Vox Poetica

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ID:148892

Keywords:

Vox,Poetica,littérature,histoire,récit,fiction,historiographie,témoignage,narrat

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Frank Wagner : Note sur la paralepse et ses usages contemporains Quelques remarques sur la paralepseLes proc d s dont use le narrateur du r cit fictionnel pour r guler le volume d informations port la connaissance des lecteurs ont de longue date retenu l attention des narratologues. Parmi ces nombreuses tentatives de formalisation, l enseigne du mode , la typologie des formules focales labor e par G rard Genette est d sormais notoire. Entreprenant de r pondre la question qui per oit dans le r cit de fiction? , il est ainsi conduit distinguer focalisation z ro (ou r cit non focalis ), o le narrateur en dit plus que n en sait aucun des personnages , interne , o le narrateur ne dit que ce que sait tel personnage (idem) et externe , o le narrateur en dit moins que n en sait le personnage (idem). Il enrichit en outre ce mod le ternaire de variantes ou nuances (focalisation variable , multiple ) pour rendre compte des fluctuations du foyer perceptif sur la diachronie du r cit. Lire la suite... La critique comme litt rature : ENTRETIEN AVEC Florian Pennanech Frank Wagner: Cher Florian Pennanech, comme son titre l indique, votre dernier ouvrage en date, Po tique de la critique litt raire, consiste en une th orie g n rale de la critique litt raire. Vous serait-il possible de pr ciser quelles tapes vous ont progressivement (j imagine) conduit laborer un projet aussi ambitieux? Florian Pennanech: Cher Frank Wagner, vous me demandez de me livrer un exercice de commentaire propos de mon propre livre, autrement dit de produire un autom tatexte, en commen ant, comme de juste, par la gen se, autrement dit en m incitant un r cit g n tique. J ai cru pouvoir distinguer trois sortes de r cits l int rieur de ce micro-genre: le r cit h t rog n tique (engendrement du texte partir d autre chose), homog n tique (engendrement du texte partir d un texte), le r cit autog n tique (engendrement du texte par lui-m me). Le r cit h t rog n tique, auquel nous nous cantonnerons pour le moment, fait appara tre en g n ral une s rie de motifs, plus ou moins st r otyp s, plus ou moins mythiques, associ s la cr ation. Suite... Chateaubriand savait-il nager ? Chateaubriand savait-il nager ? On entendra par là : nager vraiment, littéralement, donc au sens du dictionnaire (« Se soutenir et avancer à la surface de l’eau, se mouvoir sur ou dans l’eau par des mouvements appropriés », Petit Robert) ? Drôle de question, me dira-t-on. René n’est-il pas de Saint-Malo ? N’a-t-il pas, enfant, joué dans la mer ? L’océan n’est-il pas en quelque sorte son élément naturel ? Certes oui. Mais faire trempette dans les vagues n’est pas encore faire preuve d’une réelle compétence sportive. Il faut ici prendre en compte une certaine habileté technique. Quant aux expériences du navigateur et du globe-trotter, pour le problème qui nous intéresse, elles ne prouvent rien. Les vrais marins ne savent pas nager et jugent inutile l’apprentissage de la natation. Ils craignent l’eau dont ils connaissent les dangers. Ce sont eux-mêmes qui le disent. Lire la suite Le Vestiaire de Chateaubriand : entretien avec Franc Schuerewegen Frank Wagner: Cher Franc, le titre de votre dernier ouvrage en date, Le Vestiaire de Chateaubriand, si on l analyse d apr s les cat gories po tologiques nagu re forg es par G rard Genette - qui vous rendez d ailleurs vous-m me hommage en introduction -, peut tre d fini comme la fois th matique et rh matique . l intention de vos futurs lecteurs et futures lectrices, vous serait-il possible de pr ciser ce qu il recouvre? Franc Schuerewegen: Cher Frank, vous m interrogez sur mon titre, sachez que j ai beaucoup h sit avant de choisir celui-ci. Puisque nous sommes chez Chateaubriand et que l uvre parle beaucoup de la mort elle est aussi un hymne la vie, nous y reviendrons , j avais d abord pens Le ons d immortalit , avec Chateaubriand en sous-titre. Une autre id e, dans le m me genre, tait de pasticher les titres de manuelde vie pratique : Comment devenir immortel en lisant Chateaubriand? Mais apr s, entre autres, Comment parler des livres que l on n a pas lus? et Comment am liorer les uvres rat es?, cela n tait pas tr s original, et puisqu il fallait ajouter dans tous les cas le nom de l crivain, il y avait un probl me de longueur. Alors j ai opt pour l image du vestiaire en rappelant la d finition que donne Laroussede ce mot: 1 Lieu o on serre les habits dans une communaut , 2 pi ce o les membres d une assembl e politique, d un tribunal, rev tent et d posent leur costume, 3 endroit o l on d pose certains v tements et quelques accessoires que l on ne porte que lorsqu on est dehors. D poser son manteau, son parapluie, sa canne au vestiaire . Il m a sembl que l id e d un essai critique con u selon le principe du v tement que l on d pose ou reprend pouvait fonctionner. On vous explique, je vous explique, comment, en lisant ses livres, vous pouvez habiller l crivain. Lire la suite pouvoirs de l'imposture : entretien avec Maxime Decout Frank Wagner: Maxime Decout, vous le signalez vous-m me (p. 14, note 7), votre nouvel essai compose en quelque sorte le troisi me volet d un triptyque , apr s En toute mauvaise foi (Minuit, 2015, Paradoxe ) et Qui a peur de l imitation? (Minuit, 2017, Paradoxe ). Vous serait-il possible de pr ciser quelque peu les liens qui unissent ces trois livres, afin par l m me de pr senter le projet et la gen se de Pouvoirs de l imposture? Maxime Decout: J ai le sentiment que ces trois ouvrages proc dent d une inspiration commune et je vois plusieurs raisons leur regroupement sous la forme d un triptyque qui n est peut- tre pas encore achev si l on veut bien accepter l id e d un triptyque en plus de trois volets. un premier niveau d analyse, on peut dire que le point commun de ces trois textes est de se pencher sur des logiques paradoxales qui d stabilisent notre pens e cart sienne et qui singularisent la litt rature dans le champ des sciences humaines, en ce qu elle seule est capable non seulement de les h berger mais surtout de nous les faire exp rimenter. La mauvaise foi permet d appr hender la litt rature hors d une opposition tranch e entre mensonge et v rit , quand on la con oit comme ce qui fait tre ce qui n est pas et ne pas tre ce qui est, ce qui r unit donc des tats antagonistes et th oriquement inconciliables. Lire la suite Sylvie Patron : Deux livres sur la repr sentation de la conscience dans le r cit. Essai de narratologie compar e Deux livres sur la repr sentation de la conscience dans le r cit ont t publi s r cemment aux tats-Unis et aux Pays-Bas (dans une collection d di e la langue et la litt rature fran aises). Leur lecture successive constitue une exp rience int ressante, car les divergences sont nombreuses et soul vent des questions importantes, concernant notamment les relations entre la narratologie ou la th orie narrative et l histoire. Le pr sent essai a pour but d approfondir cette exp rience et de proposer une analyse comparative de ces deux ouvrages : The Emergence of Mind : Representations of Consciousness in Narrative Discourse in English, dirig par David Herman (2011) et La Repr sentation de la vie psychique dans les r cits factuels et fictionnels de l poque classique, codirig par Marc Hersant et Catherine Ramond (2015). Lire la suite Fait et fiction : entretien entre Thomas Pavel et Fran oise lavocat Thomas Pavel: Pourquoi avez-vous choisi la r flexion sur les mondes possibles et sur la diff rence entre fait etfictioncomme points de d part pour votre tude de la fiction ? Fran oise Lavocat: Pour r pondre cette question, il faut remonter un peu loin, l poque o j tais en train de publier ma th se de doctorat, qui portait sur le roman pastoral. L tude de l Arcadie, qui est bien, par excellence, un monde invent , m avait d j conduite envisager la fiction comme un monde, un pays. Un soir dont je m en souviens tr s bien, en f vrier 1996, je me suis mise lire Univers de la fiction, qu un philosophe analytique m avait conseill . Je lis, d s la premi re page qui voque Mr Pickwick qu on a le droit d aimer les personnages. Avec cette autorisation, dix ans de structuralisme s effondrent tout d un coup. En kh gne, j avais appris que les personnages taient de papier et qu il tait vraiment na f de les envisager d une autre fa on. Je lis dans le livre de Thomas Pavel qu on a le droit d tre na f. Cependant, pass e la premi re page, le livre m a aussi paru difficile. Y taient discut es les th ses de Kripke, de Donnellan, de Putnam dont je n avais jamais entendu parler. La notion de mondes possibles tait relativis e, alors que je ne savais pas de quoi il s agissait. Lire la suite plasticitE du rEcit: de la transmodalisation l intermEdialitE La narratologie d inspiration structuraliste peut-elle, aujourd hui encore, nous aider mieux cerner les contours de l interm dialit - comme, subsidiairement, clarifier les rapports de cette notion celle de narrativit ? une telle question, qui r pondrait par l affirmative courrait le risque, tout d abord d enfoncer une porte ouverte, ensuite et par l m me de mener un combat d arri re-garde, enfin et peut- tre surtout de p cher par exc s d optimisme et/ou de na vet . En pleine conscience des dangers encourus, tel sera pourtant mon parti pris. Lire la suite Emmanuel Bouju: fragments d'un discours theorique. nouveaux elements de lexique litteraire Ce volume a pour origine le projet de r unir une s rie d articles inspir s, plus ou moins de distance, des conf rences prononc es par des chercheurs renomm s dans le cadre d un cycle intitul Repr sentation de la litt rature: vocabulaires et mod les , au sein des activit s du Groupe phi (Groupe de po tique historique et compar e, CELLAM), depuis sa cr ation la veille de notre si cle. Plut t que de reprendre simplement le texte de ces conf rences, pour certaines d j anciennes, j ai pr f r demander chaque auteur de proposer des pistes in dites de r flexion en mati re de th orie de la litt rature, partir du choix d un l ment de vocabulaire, prouv ou invent . Comme chapp s d un dictionnaire de th orie litt raire qui n existerait pas encore, ces articles contribueraient ainsi ouvrir des pistes nouvelles, ou au moins permettraient de mieux arpenter celles qui existent d j . Le principe est clair, mais il nous laisse dans une certaine incertitude quant la d finition m me de l objettextuel auquel il aboutit: parlera-t-on d un vocabulaire, d un glossaire, d un lexique, d une terminologie, d un dictionnaire, d une encyclop die ? Lire la suite Philippe Daros: Le postmoderne comme dissolution de l' uvre Il s'agit, ici, d'une tentative : celle de porter un autre regard sur le concept (?), la notion, disons le qualificatif (substantif, adjectif) de postmoderne dans ses expressions esth tiques. Chacun le sait : la plupart des discours herm neutiques sur le terme de postmodernit (terme qu'il convient de dissocier clairement de celui de postmodernisme) en cherchent l'arch ologie dans une remise en cause de l'histoire comme h ritage des t l ologies, des eschatologies du XIX me si cle et plus encore, mais dans le m me ordre de raisons, en lient le d veloppement g n alogique l'obsolescence des r cits unifiant, totalisant de l'aventure humaine et de la notion de progr s qui les sous-tendaient, diversement d'ailleurs depuis plusieurs si cles dans l'Europe humaniste , tendant vers les Lumi res . Aucune de ces consid rations ne me semble infond e, mais il est peut- tre un ordre de raisons, plus ext rieur l' volution du rapport critique que nous entretenons avec l'Histoire, un ordre de raisons li une volution importante -en pratique une d construction- des po tiques postmodernistes1 depuis quelques d cennies et, tout particuli rement en litt rature, de celles d finissant l' uvre mais aussi la figure de l'auteur en des termes, peu ou prou, ontologiques (f t-ce d'ailleurs en termes d'ontologie n gative ). Lire la suite RETROUVER L' MOTION DANS LES TUDES LITT RAIRES : Entretien avec Jean-Fran ois Vernay Rapha l Baroni: Dans votre dernier ouvrage, vous faites le constat d une double volution. D un c t , l institution scolaire red couvre l importance d accorder une place aux motions dans l enseignement de la litt rature, en partie dans le but de remotiver l int r t des l ves pour des objets qui ont perdu leur statut dominant dans la culture contemporaine. D un autre c t , vous voquez les r centes avanc es dans le domaine des neurosciences, qui soulignent de plus en plus la profonde intrication entre cognition et affects, alors que la tradition philosophique les a longtemps oppos s. Pourriez-vous nous expliquer la mani re par laquelle vous avez t amen rapprocher ces deux champs de r flexion qui ont g n ralement tendance s ignorer? Jean-Fran ois Vernay: Depuis ces dix derni res ann es notamment, un bon nombre de th oriciens s interrogeant sur l utilit de la litt rature a cherch faire d bat et analyser l trange d saffection qui frappe le fait litt raire. Voyez par exemple les ouvrages de Dominique Maingueneau, Contre Saint-Proust. La fin de la Litt rature (Belin, 2006), de Tzvetan Todorov, La Litt rature en p ril (Flammarion, 2007), d Antoine Compagnon La litt rature pour quoi faire? (Fayard / Coll ge de France, 2007), d Yves Citton,L avenir des humanit s. Economie de la connaissance ou cultures de l interpr tation? (La D couverte, 2010), de Vincent Jouve, Pourquoi tudier la litt rature? (Armand Colin, 2010), et plus r cemment celui de Jean-Marie Schaeffer, Petite cologie des tudes litt raires. Pourquoi et comment tudier la litt rature? (Thierry Marchaisse, 2011). Ce dernier, note que les uvres litt raires, sous toutes leurs formes, sont elles-m mes un formidable moyen de d veloppement cognitif, motif, thique (25). On ne pourrait tre plus juste sur le potentiel que peut offrir la litt rature, m me si l on n a aucune peine imaginer qu un savoir produit gratia sui ne repr senterait que peu d attrait dans un monde pris de valeurs mercantiles, aux prises avec les affres de conjonctures conomiques incertaines. Lire la suite La lecture, les formes et la vie : Entretien avec Marielle Mace Marielle Mac , dans votre dernier ouvrage, vous abordez la lecture litt raire sous un angle original, que l on pourrait apparenter une sorte de stylistique existentielle . Ce rapport entre fa ons de lire et mani res d tre (dont je pense qu il est important de souligner le pluriel) a notamment pour enjeu de retisser des liens entre l exp rience esth tique et la vie, dans la plus large extension que ce terme peut avoir. Marielle Mac (MM) : En effet j ai essay d aborder dans cette recherche la lecture, ou le rapport aux uvres, travers une hypoth se plus vaste: celle d une stylistique de l existence. Une stylistique de l existence , c est- -dire une stylistique largie la vie elle-m me, autrement dit une attention aux formalit s du vivre, tout ce qu il entre de formes (de rythmes, de gestes, de mani res de faire ou de dire , bref, de comment ) dans nos pratiques. Je diff rencie fortement cette stylistique de l existence d une esth tique de l existence , qui, elle, viserait la fa on dont les sujets embellissent leur propre vie, se traitent comme des uvres d art, concertent leurs apparences, choisissent leur identit , esp rent une vie en beau , comme le disait avec violence et ressentiment le vitrier de Baudelaire (la clarification de cette diff rence est d ailleurs le point de d part de l essai que je pr pare actuellement). De ce point de vue, le pluriel des mani res d tre est en effet tr s important; il indique que l on peut tre attentif toutes les formes, tous les tours que prend la vie, et pas seulement aux formes pris es, reconnues, valoris es. Lire la suite johanne Villeneuve : LE SORT DES BOURREAUX ET L'HISTOIRE CONTREFACTUELLE (TARENTINO ET KLIMOV) L int r t suscit , depuis un demi si cle, par les litt ratures du t moignage et les diverses m diations audiovisuelles des t moins d v nements historiques d une rare violence, a normalis dans la langue fran aise l usage du terme bourreau lorsqu il s agit d en d signer les responsables autant que les ex cutants. L anglais privil gie le terme executioner, traduction du terme fran ais tortionnaire . Parall lement, le discours m diatique s est empar du terme bourreau pour qualifier les assassins, tortionnaires, batteurs de femmes et violeurs, dans les domaines, cette fois, des affaires judiciaires et de la presse sensation. Pourtant, si l on s arr te sa d finition originale, ce terme a longtemps couvert un registre s mantique relativement troit. Lire la suite L historien comme crivain et comme t moin : entretien avec Ivan Jablonka Ivan Jablonka est professeur d histoire l Universit Paris 13, r dacteur en chef de La Vie des id es et codirecteur avec Pierre Rosanvallon, de la collection La R publique des Id es ( ditions du Seuil). Il a publi , aux ditions du Seuil, en 2012, Histoire des grands-parents que je n'ai pas eus, consacr au destin tragique de ses grands parents. Entretien Quand et comment avez-vous eu l id e d crire ce livre? J ai toujours su que mon p re tait orphelin. C est pour cela que j ai tenu commencer le livre par une lettre d enfant, la fois na ve et triste. S il n y a pas vraiment de d but ma recherche, en revanche il y a une chronologie. Mes questionnements ont pris corps partir d un certain moment, sous la forme d une enqu te. La chronologie est d abord familiale. Je suis devenu p re et, l vidence, il y a dans mon livre un aspect de transmission. Assez rapidement, mes filles ont observ que papy n avait pas de parents . Je voulais r pondre de mani re compr hensible pour des enfants et avec autant d informations que possible. Pour cela, il faut dominer son sujet. Or cesujet, je ne le ma trisais pas du tout. J ai aujourd hui le sentiment d tre inscrit dans une cha ne de g n rations. Ensuite, la chronologie intellectuelle. Depuis les ann es 1980, nous vivons dans une soci t de m moire. J ai grandi en tant que coll gien et petit-fils de d port s dans une soci t o l on tait invit r fl chir sur les modes de souvenir et d hommage dus aux victimes de la Shoah. Lire la suite Frank Wagner : Les voix du post-exotisme (sont-elles imp n trables?) Dans l uvre post-exotique, l vidence, a parle . Mais, tout lecteur en aura fait l exp rience, il n en est pas moins extr mement d licat de d terminer avec assurance qui parle, d o , quand, voire qui et de quoi. Brouill e, diffract e, frapp e de soup on, dans ces fictions, l origine de la parole narrative pose plus d un titre probl me, du moins au lecteur pris de rationalit , et par l m me soucieux de clarifier le syst me vocal dont, en tant que destinataire, il est l un des l ments constitutifs. Cependant, pr cisons d embl e qu il n y a pas l mati re grief: dans le cadre de l exp rience de lecture litt raire, mixte de processus primaires et secondaires, si le besoin de sens du r cepteur le voue un effort de clarification, autant et sans doute davantage qu elle ne se d crypte , une voix s coute, voluptueusement. Lire la suite Philippe Daros : Spaesamento ou berlusconi comme espace public C est en fin d t qu un narrateur revient Palerme, la ville de son enfance, pour tenter une identification, une caract risation de cette ville m diterran enne quitt e depuis de nombreuses ann es et dans laquelle il retourne irr guli rement. Il y restera trois jours et emploiera chacun d'entre eux effectuer le plus grand nombre possible d observations, de carottages de la soci t palermitaine, m taphorisant ainsi la technique g ologique de pr l vements expliqu e par une mission de t l vision vue, par hasard, le soir de son arriv e dans sa ville natale. Tous ces carottages : pr l vements ph nom nologiques relatifs au comportement des gens la plage, dans les bars du centre ville ou de la p riph rie; observations des activit s municipales pour l radication des palmiers rong s par la maladie; description du comportement d enfants qui, depuis un balcon, crachent sur les passants ; transcription de dialogues dans les lieux publics, vont appara tre comme autant de sc nes de la vie la plus quotidienne la fin des ann es 2000. Chacune d entre elles, se pr sente encore comme une micro-anthropologie du pr sent, singuli re plus d un titre car elle fait de ce pr sent une stase qui ne s oppose plus aucun pass et ne pr figure, fut-ce contradictoirement, aucun avenir. Chaque personnage d crit, chaque situation, chaque dialogue, chaque commentaire se propose comme l absolutisation d un pr sent marqu la fois par son vitalisme, son in-essentialit mais aussi le poids de son tre-l comme manifestation d un sens commun, ou mieux, d'un sens communautaire... paradoxal. Lire la suite Fr D RIQUE TOUDOIRE-SURLAPIERRE : OUI / NON Ch re amie, je suis d bord , on me demande trop de choses, et trop de choses la fois, je finis par dire oui, presque au hasard, pour qu on me laisse en paix. ( ) Lass , je finis par penser de tout: pourquoi pas? Ce oui d Andr Gide sonne comme un chec, c est qu il est v cu comme une incapacit dire non, une capitulation aux sollicitations ext rieures. Le non poss de un co t, celui de la r sistance, il est une surdemande selon le mot de Barthes, la conjonction d une d pense et d un exc s (r el ou fantasm ) que la surench re des sollicitations (lettres, t l phones, demandes, offres) rend sensible comme autant de demandes per ues comme des agressions presque physiques. S il semble si difficile Gide de ne pas r pondre, c est parce que ce non suppose une d cision, celle de se retirer de la communaut litt raire. Le monde ext rieur est ainsi per u comme une agression laquelle il ne peut compl tement se d rober. Toutefois, le non n est pas seulement le mot d une solitude assum e quand le oui reproduirait un assentiment collectif. Mot de l effet de la communaut sur les individus, le non se r pand et prend de la valeur, jusque dans la litt rature qui en fait un mot-clef, sinon son mot d ordre, r partissant les t ches: la lecture le pouvoir de dire oui, quand la (bonne) litt rature est du c t du non. L crivain se trouve ainsi pris dans la posture oblig e du non au risque d tre pris pour un mauvais auteur. Lire la suite Frank Wagner : Ceci n est pas une autobiographie. (Un exemple d autofiguration: les Romanesques d Alain Robbe-Grillet II)) [ ] est-ce vraiment une autobiographie? se demandait l auteur (probablement pluriel) du texte de 4 me de couverture du Miroir qui revient. Pour d tourner un slogan publicitaire nagu re - ou d j , jadis - populaire: de l autobiographie, les Romanesques ont la couleur, l odeur, la saveur, mais ne sont pas r ellement de l autobiographie; tout au plus du Canada Dry d autobiographie. Toutefois, l int r t de la trilogie provient pr cis ment en grande partie de cette dialectique de l accord et de l cart, de la phase et du d phasage, avec cette forme canonique - dont il peut tre utile de rappeler la d finition qu en propose Philippe Lejeune, la crois e des trois param tres fondamentaux que sont la forme du langage, le sujet trait et la situation de l auteur: [ ] nous appelons autobiographie le r cit r trospectif en prose que quelqu un fait de sa propre existence, quand il met l accent sur sa vie individuelle, en particulier sur l histoire de sa personnalit . Lire la suite Le tombeau d' dipe, entretien avec William Marx William Marx, vous tes professeur de litt rature compar e l universit Paris Ouest Nanterre La D fense et auteur de nombreux ouvrages consacr s la litt rature contemporaine, notamment : Naissance de la critique moderne (2002), L Adieu la litt rature (2005), Vie du lettr (2009). Dans votre dernier livre, Le Tombeau d dipe, paru aux ditions de Minuit en 2012, vous quittez l poque de la modernit , qui tait votre principal domaine de recherche, pour vous int resser la trag die grecque. Ce n est pas la premi re fois que vous choisissez de changer d poque ou d angle de vue: si une logique naturelle semble conduire de l uvre d Eliot et de Val ry (Naissance de la critique moderne) la r flexion sur l volution de la litt rature moderne (L Adieu la litt rature), le lien entre cette derni re et le questionnement qui constitue l essentiel de Vie du lettr para t moins vident. Ce parcours scriptural r v le, me semble-t-il, au-del d une vidente libert intellectuelle, un d sir de jeu, peut- tre aussi une volont de prendre des risques. Comment choisissez-vous les sujets de vos livres? Ne craignez-vous pas d tre critiqu pr cis ment pour l inconstance de vos amours ? Il y aurait deux mani res de r pondre cette question et toutes les deux sont galement justes (c est d j l ma tendance vouloir tenir ensemble ce qu on oppose habituellement). D une part, m me l poque du mariage pour tous, nul n est encore oblig d pouser son objet de recherche et de lui jurer fid lit pour le meilleur et pour le pire. J admets bien volontiers l accusation d inconstance, quoique en pr f rant le terme plus fleuri et moins moralement connot de papillonnage ou de butinage. C est d abord l expression d une incapacit , que j avoue bien humblement, creuser et approfondir le m me th me au fil de plusieurs livres. Mes id es ne sont pas nombreuses, une par objet ou peu pr s: une fois celle-ci exprim e, il vaut mieux pour moi passer un autre objet plut t que de revenir labourer le m me sillon. Lire la suite le mythe du grand silence, entretien avec F. Azouvi Fran ois Azouvi, vous avez une uvre consid rable dans laquelle vous c toyez notamment Descartes et Bergson. Comment votre r flexion propos de la construction du savoir sur le g nocide des Juifs s inscrit-elle dans votre parcours de philosophe? Dans Le Mythe du grand silence, vous proc dez, comme dans vos ouvrages pr c dents bien que de mani re diff rente, une restitution du contexte intellectuel qui entoure les repr sentations que vous analysez. Est-ce en philosophe que vous vous tes attel la remise en question de ce mythe? Autrement dit, quels outils avez-vous engag dans cette enqu te? Il y a moins de diff rence entre mes pr c dents livres et celui-ci, qu'il n'y para t. Ce qui m'int resse, dans tous les cas, c'est la fa on dont une oeuvre, une doctrine, ou, en l'occurrence, un v nement, investissent une soci t , deviennent une repr sentation commune. Ce n'est pas proprement parler de la philosophie, plut t de l'histoire intellectuelle Lire la suite Entre litterature et cinema : Entretien avec Jean Cleder Frank Wagner: Que ce soit dans l introduction ou la conclusion de votre ouvrage, ou encore dans le corps m me de certains chapitres, vous insistez r guli rement sur la n cessit du d centrement , du d cloisonnement , et situez clairement votre r flexion l intersection des disciplines (p. 204) traditionnelles que sont les tudes litt raires et les tudes cin matographiques. Pour inaugurer nos changes, et avant que nous n envisagions diverses implications d une telle revendication d indisciplinarit - pour peu que le mot d Yves Citton vous paraisse applicable votre d marche - pourriez-vous revenir sur les raisons qui vous ont conduit d saxer [ainsi] la r flexion (p. 203)? Jean Cl der: Je pourrais dire pour commencer qu il s agit d une approche comparatiste : en rapprochant pour les comparer des objets qui sont rang s s par ment dans notre culture (depuis la culture populaire jusqu la recherche universitaire), on aper oit des processus (de construction du sens par exemple) qui demeurent invisibles s par ment. Mon travail est donc d abord un travail de d cloisonnement et de d -classement qui constitue une premi re tape: partir du moment o les objets sont d -rang s et le cas ch ant r -assortis, on peut commencer travailler. Pour prendre un exemple, les tudes cin matographiques n gligent autant la production textuelle de Jean-Luc Godard (qui est consid rable), que les composantes verbale et litt raire de son cin ma limitant de facto l intelligence de ses films: l image de Jean-Luc Godard est fortement construite de mots, mais aussi par des processus de figuration d inspiration verbale et litt raire, que lui-m me a forg s en crivant. Lire la suite... Les fictions du possible: Entretien avec Fran oise LAVOCAT Voici le premier ouvrage de r f rence en fran ais sur la th orie des mondes possibles appliqu e la litt rature, dans une perspective diachronique large. Qu'est-ce qu'un monde de fiction? Dans quelle mesure une th orie n e dans le cadre des math matiques, de la logique et de la s mantique peut-elle clairer les rapports entre les mondes de la fiction, entre la fiction et le monde? Que permet-elle de dire de l'influence de la fiction sur les croyances, et des usages existentiels et moraux qu'en font les lecteurs? La th orie des mondes possibles est ici confront e des uvres qui n'appartiennent pas toutes aux domaines traditionnellement envisag s comme mondes alternatifs. De Rabelais Woody Allen, de Cervant s Philip Roth, de Charles Perrault Paul Val ry, la th orie des mondes possibles est mise l' preuve d' uvres et d' poques pour lesquels elle n'avait pas t initialement pens e. Est ici propos e une histoire des mondes de la fiction qui prenne en compte leurs configurations r f rentielles, variables selon les genres, les cultures et les temps. Lire la suite... Le schisme litteraire des temoignages de la Grande Guerre (Fr D rik detue) Je voudrais pr senter dans cet article un r sultat de ma recherche en th se de doctorat, tel que je l ai expos en mars 2012 dans un colloque consacr Ce que le document fait la litt rature . Ce r sultat concerne en l occurrence un type de document particulier, qui est le t moignage de crime de masse. Je soutiens en effet dans la th se que l art du t moignage cr e un schisme litt raire au XXesi cle, et ce, d s l poque de la Premi re Guerre mondiale. Il me para t important de probl matiser cette id e avant de la d velopper, de fa on en claircir les enjeux; le n ud du probl me qu elle pose tant videmment le terme de schisme . Le constat sur lequel se fonde l nonc de cette id e, c est que l on assiste un double av nement, avec la Premi re Guerre mondiale: l av nement, avec la guerre en elle-m me, avec la mort de masse dans des proportions jamais atteintes, de ce que Miguel Abensour appelle la terreur moderne ; et corr lativement, l av nement, avec la masse de t moignages de cette guerre, d un nouvel art d crire, ou d un nouveau genre. Quant ce second av nement, il me para t important de souligner qu il est r v l magistralement par une publication de 1929 que le XXesi cle a ignor e presque enti rement et que l on red couvre heureusement depuis sa r dition en 1993 par les Presses universitaires de Nancy; je parle ici du livre T moins de Jean Norton Cru, pr sent par l auteur comme un Essai d analyse et de critique des souvenirs de combattants dit s en fran ais de 1915 1928 . Lire la suite Introduction la m thode postextuelle : Entretien avec franc Schuerewegen Frank Wagner: Franc Schuerewegen, la notice bio-bibliographique reproduite en t te de votre dernier ouvrage en date vous pr sente comme th oricien litt raire, sp cialiste de Balzac , et pr cise que vous avez entam une vita nuova de chercheur proustien . Pourriez-vous quelque peu pr ciser les grandes tapes du parcours qui vous a conduit l invention de ce que vous nommez la m thode postextuelle ? Franc Schuerewegen: Cher Frank, vous avez l art de la premi re question juste et pr cise. J ai t balzacien, en effet, j ai m me publi , comme auteur, deux livres sur Balzac. Le premier tait ma th se, le second, une sorte d adieu la Balzacie. Le second livre a t crit cause du premier. Je crois, en somme, que je suis fondamentalement, dans les choses intellectuelles, un nomade. Je sais bien que, dans la tradition universitaire fran aise, on est sp cialiste de son auteur et qu on en est sp cialiste pour la vie. J entends encore dire j tais alors jeune balzacien par une coll gue bien plus g e que moi, avec une fiert assum e, cela fait vingt-cinq ans que je suis dans Balzac . Cela m avait presque choqu l poque. Comment peut-on se glorifier d une monomanie? Mon parcours , comme vous dites, est diff rent. J ai crit sur Balzac, je viens de faire un livre sur Proust, j ai publi des tudes sur Racine, Cazotte, Houellebecq, et bien d autres crivains. J ai aussi fait un livre de litt rature compar e, sur le t l phone, avec des chapitres sur Kafka, Joyce, Rilke, Mann (A distance de voix. Essai sur les machines parler, 1994). En somme, la vita nuova est pour moi comme une r gle d ontologique : vous prendrez soin de ne jamais vous enfermer dans un auteur, de lire plusieurs auteurs, plusieurs textes, plusieurs traditions, plusieurs langues la fois. La m thode postextuelle, comme je l appelle, peut aussi tre comprise dans ce contexte-l . Lire la suite. frank wagner : Le moi qui revient (Un exemple d autofiguration : les Romanesques d Alain Robbe-Grillet (I)) Je n ai jamais parl d autre chose que de moi Sous la plume d Alain Robbe-Grillet, au d but du Miroir qui revient, une telle formule avait tout pour surprendre, voire pour scandaliser - ce qu elle ne manqua d ailleurs pas de faire. D aucuns y virent en effet l indice d une l che palinodie puisque, la faveur de cette assertion, pr ludant un ouvrage en apparence autobiographique, du moins pour qui n y regardait pas de trop pr s, le pape du Nouveau Roman paraissait br ler ce que nagu re encore il avait ador . Comme on pouvait s y attendre, nombre de lecteurs et de critiques se montr rent donc r ticents face l id e paradoxale que celui qu ils tenaient, sur la foi de ses propres d clarations, pour un autre chantre de la mort de l auteur , doubl d un crivain anti-expressif, anti-intentionnaliste et r solument formaliste, ait pu d s l origine de son uvre se prendre pour sujet de ses crits. Et de tenir, par voie de cons quence, l auteur des Gommes pour coupable d une ni me provocation En la mati re, qui avait tort, qui raison? Il n est pas certain qu une telle question s impose, tant la notion de v rit appara t sujette caution dans le domaine de l activit critique; mais je la retiendrai malgr tout, et me ferai volontiers, pour diverses raisons, l avocat du diabolique Robbe-Grillet. Lire la suite... Karl Zieger : Arthur Schnitzler et la France 1894-1938 : enquete sur une reception Parmi les crivains autrichiens qui ont marqu le tournant du XIXe au XXe si cle, Arthur Schnitler est aujourd'hui, en France, l'un des plus connus. Si une partie de son oeuvre a t traduite en fran ais d s 1894, la r ception de celle-ci par la critique et le public fran ais a connu des hauts (les ann es 1925 1933, notamment, et depuis 1981) et des bas (les ann es 1914/1920 et 1940 1970). Cette r ception a t surtout partielle, laissant de c t , jusqu'aux ann es 1980, le grand roman viennois (Der Weg ins Freie [Vienne au cr puscule]) et des grandes pi ces plusieurs actes (p ex Das weite Land [Terre trang re]). Pour mieux saisir les particularit s de l'accueil fait Schnitler en France, le pr sent livre propose une enqu te fouill e sur les motivations et raisonnements des traducteurs, diteurs et directeurs de th tre. Il consacre d'abord une large place aux relations fran aises de Schnitler, avant de dresser la chronologie des publications et des repr sentations et avant d'analyser sa r ception critique. Celle-ci permet de se faire une id e de l'image que la critique litt raire fran aise des ann es 1890 aux ann es 1930 avait de l'Autriche et de sa culture, mais aussi, plus g n ralement, de son attitude vis- -vis d'une litt rature trang re. Suite... S.-Y. Kuroda: etude du marqueur de topique wa dans les passages de romans de Tolsto , Lawrence et Faulkner (en traduction japonaise, Evidemment) Je me permets de signaler simplement ici que dans deux articles publi s pr c demment[1], j ai compar la distinction entre les phrases topicalis es et non topicalis es par wa en japonais[2], et la distinction entre le jugement th tique et le jugement cat gorique dans la th orie du jugement et la th orie grammaticale de Brentano-Marty. Cependant, au lieu de distinguer, comme le font Brentano et Marty, deux types de jugements, je consid re que cette distinction constitue un probl me s mantique au sens propre du terme (concernant la structure s mantique). On peut rappeler que Brentano d finit le jugement cat gorique comme un jugement double , compos de la reconnaissance du sujet et du jugement reliant le pr dicat au sujet. Mon intention dans cet article est d essayer de rendre compte de certains usages de wa en utilisant la notion de jugement double , prise dans une acception l g rement diff rente de celle de Brentano et Marty, puisque consid r e comme une notion s mantique. La question de savoir comment cette caract risation s mantique de wa peut permettre d expliquer ses propri t s pragmatiques ou discursives constitue une question diff rente. Suite... Vox poetica publie Depuis dix ans Vox Poetica suit, sa modeste fa on, l actualit de la recherche. Elle propose r guli rement ses lecteurs des entretiens, des articles ou des extraits d ouvrages majeurs sans jamais mettre sur le devant de la sc ne la personnalit ou le travail de ceux qui la font vivre. Aujourd hui elle a d cid de faire exception la r gle et d annoncer la sortie en librairies des ouvrages de deux de ses membres. Alexandre Prstojevic publie un essai sur la litt rature testimoniale: Le T moin et la biblioth que. Comment la Shoah est devenue un sujet romanesque ( ditions C cile Defaut). En collaboration avec Luba Jurgenson, il est galement l auteur d un ouvrage collectif intitul Des t moins aux h ritiers. L criture de la Shoah et la culture europ enne ( ditions Petra). La gen se de ces deux livres est troitement li e aux d bats scientifiques qui se sont d velopp s au fil des ans dans le cadre du s minaire R cit, fiction, Histoire dirig par Jean-Marie Schaeffer, Alexandre Prstojevic et Luba Jurgenson l Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales. Le temoin et la bibliotheque L aboutissement d une longue enqu te, Le T moin et la biblioth que ( ditions C cile Defaut) restitue les conditions d apparition et de formation d une litt rature authentiquement romanesque de la Shoah. Il explore la fa on dont le proc s d Adolf Eichmann J rusalem et la publication du Sang du ciel de Piotr Rawicz en constituent un moment charni re: partir de 1961 en effet, les auteurs europ ens touch s par le g nocide des Juifs ne cesseront plus d exp rimenter les limites du roman en s inspirant de l esth tique de la modernit litt raire h rit e de James Joyce, de Virginia Woolf, de Marcel Proust. Leur travail po tique conduira l int gration de la Shoah jusqu alors vacu e la marge de la vie litt raire, tant elle tait vue comme une question essentiellement historiographique, juridique ou thique dans le fonds th matique de la litt rature occidentale, y compris celle de fiction. Cette conqu te du roman r alis e par Rawicz, Ki , Perec, Kert sz, Sebald offrira ainsi un solide point d appui une nouvelle g n ration d auteurs (A. Tuszynska, D. Mendelsohn, J. S. Foer, Y. Haenel, J. Littell...) qui, dans les ann es 2000, montera sur la sc ne litt raire pour prendre le relais souvent pol mique des t moins disparus. Lire l'extrait de l'ouvrage DES TEMOINS AUX HERITIERS Des t moins aux h ritiers. L criture de la Shoah et la culture europ enne, ouvrage issu d un colloque organis en 2009 dans le cadre des activit s du CRAL (Centre de recherches sur les arts et le langage - CNRS/EHESS) est une tentative de penser l criture de la Shoah dans son historicit , la fois comme v nement objectivement survenu dans le pass , exp rience personnelle de celui qui y a pris part, r cit que la science en fait et m moire qui mod le la culture dans laquelle cette transmission s inscrit. L axe principal d interrogation est celui du rapport entre l v nement survenu, sa mise en r cit (historiographique, testimoniale, litt raire) et la culture. partir des uvres portant sur l extermination des Juifs d Europe perp tr e pendant la Seconde Guerre mondiale, des sp cialistes venant d horizons divers historiographie, litt rature, mais aussi sociologie, esth tique, philosophie, histoire de l art tentent de saisir dans un dialogue interdisciplinaire la logique des rapports complexes entre plusieurs formes de connaissances et de transmission de la Shoah. Il s agit ici de rendre compte non plus des conditions qui ont rendu possible un tel v nement, mais de la mani re dont il est v cu, puis narrativis , ainsi que du cadre m me de son mergence. Comment une exp rience historique (celle du t moin, du survivant) aboutit-elle une connaissance partag e par tous? Quelle en est la gestion symbolique pratiqu e par nos institutions? Enfin, comment une exp rience historique devient-elle, pour le lecteur aussi une exp rience artistique? Quand et comment s op re le passage du dire testimonial un r cit clairement form partir d un projet po tique? Quelles cons quences ce passage a pour la connaissance de la Shoah? Enfin, peut-on parler d une po tique des r cits de la Shoah? Fictions transfuges (Entretien avec Richard Saint-Gelais) Dans Fictions transfuges (Paris, Ed. du Seuil, novembre 2011, Po tique .), vous travaillez sur un objet, la transfictionnalit et ses enjeux qui, pour n avoir rien de marginal (p. 532), n en para t pas moins original. Pourriez-vous, dans les grandes lignes, voquer l arch ologie de vos travaux sur la notion de transfictionnalit , et plus pr cis ment la gen se m me du projet qui a abouti l criture de cet ouvrage? Arch ologie en effet car, m interroger sur les d buts de ce projet qui m aura occup quelques ann es, je retrouve, justement, des d buts, superpos s comme des strates dont les implications ne sont parfois apparues que longtemps apr s. Comme bien des bambins (et plusieurs adultes sans doute), j ai t marqu par ce qui m appara t maintenant comme des ph nom nes de travers e des fronti res encadrant la fiction: une visite au salon de l auto de la ville voisine o l on exposait la voiture de Batman; des jeux d enfant bas s sur des objets dans lesquels je vois, r trospectivement, des artefacts transfictionnels, comme les mod les r duits des vaisseaux des Sentinelles de l air. Ces mat rialisations de ce qui ne se trouvait jusque-l que sur l cran d un t l viseur exer aient une fascination que j prouve encore; conceptualiser la chose, comme je m y emploie aujourd hui, a moins vis dissiper cette fascination, y substituer un discours th orique, qu la prolonger travers ce dernier. Lire la suite le comparatisme comme hermeneutique de la dEfamiliarisation (Fran oise lavocat) Il n est peut- tre pas de discipline, dans les sciences humaines, o les chercheurs se soient pench s de fa on aussi r p t e sur leurs m thodes et leur l gitimit que la litt rature compar e. L id e d une crise permanente de la discipline[2] a m me pris dans les dix derni res ann es un tour plus radical, avec l annonce de sa mort (Spivak, 2003), videmment suivie par celle de sa renaissance (Damrosh, 2006)[3]. Les enjeux de cette r flexivit ne sont pas, et n ont jamais t , purement scientifiques: ils r percutent des conflits id ologiques et d clinent des rapports de forces entre pays, aires culturelles, sph res de pens e, dans une monde r cemment devenu, on l a assez dit, multipolaire. Lire la suite L Europe et ses memoires. Resurgences et conflits (Enzo Traverso) En d cembre 2007, l'issu d un long d bat qui a touch en profondeur la soci t civile, les Cortes espagnoles ont vot une loi de reconnaissance et de r paration tout au moins symbolique pour les victimes des crimes perp tr s sous la dictature franquiste. On pourrait longuement discuter des vertus et des limites de cette loi, mais ce qui frappe le plus, d un point de vue historiographique, c est d abord son appellation d usage: loi de m moire historique (ley de memoria hist rica), car elle r unit deux concepts, m moire et histoire, que les sciences sociales ont essay de s parer tout au long du xxe si cle. Depuis Maurice Halbwachs jusqu Aleida Assmann, en passant par Pierre Nora et Josef H. Yerushalmi, il est imp ratif, dans les sciences sociales, de ne pas les confondre. (Lire la suite) Autorit et responsabilit de l crivain(G. Sapiro) Selon Michel Foucault, la fonction-auteur est un principe de classification des discours l attribution d une s rie de discours un nom propre d auteur qui se caract rise par le fait qu elle est objet d appropriation. Historiquement, l appropriation de l uvre comme propri t par son auteur ne fut que secondaire par rapport cet autre type d appropriation ou d imputation de paternit qu est la responsabilit p nale. Avant d tre un bien, un produit, explique Foucault, le discours a t un acte, susceptible d tre puni. Lire la suite L'histoire comme champ de bataille (entretien avec E. Traverso) Enzo Traverso, vous tes professeur de sciences politiques l Universit de Picardie (Amiens) et un minent sp cialiste de la question du totalitarisme au XXe si cle. Parmi vos ouvrages les plus connus, l on peut citer La Violence nazie (La Fabrique, 2002), feu et sang. La guerre civile europ enne 1914-1945 (Stock, 2007), Les Juifs et l Allemagne (La D couverte, 1992), Siegfried Kracauer. Itin raire d un intellectuel nomade (La D couverte, 1994), Le Pass : modes d emploi. Histoire, m moire, politique (La Fabrique, 2005). Vous venez de publier, aux ditions de La D couverte, L Histoire comme champ de bataille. Interpr ter les violences du XXe si cle. Qu est-ce qui a motiv la r daction de cet ouvrage ? S agit-il v ritablement d un livre engag , comme vous l crivez dans votre pr face, ou plut t d une r flexion m thodologique qui, dans le contexte intellectuel actuel, devient de facto un acte d engagement ? Vous consid rez-vous comme un historien engag ? Lire la suite

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