, comporte deux résumés en quatrième de couverture ! Le bon et un autre qui n'a rien à voir avec l'histoire...

Dans l'édition de Les chevaliers du subjonctif de Erik Orsenna que j'ai empruntée à la médiathèque, une page n'a pas été imprimée, elle était là mais blanche, en plein milieu du chapitre.

Dans mon exemplaire de L'apothicaire j'ai deux fois la même page à la suite... Mais du coup il m'en manque une, dans un passage très prenant, c'était frustrant

Si un jour je deviens une célèbre écrivaine, ce tirage rare sera recherché (oui, on se console comme on peut, gardons le sens de l'humour !).

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Sylvie Lassalle

29-05-2021

Les ombres et les lumières

vendredi, mai 7 2021

Nommer ses personnages, Eva Balanoff

Quand j'ai commencé l'écriture de mon premier roman, "Le Village des secrets", je ne savais pas si j'irais au bout de ce projet, c'était une sorte de jeu, de distraction et je me suis amusée à donner aux personnages des noms de gens que je connaissais. Si quelqu'un m'agaçait, je me défoulais en donnant son nom à un personnage antipathique. Inversement, j'attribuais à des personnages sympathiques le nom de gens que j'aimais bien...
Une fois qu'un éditeur m'a dit qu'il allait publier mon roman, j'ai eu un moment de panique. Il me fallait changer presque tous les noms. Parfois, je me suis contentée d'enlever une syllabe. J'ai demandé à certains de mes proches si cela les ennuyait que leur nom apparaisse.

En écrivant mon deuxième manuscrit, je n'ai pas commis la même erreur. J'ai réfléchi aux noms des nouveaux personnages. Mais chassez le naturel, il revient au galop... Mon envie d'utiliser de vrais noms était toujours là.

C'est comme ça qu'est né le personnage d'Eva Balanoff. Ce nom a été porté par la tante d'une de mes amies, Kozlika. Une famille mystérieuse, fascinante, dont les aïeux sont sortis de l'ombre et des registres des archives, comme l'avait fait Jules avant eux.

Eva Balanoff vit dans les années 1920. C'est une femme libre, qui se bat pour le droit de vote, conduit une voiture et ne s'en laisse pas conter. Elle va fédérer autour d'elle un petit groupe de femmes, très différentes les unes des autres. Ensemble, elles vont, sans vraiment le vouloir, résoudre un cold case.

1926 Première sortie de l’automobile Club féminin, photographie de presse de l'agence Meurisse

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Sylvie Lassalle

07-05-2021

Les ombres et les lumières

lundi, mai 3 2021

Le deuxième roman

L'idée d'écrire un deuxième roman est arrivée très vite après avoir terminé le premier.
J'ai terminé "Le Village des secrets" le 26 décembre 2018 et j'ai commencé le deuxième le 7 février 2019, avant même de savoir que le premier avait trouvé un éditeur et serait publié.

Au début, il y avait le désir de rester avec des personnages du "Village des secrets" et puis est apparu un personnage nouveau, le boucher. Un boucher de mon village, qui avait une automobile et auquel nous sommes liées, ma grand-mère, ma mère et moi, d'une certaine façon.

Je voulais parler de la solidarité qui rend la vie plus jolie, d'amitié entre femmes, d'amitié entre hommes.J'avais envie qu'il y ait des enfants dans mon roman, les collines de Gascogne et le cinéma muet, en noir et blanc, de ces années-là, les années 1920.

J'ai beaucoup pensé à ce que m'avaient raconté les anciens, au sujet de ce boucher. J'ai fait des recherches sur sa famille, mais je n'ai pas trouvé grand-chose, si ce n'est un frère mort à la guerre, qui m'a été tout de suite sympathique.
En allant voir ailleurs, je suis tombée sur le blog du boucher, un texte sauvé de l'oubli par un homme passionné d'histoire, et cette lecture a été la clé qui m'a ouvert les portes de mon deuxième roman.
Si vous ne trouvez pas ce que vous cherchez, faites avec ce que vous trouvez.

J'avais intitulé mon manuscrit "Le Maître des images". Mon éditrice l'a rebaptisé "Les ombres et les lumières" et je trouve son choix bien meilleur que le mien.

Dans quelques semaines, il sera sur les tables et les étagères des libraires, et surtout entre les mains des lectrices et lecteurs et je sais que mon petit cœur va battre plus vite !

source de l'image : geneanet.org

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Sylvie Lassalle

03-05-2021

Les ombres et les lumières

mardi, mai 5 2020

Ecrire au temps du COVID-19

Fin février 2020, j'ai fait une séance de dédicaces pour Le Village des secrets à l'Espace Culturel de Blagnac. Les gens étaient bienveillants, j'ai bavardé avec des jeunes gens qui rêvent de devenir écrivain.e.s, avec des dames qui choisissaient le livre pour leur mère âgée, des copains sont passés... Dans mon esprit, la tournée des plages commençait, j'avais des dates prévues en avril, des projets aux beaux jours, et des contacts prometteurs.
Début mars, d'abord à bas bruit puis très vite d'une façon assourdissante, on s'est mis à évoquer un virus dangereux, venu de Chine, et avant d'avoir réalisé ce qui arrivait, on a dû se confiner à domicile, le 16 mars.
Toute la vie sociale s'est arrêtée. Nous avons appris à vivre au rythme des bulletins de santé de l'hôpital public, en espérant que les services de réanimation et les personnels tiennent le coup.
Les établissements scolaires ont été fermés, on s'est mis à faire des classes virtuelles, à déchiffrer les pages de cahier que les élèves envoyaient en .jpeg depuis leur smartphone.

Beaucoup de gens me disaient : "Toi qui écris, tu vas avoir du temps!". Mais ce n'est pas ce qui s'est passé... Etre professeur en télétravail est chronophage et peu satisfaisant. La promo de mon roman s'est arrêtée. Bien sûr, j'ai continué l'écriture du suivant. Je le termine, mais il me semble que cela aurait été plus facile si ma vie avait suivi un cours normal. L'idée de la maladie qui rôde occupe l'imagination, empêche la concentration. Mon ordinateur est devenu un objet de travail, le soir, je l'éteins avec un soupir de soulagement. J'ai sauvé mes week-ends d'écriture, heureusement.
Pendant ce confinement, beaucoup de gens se sont mis à lire et j'ai eu des retours positifs et nombreux sur Le Village des secrets, ça m'a fait plaisir... Lundi prochain 11 mai, le confinement sera levé, je ne sais pas dans quel état nous allons retrouver le monde de l'édition.

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Sylvie Lassalle

05-05-2020

Le Village des Secrets

lundi, février 24 2020

Morceaux choisis au micro de Gilda Fiermonte

19 février 2020, à Paris. Première émission radio avec Gilda Fiermonte dans son émission Côté Papier sur Cause Commune, qui s'écoute en Ile-de-France sur 93.1 et en ligne.
Gilda m'avait demandé de choisir des extraits musicaux et des extraits de mon roman.
Pour les extraits musicaux, j'ai assez vite trouvé : une des merveilleuses sonneries de Dadèf-Quartet, un groupe musical toulousain qui mêle jazz et musiques du monde, des airs qui m'ont accompagnée pendant que j'écrivais, U paisanu de Canta U Populu Corsu, Salve Ronciera. L'étranger, de Graeme Allwright (qui vient de nous quitter) est une chanson qui évoque Jules. Enfin, J'aime les gens qui doutent d'Anne Sylvestre pourrait être ma profession de foi.

L'expérience de la radio en direct, en début de nuit, est tout à fait particulière. Comme dans une bulle protégée du monde extérieur, nous avons parlé du Village des Secrets pendant une heure trente. C'est un luxe pour n'importe quel auteur, et pour moi, c'était vraiment Noël, d'autant plus que Gilda avait soigneusement préparé ses questions. Nous avons évoqué le cheminement qui m'a menée de mon blog au premier embryon de mon roman, Le Café des Platanes, puis à l'écriture du Roman de Jules, qui allait devenir, une fois édité, Le Village des secrets.
Ne sachant quels extraits lire à l'antenne, je m'en étais remise à quelques lectrices qui avaient lu le texte récemment et seule Christine B. s'est prêtée à ce jeu difficile. Elle a choisi trois extraits pour présenter trois facettes du roman : l'aspect historique, avec les souvenirs du Tonkin et la façon dont l'armée considérait les mariages mixtes au début du XXème siècle ; la dimension familiale, avec les avis opposés de Jules et de sa sœur Marguerite au sujet de la vente des terres du bord de mer. Lui envisage sans état d'âme de céder une partie du patrimoine familial à la Compagnie des Chemins de fer, mais sa sœur, gardienne du passé et des traditions, refuse avec énergie ce qu'elle considère comme une offense à la mémoire des morts. Enfin, le troisième passage évoquait le lien entre Anna et ses parents adoptifs et leur conversation, le soir de Noël.
Les choix de Christine étaient parfaits et je l'en remercie. Lire à l'antenne n'était pas facile, je me sentais un peu impressionnée.

Il y aura prochainement un podcast de l'émission, j'éditerai le billet pour mettre le lien qui permettra à ceux qui sont intéressés de pouvoir l'écouter.
Cette conversation au cœur de la nuit a été très bénéfique pour l'écriture de mon second roman. En insistant sur ce qu'elle avait aimé, Gilda m'a fait prendre conscience de la nécessité de garder un certain cap dans mon écriture. Une fois rentrée, je me suis appliquée à coucher sur le papier quelques phrases prononcées par Gilda. Mon séjour à Paris a aussi permis de faire émerger de l'ombre un autre personnage, jusqu'alors esquissé et qui a pris vie avec autant de force que l'avait fait Jules. C'est une femme et elle s'appelle Eva Balanoff.

Je continue à recevoir de chouettes SMS qui me donnent le sourire, aujourd'hui, celui de mon amie Fabienne.

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Sylvie Lassalle

24-02-2020

Le Village des Secrets

vendredi, février 14 2020

L'aventure de la promotion d'un roman

Depuis que mon roman est en vente, je découvre le monde de l'édition et plus généralement, ce qui touche au commerce du livre. Tant que j'écrivais, je n'en avais aucune conscience. Je voyais les piles des best-sellers sur les tables des lieux de diffusion, j'entendais le ronronnement des noms d'écrivains célèbres, les uns considérés avec condescendance, Guillaume Musso, Michel Bussi, Virginie Grimaldi, Valérie Perrin, d'autres mieux vus, Fred Vargas, Amélie Nothomb, d'autres encore qui se débrouillaient toujours pour être au centre de polémiques, comme Houellebecq.
J'ignorais que derrière ces célébrités se cache la longue traîne des petits auteurs, dont je fais partie, gouttes d'eau dans la mer de la publication.
Pour la rentrée littéraire 2019, 524 romans ont été publiés en France, et ont déferlé sur les tables des lieux de vente. Si on enlève la cinquantaine de romans dont les auteurs sont connus et attendus, il reste encore plus de 450 titres qui, bon an, mal an, vont essayer de se faire une petite place.

Le samedi 22 février, je serai en dédicaces à l'Espace Culturel Leclerc Blagnac (Haute-Garonne), à partir de 10 heures.

Le rôle de l'éditeur est important : il va choisir de mettre en lumière certains titres, et, parfois, il va tout miser sur un seul roman, ayant l'intuition d'avoir trouvé une pépite. Ce fut le cas par exemple pour Pauline Dellabroy-Allard, Ça raconte Sarah, aux éditions de Minuit, en 2018. La qualité littéraire du texte, le sujet traité, tout concourait à en faire un phénomène. Ce succès mérité est rarissime.
Pour la plupart des auteurs de la longue traîne, l'éditeur assure une promotion à minima. Il faut alors passer par son propre réseau. Le choix est assez simple : soit on joue le jeu des dédicaces, des réseaux sociaux, soit on refuse, parce que c'est chronophage, parce qu'on est timide, parce que cet aspect commercial ne plaît pas... On court alors le risque qu'après une courte vie sur les tables des lieux de vente, notre ouvrage ne reparte, via le diffuseur, chez l'éditeur qui le mettra au pilon.

Le mercredi 19 février, je participerai à l'émission de Gilda Fiermonte Côté Papier, sur Cause Commune, radio que l'on peut écouter en Ile-de-France sur 93.1, à 22h.

Pour ma part, j'avais la chance dès le départ d'avoir un réseau : celui que j'avais constitué en bloguant. Un autre réseau qui se révèle encore aujourd'hui important est celui de mon milieu professionnel. Alors que je ne m'y attendais pas vraiment, mes collègues ont été d'incroyables attaché.e.s de presse ! Beaucoup ont acheté et offert Le Village des secrets, en ont parlé à leurs amis qui eux-mêmes en ont parlé aussi... C'est ainsi que plusieurs occasions de faire connaître mon roman m'ont été offertes. Même s'il faut consacrer du temps à cette activité, je découvre que j'aime bien cet aspect commercial. Il va de pair avec la découverte d'un nouveau milieu, de ses règles, de ses difficultés aussi.
J'ai la chance de ne pas avoir à compter sur ma plume pour vivre, et de venir à l'écriture sur le tard. Les jeunes auteurs mènent actuellement un combat que je soutiens pour que leur travail soit mieux considéré et mieux rémunéré. Le rapport de Bruno Racine fait des propositions qui vont dans le bon sens : "Les auteurs ne demandent pas la lune"

Merci encore à mes lectrices et lecteurs qui prennent le temps de m'envoyer des mots doux ou des selfies. Sachez qu'ils me font vraiment plaisir et je les en remercie du fond du cœur.

Faire sa promo, c'est assumer son côté cabotin ! Chez moi, c'est inné !

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Sylvie Lassalle

14-02-2020

Le Village des Secrets

dimanche, janvier 19 2020

Ecrire, et après ? Raphaël et moi, deux parcours d'édition

A partir de 2005, des gens de tout âge et de tout horizon se sont mis à écrire sur des plateformes appelées blogs. Les réseaux sociaux ne nous avaient pas encore habitués à écrire en 280 caractères et à parsemer nos SMS d'émojis. Nous étions face à l'écran blanc comme des enfants devant un champ de neige : nous avons monté et descendu à grande vitesse les pentes de l'écriture extime pendant que les écrivains alimentaient les tables des libraires d'auto-fiction.
Chaque écrit pouvait être commenté et très vite, des liens se sont créés entre nous, que nous soyons éloignés géographiquement ou dans la même ville.
Un Toulouse-Carnet a vu le jour le deuxième vendredi du mois. C'est ainsi que j'ai fait la connaissance de personnes qui sont devenues mes amies et que je vois toujours aujourd'hui, même si nos blogs sont, pour la plupart, fermés ou quasiment silencieux. Il y a quinze ans que j'ai rencontré Raphaël Isla et que notre amitié est née.

Portraits de blogueurs, Paris, 2006

En 2015, dix ans plus tard, j'ai commencé à écrire Le Village des Secrets. Raphaël a commencé à écrire Réparations à l'été 2017. Nous avons passé du temps à échanger au sujet de nos manuscrits, de nos difficultés, de nos doutes, du plaisir que nous prenions à imaginer une histoire, à construire des personnages. Notre ambition première était de terminer ce que nous avions commencé, d'inscrire le mot Fin sur la dernière page.

Une fois cette étape franchie, nous nous sommes demandé ce que nous allions faire de nos manuscrits et nous avons décidé de nous lancer dans l'aventure de la publication.
En avril 2019, City Editions a accepté de publier Le Village des Secrets dans sa collection Terre d'Histoires. Raphaël, après quelques envois infructueux, a opté pour un autre parcours : l'auto-édition à financement participatif. Alors que je cédais mes droits, lui gardait les siens. Ma maison d'édition se chargeait de corriger mon manuscrit, de le mettre en page, choisissait la couverture et la quatrième. Raphaël restait maître de ces éléments : il a recruté un dessinateur pour sa couverture, a mis en page lui-même son manuscrit. Ma maison d'édition a procédé à l'impression de mon manuscrit, Raphaël a fait imprimer le sien chez un professionnel. La différence à ce stade est une plus grande liberté pour lui, mais aussi la contrainte de supporter tous les frais. C'est pourquoi il a eu recours au financement participatif.
Toute cette aventure est expliquée ici : Ulule, Réparations, le livre. Ce financement participatif a été un succès. Raphaël avait calculé qu'il lui fallait 2400 euros pour imprimer et distribuer son livre, il a obtenu cette somme et même davantage. Le livre existe donc désormais en version papier et on peut l'acheter via Lulu, qui imprime les exemplaires à la demande. Vous le trouverez en suivant ce lien.

Isidore a un super pouvoir. Mais plutôt que de se lancer dans une carrière de super-héros ou de super-vilain, il veut devenir fonctionnaire pour mettre son pouvoir au service de la Nation. Et il compte bien embarquer quelques connaissances qui ont le même pouvoir dans cette aventure. Malheureusement, aucun d'eux n'est vraiment un professionnel dans ce domaine. Peut-être qu'Isidore a vu trop grand. Ou peut-être que les missions qu'on lui confiera ne seront pas celles qu'il espérait.

Le roman Réparations raconte l'histoire d'Isidore et de son équipe. On y parle de super-pouvoirs et de ceux qui s'en servent, mais aussi de la société qui les entoure (quasiment identique à la nôtre) et des réactions de cette société à ces nouveaux venus.

Mon parcours en maison d'édition traditionnelle m'a épargné tout ce travail de préparation et j'ai obtenu une somme correspond à un à-valoir, ce qui est appréciable. Mais ce n'est pas pour autant une panacée : j'ai cédé mes droits en échange de la distribution et de la diffusion de mon roman. Or, aux dernières nouvelles, mon roman est en rupture de stock : les exemplaires imprimés et non-vendus sont toujours dans le commerce mais il est impossible pour les libraires et autres détaillants du livre d'en commander. Cela m'empêche donc de mettre en œuvre ma petite tournée des dédicaces. Si vous avez un exemplaire du Village des Secrets, gardez-le précieusement car il va peut-être devenir collector !
Je suis en attente de la décision de mon éditeur : va-t-il ou non réimprimer ? Suspense, suspense...

Portraits de blogueurs, Toulouse, 2020. Mais non, on n'a pas changé !

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Sylvie Lassalle

19-01-2020

Le Village des Secrets

jeudi, janvier 2 2020

2020, un deuxième roman en préparation

2019 a été marquée par la publication de mon premier roman, et, à ce titre, restera dans mes souvenirs comme une année mémorable et heureuse.

Le Village des secrets continue sa vie. Beaucoup de personnes l'ont lu et d'autres vont encore le lire car je sais qu'il a été placé au pied des sapins... Des chroniques positives ont été publiées :

On peut lire l'avis complet de Jérôme Cayla sur le site : Les chroniques de Goliath

Satine's Books permet de découvrir la chronique complète de Pauline Harzelli, qui a placé Le Village des secrets dans son top 3 des lectures de décembre !

Avant les fêtes, il était bien placé à l'Espace Culturel du Leclerc de Rouffiac (31) :

Les copains et les copines l'apprécient...

Mes projets pour 2020 sont de continuer à écrire, et de terminer mon deuxième roman. Le Village des secrets a été écrit entre juin 2015 et décembre 2018.
Dès le mois de février 2019, j'ai entamé un deuxième cahier rouge. Une idée me trottait en tête et j'ai élaboré un fil conducteur pour la raconter, ce qui m'a occupée jusqu'en juin. Mais une fois l'intrigue et les personnages conçus, je me suis rendu compte que je n'avais pas envie de passer des mois avec eux. Jules et Anna n'étaient pas sortis de ma tête, j'avais envie de vivre encore au rythme de leurs aventures. J'ai donc tourné les pages et je suis repartie à zéro... Jules, Anna, Jeanne et Amandine devenue une fillette intrépide seront au cœur d'une nouvelle aventure.
Pour moi, l'écriture est un plaisir, un artisanat mais aussi un travail que j'essaie de faire le plus sérieusement possible. J'écris lentement, je réécris beaucoup et je peaufine mon intrigue jusqu'à ce que les événements s'enchaînent selon une logique qui me semble correcte. J'espère voir ce projet aboutir en 2020. Je suis à la moitié du parcours...

Bonne année nouvelle à vous toutes et tous qui passez par ici. Gardez toujours l'espoir de réaliser vos rêves et donnez-vous l'autorisation de le faire.

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Sylvie Lassalle

02-01-2020

Le Village des Secrets

mardi, décembre 24 2019

Noël dans le Village des secrets

J'ai toujours pensé que la nuit de Noël, il se passe quelque chose de mystérieux, qui unit les gens.
Petite fille, j'attendais l'apparition d'un inconnu qui pousserait la porte comme dans Les Quatre Filles du Docteur March et dirait : "Papa est de retour!"
Cela ne s'est jamais produit et j'en ai gardé une longue tristesse.
Une fois devenue adulte, j'ai pu en parler avec maman et il me reste maintenant un souvenir très doux et très tendre de tous les soirs de Noël que nous avons passés toutes les deux, devant un bon foie gras et une bouteille de champagne. Elle égrenait ses souvenirs avec malice. Les années avaient effacé le chagrin, la perte, il ne restait que l'amour.

Quand j'ai commencé mon roman, j'ai eu envie de laisser une place aux moments que nous avions vécus. Il n'y a sans doute que moi qui reconnais leur écho dans les conversations d'Anna et de ses parents adoptifs. J'ai construit cette nuit de Noël en imaginant que je pouvais soulever le toit de la maison de mes personnages et les regarder vivre, dans le secret de leur cœur, face à eux-mêmes.

Joyeux Noël à vous tous, qui passez ici par hasard ou parce que vous avez aimé lire mon roman. Que la nuit vous soit douce et pleine d'amour, avec les présents et les absents.

Marthe et Lucien avaient toujours fêté Noël avec discrétion. Ils se contentaient de mettre une surprise dans les chaussures d’Anna le 24 au soir. Le travail les retenait tard à la boucherie, ils préparaient des chapons demi-deuil, des pintades lardées ou de simples farces pour les clients qui réveillonnaient. Le 25, ils se levaient à l’aube pour livrer les commandes de midi.
Aussi loin qu’elle s’en souvienne, Anna avait passé le soir de Noël dans l’espérance, toujours déçue, que sa mère apparaisse. Celle qui l’avait mise au monde restait l’Absente. Où était-elle ? Fêtait-elle Noël en famille, avec un mari et des enfants pour lesquels Anna n’existerait jamais ? Etait-elle seule, dans la misère ? Avait-elle une pensée pour le nourrisson qu’elle avait abandonné ou l’avait-elle rayé de sa mémoire ? Etait-elle seulement encore vivante ? Anna s’étourdissait de questions sans réponse.
Devant ses parents Nounin, elle faisait bonne figure. Ils l’aimaient comme leur propre fille, prenaient soin d’elle, voulaient son bonheur. Elle aurait eu peur de leur faire de la peine en leur parlant d’une inconnue. Elle n’avait pas le droit de se plaindre.

Le Village des secrets, chapitre 19, Prends ce que je te donne.

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Sylvie Lassalle

24-12-2019

Le Village des Secrets

samedi, décembre 21 2019

Premières dédicaces : éloge des Maisons de la Presse en milieu rural

Samedi 14 décembre 2019 ma première séance de dédicaces s'est déroulée à la Maison de la Presse de Fleurance, dans le Gers. La semaine précédente, le correspondant local de La Dépêche m'avait contactée et j'avais eu droit à un article qui présentait Le Village des Secrets.

Tout s'est passé au mieux : Patrice Ligardès et son équipe sont adorables, j'ai été très bien reçue. J'ai beaucoup aimé les échanges avec les personnes qui sont venues pour acheter et faire dédicacer mon roman. Je me sentais vraiment comme un poisson dans l'eau ! Mes lectrices et lecteurs, attaché.es à leur région, m'ont dit aimer les histoires de terroir, qui retracent la vie passée dans les campagnes. Ils y voient un témoignage qui a valeur de reconnaissance pour ce que connurent leurs ancêtres. Et ils aiment bien aussi que ce fond historique et régional servent de cadre à une intrigue.
Un monsieur m'a confié que lui-même écrivait, maintenant qu'il est à la retraite. Etant enfant, il passait pour un cancre, même s'il aimait l'histoire et les rédactions... Orienté vers des études de comptabilité, il les abandonnées pour passer le concours de facteur à Paris. Là, me dit-il, une nouvelle vie s'est offerte à lui. Il a visité tous les musées, n'a pas manqué une exposition... Il a profité de cette vie culturelle et s'est formé en autodidacte. Sa fille est devenue journaliste et lui, maintenant, s'est mis à écrire.

J'ai aimé échanger sur ces parcours de vie. Que de sourires et de bienveillance ! Moi-même, enfant, j'étais une cliente assidue de la Maison de la Presse de mon village. Dès que j'avais trois sous, j'allais acheter un livre de poche. Je revois le tourniquet des livres de poche... Un titre me faisait rêver : Ainsi parlait Zarathoustra de Nietzsche. Quel mystère dans ces noms imprononçables pour une fillette du Sud-Ouest, à la fin des années 60 ! Je n'ai jamais lu cet ouvrage, mais j'en ai découvert bien d'autres sur ce merveilleux petit tourniquet... Il m'a fallu attendre d'aller au lycée pour découvrir une "vraie" librairie, je me souviens avoir été impressionnée et pas très à l'aise. De ce temps-là, je garde de la tendresse pour les Maisons de la Presse.

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Sylvie Lassalle

21-12-2019

Le Village des Secrets

jeudi, décembre 12 2019

Le chemin de fer

Jules revient à Vescaut pour régler la question de l'expropriation des terres héritées de sa mère. Sur ces terres sans valeur va passer le chemin de fer...
C'est une question qui m'a beaucoup intéressée. Dans le Var, l'établissement de la ligne qui va d'Hyères à St-Raphaël a été une source d'inspiration, mais j'ai trouvé ma documentation en lisant les comptes rendus en ligne du Conseil Général de la Corse (session de 1906). La ligne qui va de Ghisonaccia à Bonifacio couvrait la période à laquelle se passe mon roman. Les références à des abus lors de l'établissement des lignes précédentes m'ont été très utiles.

Que pourrions-nous dire, lorsque nous voyons des propriétaires oser demander cent et même cent cinquante fois la valeur réelle des biens expropriés, et le jury d'expropriation ne pas craindre d'accorder de semblables allocations ?Jusqu'ici l'Etat et la Compagnie des chemins de fer départementaux, travaillant pour le compte de l'Etat, étaient seuls en cause; et l'on trouvait tout naturel de profiter de l'occasion pour obtenir, outre l'établissement de lignes fort dispendieuses, une moisson pour ainsi dire illimitée de larges indemnités.(...) On espère mettre un terme aux exagérations déplorables qui compromettent gravement la continuation des travaux publics.Nous regrettons vivement que la longueur des formalités d'expropriation n'ait pas permis de réunir, avant la prochaine session du Conseil général, le jury d'expropriation qui devra fixer les indemnités restant dues.

source : Gallica

source : geneanet.org, image publiée sous Crative Commons. Si vous cliquez sur la carte, elle s'agrandit.

J'ai aussi mené ma petite enquête sur les endormeurs de trains. Ils inquiètent Marguerite la sœur de Jules, qui a entendu parler des dangers du voyage en chemin de fer. Son frère en profite pour se moquer d'elle, mais ces endormeurs ont bien existé si l'on en croit L'illustré de 1907.

Tenant à la main un petit bouquet qu’il semble respirer avec délices et dans lequel est caché un tube de somnoforme ou de bromure d’étvle, il engage ainsi la conversation. « Si l’odeur de ces fleurs vous importunait, Madame, je m’empresserais de les jeter ». Dénégations polies de la voyageuse. « Ce qui me fait vous dire cela, continue l’individu, c’est que ce bouquet contient une orchidée dont le parfum quoique très agréable est cependant un peu fort et susceptible, à la longue, de fatiguer les personnes nerveuses ».Tout en parlant, il présente les fleurs à la dame et, au moment où celle-ci aspire largement leurs effluves, il brise, comme pour le mouchoir, le tube de l’ampoule dissimulée par des feuillages. Si la voyageuse n’est pas seule, si elle est accompagnée d’une dame ou d’un enfant, le filou a alors recours à la bonbonnière remplie de dragées ou de fondants dans lesquels il a introduit auparavant du véronal, du sulfonal, du hvpnal ou du canalies indica, toutes substances ne se dénaturant pas sous l’action du sucre et dont le goût n’a rien de désagréable. Quelques minutes après la distribution des friandises, tout le monde dort et il est maître de la place.

La jeunesse ne connaît pas son bonheur, Almanach Hachette 1928. N'hésitez pas à cliquer.

Mon roman continue sa vie, j'en suis bien aise. Je reçois toujours de gentils compliments, je me réjouis de savoir qu'il est lu et apprécié.

Dr Caso lui a consacréun très joli billet :

Le village des secrets a plu à Gilles Deboisse, un article à lire sur son site Découvrir l'Histoire en lisant

Sylvie Lassalle réussit un beau récit avec un peu de terroir, un peu d'Histoire et des intrigues multiples qui mêlent malédiction, disparitions, trafic d'opium mais aussi malversations politiques dans un XXème siècle en pleine mutation. J'ai été très intéressé par la reconstitution de la démocratie multipartite naissante sous l'oeil critique de la presse écrite. La lecture est agréable avec un suspense partout présent et favorisé par les nombreux secrets qui planent dans le village de Vescaut. Une surprise, une révélation ou une interrogation attendent le lecteur dans chaque chapitre.

J'ai été particulièrement heureuse du petit message de mon amie bretonne Cécile, qui n'a pas été dépaysée malgré l'éloignement :

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Sylvie Lassalle

12-12-2019

Le Village des Secrets

samedi, novembre 30 2019

L'explosion du Liberté

Je me suis intéressée à l'explosion du Liberté alors que je cherchais Jules dans la salle virtuelle des archives, derrière mon écran. J'ai croisé le destin d'un jeune homme, Antoine Martin T., mort le 21 septembre 1911, alors qu'il n’avait pas 22 ans, en rade de Toulon.
Je ne savais pas vraiment ce qu'était un cuirassé et j'ignorais tout de cette tragédie qui a fait plus de trois cents victimes.

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Le 4 septembre 1911 se déroulait en rade de Toulon une grande revue navale de la flotte de Méditerranée, en présence du président de la République, Armand Fallières, qui se trouvait à bord du cuirassé Masséna. La flotte, comprenait quatre-vingts unités, dont 19 cuirassés, et 10 croiseurs-cuirassés. Les bâtiments défilaient en ligne de file impeccable devant le cuirassé Masséna.Trois semaines plus tard, le 25 septembre 1911, à Toulon, le feu prend dans les soutes à gargousses avant tribord pour les pièces de 194mm de la Liberté, l'un des cuirassés présents à cette revue navale. Il s'étend rapidement d'explosion en explosion. A 5 h 53 précisément,une formidable explosion déchira l'air plusieurs lieues à la ronde, ébranla toute la rade et ses environs. Succédant à celle du Iéna, cette catastrophe a suscité une grande émotion et provoqué de vives polémiques. ( source : Forum de la Marine)

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Je me suis plongée dans ce fait-divers qui, comme l'explosion de l'usine AZF à Toulouse en 2001, dresse un paysage de son époque. Dans mon roman, j'ai utilisé ces éléments : la fierté de la flotte française et la volonté de démonstration face à l'Allemagne, on marche vers la guerre, il y a une part de propagande dans la grande revue navale du 4 septembre 1911. Pourtant, d'autres graves accidents, comme l'explosion du cuirassé Iena, en 1907 (Toulon, 118 morts), ont frappé la Marine. Ill semble bien que le problème vienne des poudres (poudre noire, poudre B) mais les militaires peinent à le reconnaître et on cherche d'autres coupables, comme le montre cette conversation entre Jules, Hyacinthe et Anna.

Jules gardait un souvenir très vif de la catastrophe, qui avait frappé les esprits. Hyacinthe profita de l’occasion pour rappeler que l’Etat-Major avait longtemps refusé d’assumer ses torts. Au lieu de se demander pourquoi des catastrophes dues à des combustions instantanées s’étaient succédées dans la Marine, il avait insinué que tout le mal venait des socialistes. On avait même accusé Louis Jaurès, frère du tribun et commandant du « Liberté », d’avoir quitté son poste le matin de l’accident pour permettre à des complices de poser des explosifs.
Le tribunal maritime a balayé ces accusations fantaisistes, fit remarquer Jules, qui n’avait pas envie de polémiquer.
Il leur a bien fallu se rendre à l’évidence, répliqua Hyacinthe. Si le cuirassé a explosé, c’est parce que des poudres trop anciennes et dégénérées sont restées stockées dans les soutes. Il aurait fallu les débarquer et les laisser à terre. 
(...)Anna, qui n’avait encore rien dit, prit part à la conversation.
— J’ai entendu dire que nous allions adopter des turbines pour nitrer les poudres, comme les Allemands, ce qui améliorera leur qualité. 
Cette remarque laissa les deux hommes cois.
— Vous vous intéressez donc à l’armement et aux bateaux militaires ? Ce n’est pas commun…, dit Jules. ll s’interrompit au moment où il allait ajouter « pour une femme ». Il se tut à temps mais Anna devina pourtant la fin de la phrase.
Le Village des secrets, chapitre 11, Les yeux ouverts

Concernant 'explosion du cuirassé Liberté, le site le plus documenté et synthétique est celui de Marius Autran dont je vous recommande la lecture si le sujet vous intéresse.

Mon roman continue sa petite vie, il est maintenant possible de l'emprunter dans plusieurs bibliothèques, celle de Nantes et celle de Rians, par exemple...

Mon amie Michèle a continué à faire vivre le village de Vescaut en l'insérant dans un de ses sujets d'examen. J'adore cette idée.
Mes lectrices et lecteurs sont pour la plupart très bienveillants et satisfaits de leur lecture, comme Thierry :Merci à eux ! Ils m'apportent tellement de joie, je les remercie du fond du cœur !

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Sylvie Lassalle

30-11-2019

Le Village des Secrets

lundi, novembre 18 2019

Opium, Tonkin et mariages : mes sources

Plusieurs lecteurs me demandent quelle est la part de réalité dans les pages que je consacre aux trafics d'opium dans les années 1910, au Tonkin. Il y a bien sûr des éléments inventés mais c'est un thème sur lequel je me suis beaucoup documentée, notamment grâce à L'épopée des douaniers en Indochine de Dominique Niollet (1999, Kailash Editions).

Cela me donne l'occasion de vous dévoiler quelques-uns de mes secrets, gardés dans mon gros cahier rouge, qui a recueilli plus de 400 pages de documentation, tous sujets confondus.

On a tendance à sourire de ce qui est devenu un cliché, mais dans ces années 1910, les trafics d'opium et l'addiction d'une partie des officiers de Marine sont de réels problèmes de société. Je mets dans la bouche de Jules des formules qui ont été réellement prononcées et dont j'ai retrouvé la trace dans des articles de presse sur Gallica.

Ça ne m’étonne pas, dit Jules. Il en a même été question à l'Assemblée nationale. Tu te souviens de ce que disait notre colonel ? Nos provinces ne doivent pas être administrées du haut d’un lit de camp entre la fumée de deux pipes… On ne peut pas dire que la répression soit bien efficace. Il y a trop d’intérêts en jeu.

Chapitre 9, Volutes partent en fumée, extrait du Village des secrets

Pour comprendre, il faut remonter quelques années en arrière, quand l’Etat a pris le contrôle du marché de l’opium. Il espérait renflouer ses caisses grâce à ce monopole, il lui fallait de l’argent pour administrer le Tonkin. Jusque-là, le commerce de l’opium était aux mains d’organisations criminelles avec lesquelles l’administration française a passé des accords. Certains contrebandiers ont accepté de rentrer dans le rang, on les a appelé les soumissionnaires. Mais ces types-là nous ont vu venir ! Ils ont accepté le contrat tout en menant un double jeu : ils nous revendaient très cher des produits de qualité douteuse et gardaient la production de pavot de premier choix pour leurs anciens clients. La Régie perdait tellement d’argent qu’on a envoyé au Tonkin un inspecteur des Douanes dont la mission était de mettre le nez dans les affaires de ces soumissionnaires. En peu de temps, il a compris l’intérêt de leurs trafics mais, au lieu de défendre les intérêts de la Régie, il s’est allié au clan de contrebandiers le plus puissant et il a mis en place, avec eux, un réseau efficace qui lui permettait d’écouler en métropole des quantités importantes de l’opium le plus convoité, le chandoo indien. La demande était forte, il fallait fournir les fumeries et les maisons de plaisir. Aujourd’hui encore, tu peux t’en procurer facilement à Toulon !

Chapitre 8 Monnaie de singe, extrait du Village des secrets

J'ai aussi fait des recherches sur les mariages mixtes au Tonkin dans les années 1900-1910, en particulier pour construire le personnage de Marcel Peyron et de son épouse Thu Vân. L'idée de ce personnage m'a été fournie par la lecture du blog familial de Patrick Pallier.J'ai ensuite consulté les relevés des ANOM

Mon cher Jules continue de vivre dans vos maisons, il ne se passe pas un jour sans que quelqu'un me parle de lui. Mes collègues le glissent sur leur table de chevet, ou l'emballent pour Noël. Certains le lisent en une nuit, d'autres lentement. J'écris des dédicaces. Merci encore à vous tous pour vos retours.Comment exprimer la joie que cela me procure ? Il y a de la vanité, il ne faut pas le nier, mais aussi la merveilleuse sensation que lui et moi, nous faisons une bonne équipe. Si Jules est devenu un personnage de roman, il est aussi un fantôme bienveillant avec lequel je partage une partie de mon ADN, une partie longtemps perdue et retrouvée.

Jacotte l'a vu à Nantes, à la librairie Coiffard

Christine, rédactrice du blog Des pages et des îles, lui a consacré une chronique : Le Village des Secrets. Merci à elle !

J’ai aimé l’ambiance de la Provence avant la première guerre mondiale et plus particulièrement certains personnages comme Anna la photographe, femme libre, ou Hyacinthe l’instituteur mentor de Jules.Dans la fratrie de Jules, ses deux sœurs Marguerite et Othilie ont des caractères forts, indispensables pour résister à la méchanceté du père qui détestait ses filles. Toutes deux sont dépositaires d’un lourd secret.Horace, son ami d’enfance, joue un rôle important aussi dans cette histoire provençale.L’auteure a su maintenir l’intérêt du lecteur par une intrigue bien ficelée qui nous pousse à tourner rapidement les pages.

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Sylvie Lassalle

18-11-2019

Le Village des Secrets

samedi, novembre 9 2019

Mes personnages : Hyacinthe et Prunelle

Audrey, qui tient avec Laure un blog de chroniques littéraires très intéressant, Liseuse Hyperfertile, a consacré un billet à mon Village des secrets. Un passage de sa critique m'a touchée et m'a incitée à vous parler de Hyacinthe et Prunelle.

J’ai vraiment aimé la place que l’auteure donne aux femmes dans ce roman. Des femmes fortes, libres et, on peut le dire, en avance sur leur temps. Petit coup de cœur pour l’une d’entre elle en particulier, Prunelle, l’épouse de l’instituteur. Une scène du roman m’a particulièrement touchée également, lorsque Jules se rend sur la tombe de sa famille : les inscriptions sur le marbre, les dates et les prénoms qui se succèdent, tant de petites vies parties bien vite.

Hyacinthe et Prunelle sont un couple d'instituteurs avec tout le prestige de cette fonction en 1912. En faisant mes recherches généalogiques pour retrouver Jules, j'ai croisé beaucoup d'instituteurs, dont un qui venait d'Aubagne et aussitôt, j'ai pensé à Marcel Pagnol, et à ses souvenirs d'enfance. La gloire de mon père, Le château de ma mère, Le temps des secrets... Ces titres me rappellent des moments heureux de lecture alors que j'étais moi-même une enfant. Mon grand-père possédait tous les livres de Marcel Pagnol et dans mon souvenir, ils sont liés.
Hyacinthe est né de là, à la croisée des souvenirs de Marcel Pagnol et des miens. Quant à Prunelle, elle doit beaucoup à une de mes amies d'enfance, Moussy Le Forner. Elle est décédée alors que je commençais à écrire ce roman. J'ai donné àPrunelle la grâce qu'avait Moussy, son talent pour dessiner, ses gestes de fumeuse enveloppée de volutes de fumée, son goût pour les vêtements originaux. Comme Moussy l'a été, Prunelle est heureuse avec son mari. Ils sont inséparables et n'ont pas d'enfants. C'est aussi une femme de tête, qui réfléchit à la marche du monde, s'intéresse à la politique, mais avec plus de souplesse que son mari.
Merci Audrey d'avoir aimé Prunelle, un personnage très cher à mon cœur.

Mon roman continue à voyager. Yann l'a mis dans sa valise et voilà Le Village des secrets en vacances au Kenya !
Isabelle l'a acheté à la FNAC où il continue à se vendre gentiment puisque la personne à qui elle l'a demandé lui a annoncé qu'une nouvelle commande était prévue.

A la librairie La Sorbonne, à Nice.

Je continue à recevoir des mails et des SMS qui me rendent très joyeuse et j'ai toujours l'immodestie de les copier ici.

J'ai passé un excellent week end avec ton livre. On s'immerge dans ce monde rural provençal comme on peut se retrouver dans l'Aveyron ou le Gers : petites tromperies, magouilles municipales et de terres, solidarités, pauvres femmes, socialisme et opportunisme... Maintenant que les personnages sont nôtres, j'attends le tome 2 ! Vive la lecture !

Dominique M.

Pour lire la chronique complète d'Audrey, c'est ici :Le Village des secrets

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Sylvie Lassalle

09-11-2019

Le Village des Secrets

samedi, novembre 2 2019

Toussaint, cimetières et scènes de mon roman

Dans mon village de naissance, la tradition veut que l'on se rende au cimetière pour la Toussaint. Quelques jours avant, on va laver et préparer les tombes, on met des fleurs. On jette un œil sur les tombes des voisins et on ne manque pas de faire des réflexions sur la façon dont ils pratiquent l'art funéraire. Il ne s'agit pas de laisser pousser un palmier sur le corps des défunts, sous peine d'être taxé d'ingratitude. On garde le respect des ancêtres.

En ce jour, j'ai des souvenirs tendres de promenades avec ma mère dans les allées de ce cimetière. Nous allions saluer les morts de l'année, les aïeux inconnus. Nous passions avec plus ou moins de rapidité devant certaines tombes où reposaient des amours mortes que le pardon finissait par recouvrir... Je me suis beaucoup inspirée de ces moments pour écrire les scènes où Jules accompagne sa sœur Marguerite au cimetière. Derrière les croix et les stèles, il croise Anna et des inconnus qui contribueront à nouer mon intrigue.

C'est aussi au cimetière que se cache Jeanne, chassée par ses patrons parce qu'elle est enceinte. Elle n'a pour abri qu'une chapelle. Cette anecdote peut paraître morbide et cruelle, elle est pourtant réelle. Une personne de mon entourage s'est trouvée dans cette situation, au début des années 1980. Chassée par sa famille enceinte d'un homme dont ni son père ni ses frères ne voulaient entendre parler, elle a dormi plusieurs nuits dans un cimetière.

Quand j'ai cherché le nom que je donnerais à Jules, j'ai choisi Toussaint, sans réfléchir. J'aime ce nom, et il est très évocateur pour moi. En ce jour des morts, mes personnages sont plus vivants que jamais et je remercie mille fois mes lecteurs qui m'envoient de leurs nouvelles.

Laure l'a vu à la librairie Mollat de Bordeaux

Audrey l'a croisé dans son hypermarché, où il n'était pas rangé dans le bon rayon !

Je reçois des mots doux de mes lecteurs. Ils me font tellement plaisir ! Il y a de la vanité à les recopier ici, mais j'assume.

Je suis archi fan, cela me confirme que je vais largement offrir ton livre à Noël, et que j'ai hâte de lire la suite...

mail de Martine L.

Voilà un roman comme je les aime ; des personnages attachants à l’image de Jules autour duquel tourne tout ce petit monde, des femmes qui ne sont pas des potiches et une intrigue qui vous mène par le bout du nez.J’ai pris un énorme plaisir à sa lecture qui m’a replongée dans le souvenir des sensations d’enfance quand je lisais du Giono, du Clavel ou encore du Pagnol (je parle bien de sensations, pas de style !) ; cette façon de décrire les décors, de vous y plonger direct ; pour un peu vous sentiriez les odeurs, la chaleur ou le froid !

Gilles Soubiran Le roman de Jules chronique parue dans Le fond du Galetas

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Sylvie Lassalle

02-11-2019

Le Village des Secrets

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