LE CONFLIT - Approches du conflit : philosophie, religion, psychologie, sociologie, arts, dfense, a

Web Name: LE CONFLIT - Approches du conflit : philosophie, religion, psychologie, sociologie, arts, dfense, a

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ID:96016

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religion,philosophie,psychologie,

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LE CONFLIT - Approches du conflit : philosophie, religion, psychologie, sociologie, arts, d fense, anthropologie, conomie, politique, sciences politiques, sciences naturelles, g opolitique, droit, biologie Journal mensuel dubitatif paraissant Nice (mais pas seulement), comme il se pr sente, Mouais se veut informatif, humoristique et critique. Il rassemble les efforts de divers m dias locaux (Pilule rouge, T l Chez Moi, La Marmotte d rout e, Radio chez moi) d sireux de cr er un journal d information ind pendant et critique, qui se situe tr s loin du journalisme de pr fecture, qui sorte des sentiers battus, aille gratter l o a d mange, et faire du bruit l o le silence devient pesant. A travers enqu tes, billets d humeur, reportage, chroniques, il entend porter la critique loin et fort. Ainsi le num ro 67, de mai-juin 2020, propose de r fl chir ce que ressemblera Nice apr s l ultime d confinement, quand l cologie libertaire aura succ d au capitalisme. Autant de chroniques d anticipation dat es de mai 2025, contant l autogestion, le salaire vie, le municipalisme, l galit des genres... Ce journal t moigne de la vivacit tenace d un courant cologique et autogestionnaire qui met au d fi tous ceux qui auraient bien aim mettre dans les archives ces utopies-l . L quipe du journal revendique fortement le titre de v ritable m dia, opposable toutes ces vedettes du show biz et de la t l information, centr sur les r alit s locales et tr s loin de la pratique de ces journaux aux propri taires attach s au syst me capitaliste... Sa diffusion compte sur le dynamisme de nombreux relais locaux, lieux de lutte et librairies ind pendantes dans la r gion ni oise. Misant autant sur sa pr sence sur internet que sur sa parution sur papier, le mensuel se veut un l ment de d fense de la vie association et des m dias alternatifs.Mouais, Site Internet : Mouais.org Alors que maints efforts sont consacr s exploiter les archives de la bataille de Verdun, peu de films et documentaires sont consacr s ces quatre batailles men es par les bellig rants autour de la ville d Ypres (Belgique). Les quatre batailles d Ypres - la premi re plus connue sous le nom de bataille des Flandres en 1914 qui cl t la course la mer des arm es allemande et alli es ; la seconde en avril-mai 1915, deuxi me tentative allemande de prendre la ville, celle o furent utilis s la premi re fois les gaz de combat toxiques ; la troisi me, appel e encore bataille de Passchendaele, en juillet-novembre 1917, nomm e encore deuxi me bataille des Flandres ; la quatri me encore appel e bataille de la Lys ou d Estaires, une partie de l offensive allemande pour reprendre Ypres en avril 1918 - font de cette ville un enjeu majeur, verrou pour l entr e en France par le Nord des troupes allemandes. Toutes sold es par une victoire des Alli es, elles furent particuli rement co teuses en vies humaines.- Le documentaire belge The Salient, sous-titr parfois Ypres, la bataille de la derni re chance, de 2015, r alis par Luc CUYYERS, avec Ranulph FIENNES comme narrateur, structur comme un requiem, montre des deux c t s, les diff rentes horreurs commises par les tats-majors. De 84 minutes et en couleur- La bataille de Passchendaele, film canadien sorti en 2008, de l auteur-r alisateur Paul GROSS, parle de l histoire d un soldat, grand p re de ce dernier, appartenant au 10e bataillon du corps exp ditionnaire canadien durant cette bataille. Renvoy la maison pour cause de neurasth nie, il rencontre une infirmi re, Sarah MANN, Galgary, ville o il s tait engag . C est pour prot ger le fr re de celle-ci, manipul par un officier-recruteur, que Micha l DUNNE se r engage et participe cette bataille, et y laisse d ailleurs la vie en ayant r alis la mission qu il avait promis de remplir. Dot de gros moyens, subventionn par le gouvernement albertain, le m trage de 114 minutes retrace bien l ambiance au Canada et la nature des combats dans les tranch es. Il a t accueilli par les critiques de fa on disparate en moyenne.FILMUS Pascal TOZZI, professeur l universit de Bordeaux Montaigne, habilit diriger les recherches en science politique, en commen ant la r daction de ce livre, savait qu il s attaquait une entreprise difficile... M me parmi les familiers et les militants de la non-violence, il apparait difficile de l utiliser contre le terrorisme. C est ce que l auteur d cide de combattre, cette id e que contre le terrorisme, on ne peut pas grand chose d autres qu apporter des r ponses polici res et militaires... Comme il l crit dans son Avant-propos, un constat simple est l origine de notre r flexion : le terrorisme se nourrit de violences. La sienne propre, par laquelle il se manifeste de fa on dramatique, celles qui en constituent le terreau initial, mais aussi les autres, d ploy es par nos d mocraties face la menace, qui se voient in vitablement recycl es dans les harangues pr tendant justifier de nouveaux attentats. Autour du projet commun ces diverses entreprises, savoir l an antissement de l ennemi, la violence engendre la violence. Avec; en outre, des r actions s curitaires et guerri res de la part des tats d mocratiques qui ne vont pas sans risques pour eux-m mes, d s lors qu elles r alisent une partie du projet terroriste : d stabiliser durablement nos soci t s, branler profond ment les principes humanistes et humanisant d un vivre-ensemble cens orienter, en principe, l action politique. L auteur aborde ce qu il consid re l une des r ponses opposables ces sc narios d enviolentement : celle qui s attache en tarir le principal carburant : les formes de violences qui alimentent le terrorisme ou en potentialisent les effets. Il entend explorer les possibles d une r sistance non-violente qui proc de cet ass chement sur le long terme. D ores et d j , ouvrir une telle alternative est un moyen d enrichir le d bat citoyen au-del de ses modalit s de basse intensit , des r ductions et des angles morts qui en r tr cissent les perspectives. Avec en corollaire, une mise l preuve in vitable de la non-violence elle-m me dans sa capacit convaincre de sa recevabilit , produire un sens renouvel , des propositions r alistes en contexte de crise, sans tre la solution, peut-elle r ellement participer des solutions? Face cette question, il tait n cessaire de revenir sur les positions et options dominantes qui sous-tendent la lutte contre le terrorisme, d abord en les questionnant dans leur rapport violence/efficacit et dans leur bilan co t/avantages, ensuite en consid rant surtout comme non acquis certains pr suppos s et pr d coupages - motionnels, id ologiques, politiques ou autres - qui orientent les mani res, individuelles et collectives, d appr hender le terrorisme et de le traiter politiquement. Car si bon nombre de ces repr sentations sont aujourd hui favorables la violence, elles restent, comme toutes constructions sociales, des productions discutables. L auteur se propose donc de proc der des d constructions et de proposer un changement de paradigme en voquant d autres mani res, non-violentes, de concevoir le probl me, donc de l appr hender. Vaste programme! Comme pour d autres ph nom nes de violence politique, l auteur met en relief cette probl matique entre violences structurelles et violences physiques que nous avons d j eu l occasion d voquer. Il insiste sur le sens de termes souvent utilis s tort travers, dans une sorte d emballement fr n tique et ultra-rapide - on l a encore vu r cemment - d abord par les m dias, ensuite par les diff rentes forces politiques en pr sence, o les arguments sont souvent, sous forme de commentaires de commentaires de commentaires, instrumentalisent fortement les situations d attentats terroristes . Si les facteurs de l enviolentement sont complexes, faits d v nements, de situations mais aussi de trajectoires de groupes ou d individus, il existe une sorte d norme arm e de r serve comme diraient des marxistes, constitu e de ces millions d enfants traumatis s, au Moyen-Orient notamment. D sh rences, humiliations, d racinements sociaux et conomiques existent foison, y compris au coeur de nos soci t s, dans lesquels puisent de grands experts en manipulation des esprits la recherche d une arm e tout court. Les clich s du fanatisme aveugle, de la folie individuelle et collective, sont heureusement de nos jours att nu s chez les responsables politiques de tout bord, sans avoir compl tement disparus : les expressions fous de Dieu , notamment propos des islamismes radicaux (qui peuvent d ailleurs tre antagonistes) sont encore utilis es dans n importe quel sens et dans n importe quelle circonstance, nonobstant les faits simples tablis lors des enqu tes qui suivent les attentats et dont le compte rendu est souvent clips s par les tumultes des pol miques.Sans nier, et l auteur l crit bien, l existence de r elles radicalisations et l illusion chez des auteurs de terroristes de bouleverser le monde par des actes parfois tr s isol s ou de trouver le paradis, il s agit de clarifier quelles peuvent tre les actions qui suppriment toute illusion ce propos... Tout d abord, d veloppe Pascal TOZZI, refuser la violence mim tique, c est- -dire r sister la tentation de rendre notre violence l gitime, chose laquelle s attache souvent avant tout, que ce soit justifi r ellement ou pas, aid par la rh torique habituelle des tats, les gouvernements souvent pris au d pourvu, surtout notre poque d usage a minima de leurs pr rogatives r galiennes, n o-lib ralisme oblige..., conduire le d sir de nous venger, r cuser la torture comme moyen de lutte contre la barbarie, exclure la r gression judiciaire, notamment d un retour la peine de mort, abandonner les ex cutions militaires l tranger, ne pas payer en d g ts collat raux le tribut de la vengeance, refuser de r pondre aux morts par l limination symbolique (entendre l exclusion de la nationalit -, s opposer la guerre comme r ponse la violence terroriste (notamment parce que les territoires et les populations vis s sont ensuite d vast s, introduisant les germes de nouveaux d sordres comme actuellement au Proche-Orient, suite aux guerres d Irak)... Ensuite, d velopper une v ritable non-collaboration, commencer r duire la peur, repousser la terreur, c est- -dire exactement l inverse de ce que font nombre de m dias et de pouvoirs publics, et pour cela s en tenir simplement aux faits suffit, tellement des attentats apparaissent d risoires (au couteau!) par rapport aux enjeux voqu s la fois par les criminels, les m dias et les appareils policiers des tats. Il s agit par l de prot ger nos libert s en refusant que l exception ne devienne la r gle - il n a chapp personne qu un incident isol et isolable sert de pr textes p renniser des mesures d urgence, d alerte... Refuser aussi de transformer tout le monde en suspect, viter de transformer par l nos soci t s en soci t s de surveillance - pour le plus grand profit de soci t s semant partout leurs moyens d espionnage des citoyens, moyens bien commodes pour contr ler dissidences et oppositions (politiques ou morales...). C est simplement remettre les services de renseignement et de police leur vraie place, celle d o elles peuvent r ellement prot ger les citoyens - il n a pas chapp grand monde, l encore qu en regard des milliards distribuer en moyens de surveillance tous azimuts, y compris informatiques, des zones enti res sont tomb s dans l ombre... Mais il ne s agit pas seulement de s opposer des dynamiques anti-d mocratiques par essence et sur de longues p riodes. Il s agit aussi par l ducation et un travail de conscientisation citoyen d accueillir et de reconnaitre l autre, tant aujourd hui les moments de circulation des populations et des personnes sont devenus importants partout dans le monde. Les mouvements de migrations ont toujours t irr versibles dans l histoire et ce n est pas avec quelques contr les des fronti res et quelques outils informatiques vou s aux piratages continuels qu on changera ce fait... Cultiver la tol rance contre le dogmatisme et la radicalisation est imp ratif, et il ne s agit pas de se payer de mots et de pleurnicheries apr s des attentats, mais de r aliser des actes et de d y mettre des moyens r els. D fendre la la cit contre les clivages int gristes ne consiste pas seulement fermer des lieux de cultes, interdire de s jour des pr cheurs extr mistes, mais aussi de lui redonner tous ses sens politiques, id ologiques (n ayons pas peur des mots non plus...), conomiques et sociaux. notre auteur insiste surtout sur les aspects moraux, qu il s agit d ancrer dans les mentalit s, au-del des croyances et des non-croyances... Dans son esprit, duquer la non-violence et la paix, c est un ensemble de processus qui reviennent souvent r former profond ment nos soci t s.Pascal TOZZI, La non-violence face au terrorisme, une alternative pour rompre la spirale de la violence?, ditions Charles L opold Mayer, 2019, 185 pages. Au moment de l pid mie du Covid-19, il n est pas inutile de rappeler les circonstances et les cons quences de l pid mie de peste qui ravagea l Orient et l Occident durant quatorze si cles. M me si dans le premier cas, on a affaire un virus, et dans le deuxi me un bacille, les pid mies forment des s quences d v nements et d enchainements sociaux, conomiques et politiques semblables. L ouvrage, dense, de l auteure plus connue sous le nom de Fred VARGAS, arch ologue de m tier, tout en retra ant l histoire de la peste, indique galement la remise sur le chantier d un certain nombre d hypoth ses passant jusque l pour des certitudes bien tablies. Au-del de sympt mes et de processus de diffusion semblables, les plus r centes recherches indiquent des vecteurs diff rents, puce de l homme, puce du rat, autres puces, l origine de la peste. Il apparait galement que la peste n est pas compl tement radiqu e, des cas (en 2002 New York, deux cas) apparaissant jusqu la fin du XXe si cle et au-del . L histoire de la peste, crit-elle, n est donc pas r volue et elle constitue une v ritable question d avenir. D autant que l irruption toute r cente de cette maladie, aux c t s de la variole et de l anthrax, dans le d bat mondial sur la guerre bact riologique, la propulse aux premiers rangs de l actualit , conf rant au sujet une acuit nouvelle. Certes , la d couverte du r le de la piq re de puce, la mise en place de mesures prophylactiques, la connaissance des foyers inv t r s et la mise au point de traitement de la maladie, lui ont port des coups d cisifs. Cependant, l absence de vaccin r ellement efficace et la r sistance nouvelle du bacille aux antibiotiques obligent l homme poursuivre activement sa bataille s culaire. Or, de l identification des puces vectrices d pend la compr hension de la cha n pid miologique et de la propagation de la maladie. A sa suite, c est videmment toute l orientation des mesures de prophylaxie, fondamentales dans ce combat, qui peut s en trouver tr s notablement modifi e. La lutte contre les puces de rat se m ne diff remment de celle contre les puces de l homme : aussi la connaissance exacte des insectes vecteurs est-elle un enjeu de premi re importance. L auteure indique bien l tendue du domaine de la peste, tendue qui accro t la difficult de son tude : sa dimension chronologique oblige sortir des champs cloisonn s de l histoire, son extension g ographique contraint d passer les bornes des continents, et l investigation ne peut tre conduite qu en croisant des champs disciplinaires ordinairement tanches . C est pourquoi, dans ce livre, elle aborde des l ments en provenance de disciplines diverses, entre dans les d tails arch ologiques, biologiques, m dicaux, zoologiques et entomologiques.... Elle reprend l histoire des phases successives de recherche effectu e depuis la fin du XIXe si cle, examine des th ories qui s affront rent et explique, in fine, la raison de certaines r actions des populations et des lites face cette maladie. Ainsi est clair e le contraste entre r actions de classes riches et de populations mis reuses.Elle apporte ainsi des explications int ressantes mais s arr te l . Tout en repla ant dans leur contexte certaines perceptions de la peste, elle n aborde pas les cons quences de tout ordre du d veloppement de ces pid mies. D importantes notes et une abondante bibliographie donnent des pistes pour un prolongement de l tude ce cette histoire des chemin de la peste.Fr d rique AUDOIN-ROUEZAU, Les chemins de la peste, Le rat, la puce et l homme, ditions Tallandier, collection Texto, 2020, 625 pages. Une premi re dition avait t r alis e en 2006 par les Presses Universitaires de Rennes. Dans leur r flexion sur les actions non-violentes, militants et auteurs d limitent, pour ne pas succomber la tentation de r pondre par la violence la violence aux activit s de l ennemi, une fronti re parfois poreuses. Jusqu o aller dans la lutte contre le syst me tout en respectant les principes de la non-violence? Depuis longtemps, la question se pose, et pas seulement pour les tenants de la non-violence (notamment pour ceux qui la lient une philosophie ou une religion) mais galement dans toute la mouvance pacifiste, depuis au moins le XIXe si cle. Les auteurs de trait s ou de r flexions sur la d sob issance civile en font tat, pas toujours avec les m mes formulations et conclusions (de THOREAU Lanza Del VASTO...)Le sabotage pour les militants et auteurs de la non-violence... Jean-Marie MULLER, dans son Dictionnaire de la non-violence, en fait l objet d une entr e. La destruction de biens mat riels peut-elle trouver sa place dans le cadre d une strat gie de l action non-violente? La violence perp tr e contre les biens mat riels n est pas immorale en soi : ils n en souffrent pas. Cependant, les propri taires de ces biens peuvent ressentir cette destruction comme une violence commise leur encontre. Par ailleurs, une telle destruction risque d indisposer une partie de l opinion publique et s av rer ainsi contre-productive par rapport la fin recherch e. Les actions de sabotage doivent donc tre particuli rement bien cibl es pour s int grer la dynamique d une lutte non-violente. En aucun cas, il ne peut s agir de d truire, seule fin de causer des dommages mat riels l adversaire. Le fait de casser des citrines de magasins ou de mettre le feu des voitures n a jamais fait avancer la moindre cause. De telles destructions ne peuvent que discr diter les casseurs aupr s de l opinion publique et servir justifier la r pression. Le sabotage non-violent ne peut avoir pour objectif que d emp cher l adversaire d accomplir une injustice en le privant des moyens qui lui sont n cessaires pour agir. Il est essentiel d tablir clairement que les biens d t rior s servent directement perp trer l injustice. Chaque fois que cela est possible, il fait d -construire plut t que d truire, d monter plut t que saccager, d faire plut t que casser. Tout particuli rement, le recours aux explosifs susceptibles de causer d importantes destructions est inopportun dans le cadre d une lutte non-violente. M me si toutes les pr cautions sont prises pour que ces actes de sabotage ne tuent ni ne blessent personne, par le fait m me qu ils ont la capacit technique de blesser et de tuer, ils seront probablement per us comme des actes de violence par l opinion publique qui les condamnerait comme tels. On cr erait alors un climat psychologique de peur qui ne permettrait plus la mobilisation du plus grand nombre. Le sabotage technologique qui consiste mettre hors d usage certains instruments ou certains quipements de l adversaire peut s int grer dans une strat gie de l action non-violente. Le plus souvent, il suffit d enlever telle ou telle pi ce n cessaire leur fonctionnement pour les rendre inutilisables. Ce qui est le plus appropri aux conditions d une lutte non-violente, c est de multiplier les sabotages discrets dont l effet paralysant peut tre tr s important. On peut accumuler les pannes mineures qui peuvent neutraliser des syst mes entiers. De m me,le piratage informatique peut mettre mal les moyens de communication de l adversaire. Pour emp cher un train de circuler, plut t que de faire sauter un pont, il est plus simple d enlever quelques pi ces n cessaires au fonctionnement de la locomotive. De m me, au cours d une gr ve, les ouvriers peuvent enlever telle ou telle pi ce d une machine afin qu aucun briseur de gr ve ne puisse la faire marcher. Il est bien qu ils en prennent le plus grand soin, en l huilant et la d posant dans un tissu, afin de pouvoir la remettre sa place le jour de la victoire... G n ralement, les actes de sabotage se feront en violation de la loi dont les dispositions garantissent la s ret des biens. Il reviendra aux r sistants d assumer les cons quences de leurs actes de d sob issance civile. Le probl me du respect de la propri t ... Souvent, ce n est pas tant le fait que le sabotage mette en danger des vies qui freinent les initiatives de nombre de militants et de leaders, qu un certain respect de la propri t , et notamment de la propri t priv e, comme le reprochent d ailleurs certains. L id ologie lib rale qui impr gne bien des esprits m lange dessein, dispositions l gislatives et administratives l appui, respect de la propri t et de la vie d autrui. Il faut, pour combattre des injustices ou des p rils collectifs, aller au-del de ce respect, et entreprendre un sabotage qui met directement en difficult le fonctionnement d un syst me.A l accusation d incivisme, de d linquance, voire de terrorisme ( et on sait que des m dias bien manipul s peuvent faire m langer les cat gories...), les auteurs de sabotages doivent toujours avoir l esprit les objectifs et les principes de leurs actions. La d sob issance, la non coop ration incluent une discipline, une capacit de faire prendre conscience et un sens des responsabilit s, allant jusqu l acceptation de sanctions (et m me une capacit d utilisation de ces sanctions m mes contre l adversaire...). Le sabotage entre dans une strat gie et n est pas r alis pour le plaisir de saboter... Et pr cis ment, dans les d rives de certaines actions de destruction se trouvent un plaisir de d truire, mal camoufl , r sultat d une haine qui embrouille tout sens de la r alit (et m me fait perdre de vue un objectif atteignable par l action). Les sp cialistes au service du pouvoir tabli ont alors beau jeu de d crire la psychologie des militants se livrant non seulement au sabotage dans le cadre de manifestations (se servant d ailleurs des manifestants comme de boucliers humains) mais galement au pillage... Or, jamais, dans l esprit des strat ges de l action non-violente, il n a jamais t question de brouiller les pistes et de m langer actions non-violentes et actions violentes dans les m mes lieux et dans les m mes temps. S il faut r aliser des sabotages, il faut le faire en dehors de toute manifestation de masse, et s attaquer plut t la propri t priv e l o c est vraiment efficace : l ments informatiques, lectroniques, m caniques du fonctionnement de la machine g n ratrice d injustices ou de p rils. Si l intention des casseurs de vitrine est manifestement de s attaquer aux fa ades de cette propri t priv e, inutile de casser des vitrines, de la bonne peinture tenace suffi, comme l ont montr certaines actions des casseurs de pub... Le spectaculaire ne rime pas forc ment avec violence.Le sabotage-non-violent... Faut-il, comme certains auteurs le sugg rent sans r ellement d velopper la question, discuter d une sorte de sabotage, le sabotage non-violent? Cette question ne rejoint pas celui du refus de la violence, absolu ou relatif. Car m me GANDHI, dans maints de ses propos (aux journalistes notamment) a signal que non seulement la contre-violence est n cessaire lorsque la non-violence est impossible, mais qu entre la violence et la passivit devant une injustice, seule la violence est justifi e, ce qui explique d ailleurs un certain nombre de ses positionnements politiques (pendant la seconde guerre mondiale notamment).Le sabotage est une cat gorie qui recouvre une myriade d actions et ne peut se qualifier que cas par cas. Tout d pend du cadre d actions et de leurs objectifs dans lesquelles il se situe. On ne connait que trop bien l emploi de moyens r pertori s comme non-violents, employ s pour pr parer des op rations politiques violentes (boycott par les nazis, d s 1933, des magasins juifs, gr ve des camionneurs pr parant le putsch du g n ral Pinochet au Chili, appel la d sob issance civile par le FIS alg rien dans les ann es 1980). Il est toujours n cessaire de ne pas id aliser les moyens non-violents et de rester vigilant sur les fins poursuivies, rappellent deux auteurs, par ailleurs militants non-violents, Christian MELLON et Jacques S MELIN...Christian MELLON et Jacques S MELIN, La non-violence, PUF, collection Que sais-je?, 1994. Jean-Marie MULLER, Le Dictionnaire de la non-violence, Le Reli Poche, 2014.PAXUS D lib r e, revue de r flexion critique sur la justice, le(s) droit(s) et les libert s est une revue anim e par le Syndicat de la magistrature. Co- dit e par La D couverte, labor e par un comit de r daction autonome associant part gale des magistrats engag s et des personnalit s aux parcours vari s (sociologues, historiens, militants associatifs, avocats, professeurs de droit, magistrat administratifs), illustr e par ds dessinateurs et ouverte des contributions diverse, la revue s adresse tous ceux qui s int ressent la justice. Ses animateurs veulent croiser les regards (praticiens, usagers, observateurs) pour embrasser la fois la th orie et la pratique, les discours et les institutions, et entendent traiter ces sujets non comme des questions purement techniques, mais comme des l ments et enjeux de soci t , comme des probl mes politiques. Chaque num ro est centr autour d un dossier, avec une section varia importante. La revue parait trois fois par an et chaque num ro comporte une centaine de pages. Elle aborde tant des sujets sp cifiquement fran ais que des questions internationales ou int ressant d autres pays. Le num ro 8 d octobre 2019 portait sur la justice environnementale. La r daction en chef et le secr tariat de r daction est partag entre Elsa JOHNSTONE, magistrat, juge d instruction au tribunal de grande instance de Paris et Anne-Laure MADURAUD, magistrat, un temps vice-pr sidente plac e aupr s de la Cour d Appel d Angers, tous deux membres du Syndicat de la Magistrature. A la t te d une petite vingtaine de membre d un comit de r daction. Rappelons que le Syndicat de la Magistrature est un syndicat professionnel de magistrats fran ais, fond en juin 1968, inspir des id aux de mai 1968 et du marxisme. Orient gauche, il d fend l ind pendance de l autorit judiciaire et tudie et promeut les r formes n cessaires pour y parvenir. Historiquement, il s agit du premier syndicat de magistrats cr en France. Il s inscrit depuis sa cr ation au coeur du mouvement social. Ses membres n h sitent jamais entrer dans les pol miques (y compris envers la hi rarchie judiciaire, commencer par le ministre de la justice) , si cela sert ses objectifs.Syndicat de la magistrature, 12-14, rue Charles Fourier, 75013 Paris, Site Internet : syndicat-magistrature.org ; revuedeliberee.org Ce livre n est pas consacr au sabotage du pipeline (m me si un manuel ne serait pas de trop tant donn les difficult s et les dangers de l entreprise - danger pour les personnes qui entreprennent quelque chose sur un pipeline, difficult s car nombre de s curit y son install es, notamment des confinement de tuyau en cas de perc e...), mais plus s rieusement aux moyens d action d ploy s par les diff rents mouvements contre le changement climatique depuis d j bien des ann es. Le maitre de conf rences en g ographie humaine en Su de et militant pour le climat Andreas MALM s inqui te d une certaine inefficacit au moment o la situation r clame des mesures de plus en plus urgentes. L auteur fait le constat que les classes dirigeantes de ce monde sont rest es sourdes ces signaux (du changement climatique). Si elles n ont jamais eu un peu de bon sens, elles l ont aujourd hui totalement perdu. Nous dressons nos campements de solutions durables. Nous faisons tourner nos cantines v ganes et tenons nos assembl es. Nous manifestons, nous bloquons, nous montons des pi ces de th tre, nous adressons des listes de revendications des ministres, nous nous encha nons aux grilles, nous nous collons au bitume, nous manifestons nouveau le lendemain. Nous sommes toujours parfaitement, impeccablement pacifiques. Nous sommes plus nombreux, incomparablement plus nombreux. Il y a maintenant un ton de d sespoir dans nos voix ; nous parlons d extinction et d avenir annul s. Et pourtant, les affaires continuent tout fait comme avant - business as usual. Et Andreas MALM, et il n est pas le seul dans la mouvance cologique, se demande quel moment nous d ciderons-nous ) passer au stade sup rieur? Il juge, l instar du romancier et essayiste John LANCHESTER, trange que les militants pour le climat n aient pas commis d actes de terrorisme, posant l) une question sans doute que les prochaines ann es trancheront, la violence tant souvent le r sultat d un d sespoir. Trop gentils, trop respectueux de la propri t priv e, et de la propri t tout court, les militants pour le climat s auto-limitent dans leurs moyens d action. Malgr toutes les manifestations, toutes les gr ves, tous les boycott, le business est toujours actif. Une bonne partie du mouvement pour le climat et la plupart de ses intellectuels fr miraient la seule id e d un au-del de la non-violence absolue, une doctrine particuli re s tant impos e en son sein : le pacifisme. L auteur d nonce ce pacifisme moral enseign par exemple par Bill MCKIBLEN, figure embl matique et organisateur infatigable du combat contre le changement climatique. Ce pacifisme moral codifi le plus rigoureusement par le mouvement Extinction Rebellion (avec Roger HALLAM, son fondateur et id ologue), pour encadrer tous les moyens utilisables. Et l auteur remonte au pacifisme strat gique dans les pays du Nord qui scintille de r f rences des luttes pass es pour d noncer cette mentalit et cette id ologie non-violentes. Pour lui d ailleurs, comme pour un certain nombre d autres auteurs - encore tr s minoritaires - les leaders et militants pensent surtout par comparaison avec ces luttes pass es, comparaison qui s accompagne - mais l il faut dire que nous ne le suivons que tr s peu - d une d formation historique des acquis (soit-disant selon lui) obtenus par des moyens non-violents (les luttes contre l apartheid, contre l esclavage, pour le droit des votes des femmes n tant pas exemptes de violences). S il est vrai que nous soyons parmi les premiers d plorer un certain romantisme occidental par rapport l action par exemple de GANDHI, bien plus politique que ne le raconte maints ouvrages ou oeuvres filmiques, il est parfaitement inutile d abonder une liste, comme l auteur le fait, des circonvolutions des activit s politiques des leaders habituellement qualifi s de non-violents (GANDHI, MANDELA...) du reste faite l aide de citations sorties de leur contexte... L o l auteur est le plus convainquant, c est lorsqu il met en avant l urgence des changements climatiques dont les effets pourraient tre irr versibles d ici une dizaine d ann es... Il est vrai que l exp rience des luttes non-violentes pass es n est que peu d utilit face ce p ril imminent, qu il aurait fallu combattre au moins d s les ann es 1950...A trop forc le trait, en disant par exemple que des auteurs (lesquels?) auraient crits que la r sistance non-violente avait t plus efficace contre Hitler pendant la seconde guerre mondiale que les troupes alli es, l auteur d cr dibilise quelque peu son argumentation. Dans l Histoire, tr s peu de leaders ont avanc la non-violence absolue comme la solution pour gagner une lutte, beaucoup en revanche ont h sit , tergivers et s ils sont venus opter pour la non-violence, quel que soit leur conviction profonde, c est souvent par efficacit politique... D aucuns ont m me plaid un moment pour des tactiques violentes (l exemple du combat conte l apartheid est sur ce point exemplaire) avant de s apercevoir qu ils alimentaient en fait les forces de r pression et les tendances r pressives au sein des pouvoirs d tat... De plus, le d bat sur le sabotage a travers aussi tous les mouvements non-violents proprement dits, bien plus t t d ailleurs que l ensemble de la mouvance contre le changement climatique, et beaucoup ont tranch : le sabotage est compatible avec l action non-violente (sous certaines conditions). C est ce qui donne un caract re un peu bizarre ce livre, qui semble enfoncer des portes d j ouvertes, en tout cas en Europe, et notamment en France (dans les pays anglo-saxons, le d bat est moins clair)...Dans le dernier chapitre Combattre le d sespoir , voquant quelques de ces opuscules qui circulent dans le monde (notamment sur Internet) pr nant le sabotage massif de l industrie (comme Deep Green Resistance, pour la Guerre cologique d cisive ), notre auteur se demande comment ne pas d railler vers un terrorisme cologique ou une guerre civile g n ralis e... L organisation de commandos cibl s contre des installations productrices de gaz effet de serre, qui met en moi tous les dirigeants conomiques du secteur (comme l affaire de 2016 autour de la mine et des voies ferr es de Schwarze Pumpe) serait peut- tre une voie suivre, mais m me l auteur ne semble pas vraiment cat gorique sur ce point...qualifiant la destruction des cl tures de violence des plus douces ...Ce qui frappe la lecture de ce livre, c est qu au final d une d nonciation de l id ologie de la non-violence, il ne fait gu re de propositions de moyens de combat... Ses avertissements - on oserait dire voil s - sur l apparition d une insurrection violente contre les changements climatiques devraient pourtant alerter... Le d sespoir de maintes populations prises au pi ges (inondations, incendies) pourrait conduire toutefois des mouvements violents plus ou moins spontan s...Dans un tout dernier chapitre (Post-scriptum), l auteur, en mars 2020 d crit depuis Berlin, voque l pid mie du covid-19, qui met l arr t tout le capitalisme mondial mieux que ne l avait fait tout le mouvement cologique, mentionnant aussi l impatience des financiers et des pouvoirs publics de tout recommencer comme avant et de tout re-polluer (la pollution a diminu s chement notamment autour des grandes villes dans le monde entier). Le sabotage n est pas incompatible avec la distanciation sociale termine-t-il.Andreas MALM, Comment saboter un pipeline, La fabrique editions, 2020, 210 pages. Traduction de l anglais How to blow up a pipeline, paru chez Verso Books la m me ann e. La filmographie sur la premi re guerre mondiale se concentre encore sur quelques batailles, souvent en France, mais a le m rite d clairer certains aspects non europ ens, notamment aux Moyen-Orient et autour du r le de la Turquie. Ainsi la bataille des Dardanelles, ou la bataille de Gallipoli concentre-t-elle l attention de cin astes, le nationalisme de l Australie et de la Turquie valent bien celui de la France ou de l Allemagne, avec, de plus, une intensit accrue par la jeunesse de l accession l ind pendance ou l autonomie... Ils montrent le m me acharnement des tats-majors d fendre une conception d su te de la guerre face aux changements technologiques, notamment du c t des Alli s. Rappelons ici seulement que la campagne des Dardanelles qui opposa l Empire Ottoman aux troupes britanniques et fran aises dans la p ninsule de Gallipoli dans l actuelle Turquie se d roule du 18 mars 1915 (d barquement des troupes alli es le 25 avril apr s une tentative de contr ler les D troits) au 9 janvier 1916 (fin du repli alli apr s une d faite sanglante).- Gallipoli (la bataille des Dardanelles) (titre original Gelibolu), documentaire turc diffus en 2005, de Tolga OMEK (distribution Too Cool Production Distribution), avec la participation de Zafer ERGIN, Demetri GORITSAS et Jeremy IRONS, retrace en toute objectivit la bataille des Dardanelles, le deuxi me plus grand d barquement de l histoire mondiale, gr ce des lettres, photographies et documents alors in dits. Le film relate les cons quences de cette bataille sur l histoire mondiale, les souffrances, les motions prouv es par les soldats des diff rentes nationalit s qui ont combattu. Les dix caract res marquants du film ont t inspir s partir de documents originaux, lettres et journaux intimes crits par des soldats au cours de cette bataille; deux Anglais, trois N o-Z landais, trois Australiens et deux Turcs. C t documentaire toujours, on peut se r f rer au DVD de la s rie Encyclop die de la grande guerre, de CB-NEW, avec les commentaires de Pierre MIQUEL, La guerre dans les Balkans, au chapitre 1 . Les Dardanelles. Mais c est peut- tre moins bien mis en perspective c t turc, tant plut t dans le compte-rendu des difficult s des alli s dans les Balkans, lesquels se trouv rent surpris (ils croyaient y trouver un point faible) et d faits...C t films :- Gallipoli, la bataille des Dardanelles, diffus en 2013, film turc de Kemal UZUN, Serdar AKAR et Ahmet KARAMAN, avec G rkan UYGUN, Berrak TUZUMATAC, Mahir GUNSIRAY, relate l histoire en 1915 de deux fr res qui se retrouvent en plaine bataille, l un des v nements les plus sanglants de la Premi re Guerre mondiale. Pourront-ils y survivre et ne pas se retrouver s par s l une de l autre sont les deux question suspens du film...- Gallipoli, film sorti en 1981, r alis par Peter WEIR, avec Mel GIBSON, En 110 minutes, le film raconte l histoire de deux amis australiens qui s engagent en mai 1915 par bravade patriotique pour aller combattre. Ils se retrouvent Gallipoli o ils d couvrent les horreurs de la guerre au cours de la bataille. Notamment, ils doivent composer avec un commandement born et incomp tent qui les envoie sciemment la mort. C est- -dire que les autorit s militaires n avaient pas compris que la vaillance des fantassins ne pouvaient pas grand chose contre les nids de mitrailleuses et les envoyaient s lancer des tranch es en musique et fanfare, tout comme leurs homologues du large front de l Ouest en France.- Parmi les premiers films qui racontent la bataille des Dardanelles, citons le m trage britannique Tell England, de 1931, r alis par Anthony ASQUITH et Geoffrey BARKAS. Il relate l engagement de deux jeunes hommes lors de la premi re guerre mondiale, et notamment leur participation la cette bataille. Le film en noir et blanc d une dur e de 80 minutes, avec entre autres acteurs Carl HARBORD et Tony BRUCE, fut critiqu sa sortie pour son apparente glorification de la guerre, malgr les d n gations de ses auteurs. Anthony ASQUITH, dont le p re tait premier ministre au moment de la bataille, s en d fend en voulant montrer la r alit du v cu des soldats, bien plus efficace dans la propagande anti-guerre que de les voir comme des brutes saoules. A voir surtout pour la vision de la guerre 14-18, bien plus contrast e qu on veut bien l crire, dans les ann es 1930...FILMUSCompl t le 24 octobre 2020 Alors que de nombreuses critiques l encontre de la non-violence s adressent ses pr -suppos s moraux et philosophiques , critiques qui tombent singuli rement dans le vide de nos jours, alors que beaucoup veulent r duire la non-violence une sph re troite de la vie politique (qui ne concerne que des aspects partiels de la vie en soci t ) ou sociale (qui ne concerne que des gens d j bien repus qui ont le loisir de penser des choses secondaires comme l environnement et la justice sociale...), nombre d actions non-violentes se situent dans un cadre r solument politique, dans une strat gie politique, avec des buts politiques. Il est vrai que nombre de critiques proviennent de groupes ou de personnes qui se disent v ritablement r volutionnaires (allant jusqu traiter les non-violents d alli s objectifs (et aveugles des injustices) et que peu d hommes politiques ou de sociologues, peu d intellectuels en tout cas, pensent avoir un dialogue avec les non-violents . Comme le rapporte Manuel CERVERA-MARZAL, charg de recherche au FNRS (Universit de Li ge), docteur en sciences politiques, l exception des historiens qui consacrent des acteurs non-violents (GANDHI, Martin LUTHER-KING, C sar CHAVEZ...) d importantes biographies, le monde universitaire se d marque par le caract re largement insuffisant de l attention qu il a port e par exemple GANDHI. Il est vrai que peu de sociologues par exemple ont consacr des tudes aux leaders et aux actions non-violentes (c est plus vrai en Europe que dans le monde anglo-saxon...).Raghavan IYER, professeur de philosophie Oxford identifie quatre causes du d ficit d tudes sur la pens e politique et morale de GANDHI :- la personnalit unique du Mahatma qui a capt toute l attention, occultant ainsi ses tr s nombreux crits ;- le public s est galement focalis sur ses trente ann es d action politique en Inde (1914-1948) au d triment des dix ann es de conceptualisation thico-politique en Afrique du Sud (1903-1914) : tous les principaux concepts - satyagraha, ahimsa, swaraj - datent de cette poque.- GANDHI n tait pas un intellectuel classique. Il n a pas r dig d expos syst matique de ses id es sur la politique et sur la non-violence. Son oeuvre se compose presque exclusivement d crits circonstanci s : articles de journaux, lettres et discours. Il n avait pas le go t pour les dissertations formelles - il pensait comme un avocat, sa profession. Il ne se souciait pas de clart philosophique ni de coh rence logique : il s agit souvent de convaincre de la justesse de ses vues et de ses moyens d action. Il pensait - il l crit souvent - que son r le est d agir .- sa pens e politique est intimement entrelac e avec ses convictions religieuses, ce qui rend difficile l approche de la premi re, d autant que ses convictions sont form es d un syncr tisme majeur (christianisme, hindouisme, ja nisme...). La pens e m me de GANDHI, r f rence de toute la pens e non-violente , nous enjoint de regarder ses actes, mais ses actes ne doivent pas occulter ses id es, comme l crit si justement Manuel CERVERA-MARZAL. Si GANDHI philosophe dans l action et agit en fonction de sa philosophie, il n en est pas moins, surtout en Inde, un homme politique. Et comme tel, dans les grands conflits qui agitent l Inde de son si cle, il fait de la politique. Et comme tout homme politique, il ne cherche pas la perfection, il recherche une efficacit pragmatique.Malgr qu il soit pr c d de nombreux penseurs dans la voie de la d sob issance civile, il s en r v le le plus fin th oricien et le premier en tout cas l gitimer sa pratique dans l tat de droit d mocratique comme dans les r gimes autoritaires. Il est temps, comme l crit Manuel CERVERA-MARZAL, de mettre en exergue l essence conflictuelle de la politique, la viabilit politique de la recherche de la v rit absolue et l exigence thique de l emploi d une m thode de lutte non-violente. Ainsi, la politique de GANDHI a pour fondement l adversit , pour finalit la v rit et pour moyen la non-violence. Pour le leader indien, l engagement politique est une devoir religieux qui, lorsque les circonstance l exigent, se concr tise travers la mise en oeuvre d actions de d sob issance civile.Dans toute sa vie, GANDHI relie cette recherche de la v rit et l emploi de moyens non-violents. Cette recherche se rattache une vision forte de ce qu est la vie sociale tout court et un id e forte de la conflictualit . Il la pense sous la forme d une opposition entre adversaires plut t qu entre ennemis. Le v ritable ennemi, c est le syst me dans lequel les hommes vivent et qui les enferment dans des relations d injustices et de violences.Lutter contre le v ritable adversaire... GANDHI pense le combat politique, car il y a bien combat, sous la forme d une opposition entre adversaires plut t qu ennemis. Il modifie l acception classique de la notion d adversaire. Selon R. IYER (The moral and political thougt of Mahatma Gandhi, New Delhi, Oxford University Press, 2000), pour GANDHI, l adversaire d signe le mal que font les hommes et non les hommes eux-m mes. Contrairement certaines philosophies politico-morales et religieuses, l homme et ses actes sont deux choses bien distinctes, et alors qu une bonne action doit appeler l approbation, et une mauvaise, la d sapprobation, l auteur de l acte, qu il soit bon ou mauvais, m rite toujours respect ou piti selon les cas (Gandhi, Autobiographie ou mes exp riences de v rit ; PUF, 2008).En apparence, GANDHI semble admettre avec Carl SCHMITT qu en politique, il faut viser la suppression de la partie adverse. Mais contrairement au juriste allemand, il ne con oit pas l adversaire comme un homme, mais comme un syst me qui am ne l individu mal agir. Il souligne qu un individu n est jamais r ductible ses actes, que l tre ne se r sume pas dans le faire . Finalement, il y a au coeur de la pens e de GANDHI, la certitude que l adversaire est un autre homme avant d tre un ennemi (Jean-Marie MULLER, Le courage de la non-violence, Gordes, Les ditions du Reli , 2001). Gandhi enjoint le d sob issant civil ne pas occulter ce qui le lie son adversaire, leur commune humanit . (Manuel CERVERA-MARZAL)L action politique n est pas exempte de strat gies et de tactiques qui, m me si elle vise un syst me, luttant contre des personnes bien visibles, tant pour les priver d influences ou de pouvoirs que pour les emp cher d en avoir, et cela, GANDHI en avait parfaitement conscience, choisissant bien les temps et les lieux de l action, qui m me si elle n attaque pas frontalement des hommes (et des femmes...), les plus efficaces et les plus pertinentes, et pas seulement sur le plan id ologique ou propagandiste, mais aussi dans des conjonctures politiques o elles pouvaient les emp cher galement d atteindre des buts oppos s aux siens... GANDHI, membre du Congr s, membre d une tendance du Congr s en Inde, m me s il se d marque des habitudes politiques parlementaires (qu ont galement d autres forces politiques que le Congr s) en allant chercher au fin fond de pays les ressources de sa politique, est amen , de toute fa on affronter des factions attach es certaines politiques, notamment de conciliation avec le colonialisme anglais. En recherchant la v rit de la situation du pays et des millions de ses habitants qu il veut fonder une politique face la puissance anglaise, il se heurte des organisations - et des personnes - bien concr tes. C est pourquoi il faut se d marquer d une image gentillette et consensuelle de la politique non-violente de GANDHI.La force politique de la v rit ... GANDHI propose une vision de l action politique, qui insiste sur la viabilit de la recherche de la v rit . Il s oppose ainsi au projet lib ral qui fait primer la recherche d un accord la recherche de la v rit crit fort justement Manuel CERVERA-MARZAL. Chez lui, point de ce relativisme et pas r ellement de multiculturalisme. La V rit absolue existe et est pr sente chacun sous un angle particulier et de mani re fragmentaire, et aucun homme ne peut pr tendre poss der cette V rit . Et certainement pas un leader, aussi charismatique qu il soit (m me si lui-m me tait charismatique!).Quelle est pour lui la d finition de cette V rit ? Reprenant des crits pars dans l oeuvre du Mahatma, le philosophe italien Giulano PONTARA distingue au moins trois significations :- dans une acception thico-philosophique, il d signe par la notion de v rit certaines propri t s humaines comme le fait d tre sinc re, honn te, fid le ou transparent. La v rit s apparente l authenticit et d signe la capacit tre en accord avec soit-m me, de pr senter une coh rence interne, et se pr senter autrui sans faux-semblant ni dissimulation;- dans une acception pist mologie, la v rit est ce que nous croyons vrai un certain moment. Il a une conception objectiviste et r aliste de la v rit : un jugement est vrai si et seulement s il correspond la r alit . Une perception est vraie lorsque la repr sentation des faits est en ad quation avec les faits eux-m mes. Personne ne peut jamais parvenir une certitude absolue et GANDHI, de nombreuses reprises, se rend souvent compte qu il s est tromp et est dispos abandonner ou modifier une th se ou une conviction;- dans une acception th ologique, la V rit est Dieu. Mais Dieu se rend concret GANDHI dans un syncr tisme religieux tr s sophistiqu et qui ne correspond pas enti rement l id e que s en font le ja nisme, l hindouisme ou le christianisme. M me s il n explicite pas souvent, en partie par prudence politique..., ce qu il tire de chacune de ces trois religions et des trois religions en m me temps, on peut penser qu il retient des trois la v rit comme force la fois int rieure chaque individu et englobant l humanit tout enti re, du ja nisme, le souci de d tachement asc tique et le respect de toute vie (ce qui le conduit au v g tarisme), gardant une croyance panth iste, de l hindouisme l id e que le salut individuel et collectif n est pas possible dans le retrait du monde et la m ditation autarcique et du christianisme, l amour christique et le pardon inconditionnel.On avance souvent seulement l un ou l autre de ces aspects pour qualifier sa politique non-violente, mais pour lui la v rit n est pas th oriser sans fin, elle est rechercher dans l action dans le monde et dans sa vie quotidienne. Si le pouvoir politique n est pas une fin en soi, il est un moyen n cessaire pour les hommes d atteindre la v rit .Pour comprendre la politique gandhienne - qui est la r f rence dans l ensemble des mouvances non-violentes, mais certainement pas la seule - il faut admettre que toute th orie politique repose sur une conception donn e de la v rit et sur la volont de d fendre cette derni re envers et contre tout, mais sans dogmatisme et sans violence.Dans son activit politique, il s efforce de s appuyer sur une exigence (la politique doit se fonder sur la recherche de la v rit ) et sur un constat (une politique men e au nom de la v rit entraine souvent les pires violences). Il existe m me une contradiction entre v rit et politique, visible dans l action politique elle-m me, et le Mahatma s efforce de la r soudre - mais y parvient-il toujours?, dans ses crits merge souvent le doute cet gard - en distinguant V rit absolue et v rit s relatives. Il en r sulte une conception dualiste de la v rit : d un c t il existe la V rit , que l on doit s efforcer d atteindre, et de l autre, l homme est si imparfait qu il ne peut jamais l atteindre et ne fait que l approcher partiellement. Il tire de cela une r gle d or, la tol rance mutuelle, laquelle exclut l usage de la violence. Si pist mologiquement, cette conception peut se tenir, la r alit politique, l exercice politique du pouvoir, l art du compromis mais aussi du choix (et souvent entre mauvaises solutions...), elle est parfois d un faible secours. L action non-violente est pens e par GANDHI plus du c t d une r sistance un syst me (raciste ou colonial) que de l exercice d un pouvoir (m me si en tant que leader, il doit prendre des d cisions, et prendre de nombreuses positions politiques...) et c est ce qui rend difficile une analyse de la politique non-violente comme d un tout...La politique non-violente dans l action... Si la politologie ou la sociologie politique (qui s int resse surtout aux partis politiques et au syst me lectoral, part quelques travaux sur le monde associatif) ne s int resse gu re la non-violence, c est aussi parce que la grande majorit des leaders et des mouvements non-violents ne s int resse pas du tout la prise du pouvoir d tat. GANDHI lui-m me, m me s il parvient au sommet de l tat, dans la foul e d une ind pendance enfin reconnue, pense la politique surtout par le bas, du c t des gouvern s plut t que des gouvernants. Si la politique se d ploie sur deux versants compl mentaires, la gestion des institutions tablies et l laboration de mouvements de contestation collective, ses efforts vont dans le sens d une d volution du maximum de pouvoir la base - voir son programme des communaut s rurales de base - et il se m fie du pouvoir qui corrompt par contagion. Critiquant constamment les institutions coloniales de son temps, il reste convaincu qu une purification du pouvoir politique est la fois possible et n cessaire.Cette purification donnerait au pouvoir une forme nouvelle qu il nomme autonomie ou swaraj. Manuel CERVERA-MARZAL rappelle fort justement qu en concentrant toute leur attention sur la non-violence (satyagraha), les commentateurs de GANDHI oublient souvent qu il est aussi un penseur de l autonomie. Et dans son ouvrage majeur - son seul ouvrage de th orie politique, Hind Sawaraj, republi r cemment en 2012 New Delhi aux ditions Rajpal ans Sons, et qui gagnerait tre d ailleurs traduit en fran ais, il d veloppe, outre une critique du machinisme et de la civilisation occidentale, dans une soixantaine de pages, ce qu il appelle cette autonomie politique. Situation d une communaut dans laquelle aucun individu n exerce de pouvoir sur les autres, ou dans laquelle n importe quel individu a autant de pouvoir sur chaque autre que chaque autre en a sur lui. Elle exige une d centralisation radicale des instances de d cision, car le centralisme et la concentration des pouvoirs sont incompatibles avec une structure sociale non-violente. L autonomie est la v ritable d mocratie que r clament d ailleurs de leur voeux nombre d organisations non-violentes dans le monde, quel que soit le nom qu elles leur donne. En France, un temps, nombre de groupes non-violents se r clamaient, en participant directement la lutte politique, du socialisme autogestionnaire, en ayant en t te ou non les options de GANDHI. Cette autonomie doit pouvoir tre tablie autant sur le plan politique que sur le plan conomique.Non-violence politique ne signifie pas pacifisme... Fr quemment, pour souligner l aspect pacifique de la politique de GANDHI (vue par une certaine imagerie en Occident), on rapproche la non-violence de l ahimsa traditionnel en Inde. Or, non seulement la non-violence va au-del de la renonciation de la volont de tuer et l intention de nuire et d signe bien plus que le simple refus de la violence (certains comme Manuel CERVERA-MARZAL souligne le trait d union entre les deux mots pour le diff rencier d une non violence), mais GANDHI, qui ne suit pas du tout alors cette tradition indienne, distingue deux sens de l ahimsa. Le premier est dit troit, restrictif, n gatif ou passif : l ahimsa est le refus de tuer ou de blesser quelqu un. Dans son sens positif, large ou actif, elle est le fait de promouvoir l amour et le bien- tre d autrui, et se rapproche alors du sens chr tien au contenu identique celui du Sermon sur la Montagne. Mais la sp cificit de l ahimsa gandhienne par rapport l injonction chr tienne tendre l autre joue est immense. Il politise le contenu thique du Sermon sur la Montagne, et l applique bien au-del du domaine religieux ou inter-individuel. Il s appuie sur deux id es : qu il faut chercher convaincre et non contraindre l adversaire ; et que la souffrance personnelle, en permettant d mouvoir notre adversaire constitue le meilleur moyen de la convaincre qu il se trouve dans l erreur. Questionnant la relation du satyagraha l ahimsa, la pratique vis- -vis de la th orie, Manuel CERVERA-MARZAL rappelle que GANDHI, cette question de pouvoir mener une strat gie politique en dehors de la philosophie de l ahimsa, a toujours li les deux : on ne peut r aliser le satyagraha comme une tactique que l on peut abandonner suivant les circonstances, car le styagraha lui-m me est une croyance... Maintenant, GANDHI a toujours consid r , comme beaucoup, la politique comme l art du possible et dans nombre de cas de conflits, la non-violence n apparait pas possible. D o ses diff rents positionnements politiques par rapports la guerre intra- tatique pendant les premi re et deuxi me guerres mondiales : refus de soutenir l imp rialisme anglais dans la premi re, appel lutter contre les nazis par la violence qui reste la seule ressource disponible pendant la seconde. Mais jamais, dans la lutte pour l ind pendance de l inde, comme d ailleurs contre l apartheid en Afrique du Sud GANDHI n est aller plus loin que le boycott conomique, tant m me r ticent l endroit du sabotage mat riel. Il m nera d ailleurs lors de ses campagnes des actions de je ne et de gr ve de la faim pour faire cesser des violences de ses partisans. ou de ses alli s. La question reste enti re s il faut consid rer le gandhisme comme un anti-machiav lisme, tant donn d une part que la philosophie politique de MACHIAVEL reste soumise question et que la pratique politique de GANDHI n est pas exempte de l usage d une certaine ruse politique, sans compter qu il est difficile de comparer les deux contextes historiques de leur existence et de leur action.De la politique... Le plus gandhien des auteurs sur la non-violence, Jean-Marie MULLER, restitue bien le probl matique d crite ci-dessus : L exigence fondamentale de la philosophie politique est de construire une soci t lib r e de l emprise de la violence. Dans une soci t , la justice et la paix sont r alis es dans la mesure o les diverses formes de violence se trouvent limin es dans rapports entre les individus et les groupes. Il en r sulte que la violence, dont la vis e est toujours la mort, se trouve en contradiction avec le principe m me de l action politique. Politique et violence s opposent par leur nature m me. Pourtant, les id ologies dominantes ont constamment affirm le contraire en soutenant que la violence est inh rente l action politique. Selon ces discours, le recours aux moyens de la violence serait in luctable en politique et il serait l gitime parce que lui seul permettrait l efficacit dans l action. Renoncer la violence, ce serait renoncer l action politique elle-m me et s vader dans l id alisme. Quand ces id ologies conc dent que la violence ne saurait tre justifi e du point de vue de la moral pure, c est pour mieux affirmer qu elle ne saurait tre condamn e du point de vue du r alisme politique. Il faut bien noter que les adversaires face face (tenants de l ordre tabli et r volutionnaires de toute sorte, de droite ou de gauche) sont tr s heureux de s entendre sur ce point, la violence tant marquage amenant la reconnaissance de l autre, en dehors d ailleurs de toute analyse sur l efficacit r elle... En r alit , poursuit notre auteur, face tout ce que la violence commet d irr parable lorsqu elle devient le moyen sp cifique de l action politique, il n est pas n cessaire de faire le d tour par des r flexions morales pour la r cuser. Le r alisme politique lui-m me apporte de nombreuses raisons pour discr diter la violence. Et elles sont imp ratives.La cit politique na t lorsque des femmes et des hommes, qui se sont reconnus gaux et semblables, d cident de se r unir pour vivre ensemble, c est- -dire parler, d cider et agir ensemble pour construire un avenir commun. Ce parler ensemble , ce d cider ensemble et cet agir ensemble constituent la vie politique. Ce qui inaugure et fonde l action politique, c est la parole chang e, la libre discussion, la conversation entre les citoyens, la d lib ration publique, le d bat d mocratique. Fonder une soci t revient, litt ralement, cr er une associations. Celle-ci s exprime travers une constitution, c est- -dire un contrat social par lesquels les citoyens d cident du projet politique qu ils entendent r aliser ensemble. Ce qui fonde la politique, ce n est donc pas la violence, mais son contraire absolu : la parole humaine. Un r gime totalitaire se caract rise par la destruction totale de tout espace public o les citoyens auraient la libert de parler et d agir ensemble.L essence m me du politique, c est donc le dialogue des hommes entre eux. La r ussite du politique, c est donc le succ s de ce dialogue. Parce que l apparition de la violence entre les hommes signifie toujours l chec de leur dialogue, la violence signifie toujours l chec du politique. L essence de l action politique c est d agir les uns avec les autres. Lorsque des individus agissent les uns contre les autres, ils sapent les fondements m mes de la cit politique. Certes, la vie des hommes au sein d une m me communaut peut tout moment tre troubl e pas des conflits provoqu s par des individus qui ne respectent pas le pacte fondateur, l alliance originelle. Il importe de r soudre ces conflits pour r tablir la pais sociale et rendre nouveau possible le dialogue entre les citoyens. la r solution des conflits est une condition de la vie politique mais elle ne la constitue pas. Les individus qui recourent la violence pour r aliser leurs passions, satisfaire leurs d sirs ou faire pr valoir leur int r ts particuliers ont d j quitt le lieu o s labore et se r alise le projet politique de la communaut laquelle ils appartenaient. Leur action ne s inscrit plus dans l espace public qui constitue la cit politique; Ils doivent tre neutralis s par les agents de la paix . Ceux-ci doivent privil gier les m thodes pacifiques et ne recourir la violence qu en cas de stricte n cessit . Sans doute, c est le passage du texte qui apparait le moins convaincant et il n est gu re tonnant qu la fin, on en vient exactement au m me type d argumentation que les tenants de l ordre tabli . La position du conflit semble tre historiquement seconde, alors qu on peut penser que le conflit est consubstantiel la relation entre les hommes, pour de multiples raisons. Dans les faits, la politique semble beaucoup a voir avec pr cis ment ces conflits et la question de la violence intervient justement cause de ces conflits. Dans l histoire, ce n est pas la non-violence qui est premi re, elle intervient dans le processus de maturation de la politique. Opposer politique et violence reste coh rent, mais la cit politique se construit d abord avec la violence. Dans l histoire des id es d ailleurs, la nouveaut de la non-violence est d introduire une rupture avec la pr sence et l id ologie de la violence. Et elle ne peut le faire pr cis ment que si elle r ussit proposer des alternatives aux mani res violentes de faire de la politique... Il est par ailleurs tr s juste d opposer politique et violence, car la dynamique de la violence finit par d truire les liens politiques. Elle en vient remplacer, dans les coeurs et dans les esprits, la recherche du bien commun et du savoir vivre ensemble. Mais cette dynamique m me provient de l existence de conflits qui sont toujours l , non r solus. Leur r solution est en r alit l objectif de la politique et la violence donne l illusion d y parvenir, et seulement l illusion, car elle poss de en elle-m me une dynamique qui supplante n importe quel but politique. La suite d ailleurs de l argumentation de notre auteur se situe dans cette perspective... Il convient, poursuit Jean-Marie MULLER, de toujours d finir le politique en rapport avec le projet qu il porte en lui ; ce projet qui vise rassembler les hommes dans une action commune, ne laisse aucune place la violence. Dans sa finalit comme dans ses modalit s, l action politique se trouve organiquement accord e la non-violence. La philosophie de la non-violence restitue la cit politique dans sa v ritable perspective et lui redonne ses r elles dimensions. Si l action politique se caract rise en effet par le fait d tre non-violente, la violence, par sa nature m me, est anti-politique , quelle que puisse tre parfois sa n cessit . Au mieux, faudrait-il conc der qu elle est pr -politique , dans la mesure o elle pr c de et se donne pour objectif de pr parer et de rendre possible l action politique.. L action politique doit viser pacifier la vie sociale en sorte que tous les citoyens b n ficient d un espace dans lequel ils puissent vivre en toute s curit et en toute libert . La politique exige de cultiver l art de la gestion non-violente des conflits qui surgissent entre les citoyens au sein de la cit . Cela implique d instaurer la paix sociale par des moyens pacifiques. Dans ce domaine, tout n est pas possible, mais dans chaque institution, il revient ceux qui sont aux postes de responsabilit d avoir la volont politique d exp rimenter tout ce qui est possible. Jean-Marie MULLER, Le dictionnaire de la non-violence, Le Reli Poche, 2014. Manuel CERVERA-MARZAL, Politique de la non-violence, Michalon diteur, collection le bien commun, 2015.PAXUS Loin de faire appel un quelconque spontan isme , nombre d organisations non-violentes estiment qu avant de r aliser une action, il faut s y pr parer. Pour elles, une pr paration ou un entrainement l action non-violente est indispensable, l instar de l instruction militaire dans une arm e. Cet entrainement, tout comme l instruction militaire, requiert l exercice de caract re et d endurance, de la discipline, de l esprit de coop ration entre les membres, et la connaissance de techniques. Maitrise de soi et coh sion de groupe sont deux grands objectifs, tant de la pr paration militaire que de l entrainement l action non-violente...La pr paration, une condition de la r ussite d une action non-violente Jean-Marie MULLER cite parmi les conditions de r ussite d une strat gie non-violente ou d une tactique non-violente, un temps de pr paration avant d entreprendre l action par laquelle on recherchera l preuve de force avec l adversaire. Il s agit d organiser cette action avec rigueur et pr cision afin de se donner les moyens de la mener bien avec un maximum de chances de r ussite. Dans le m me esprit, il crit qu avant et pendant la campagne non-violente, il faut permettre au plus grand nombre de participants de s initier l esprit, aux principes et aux m thodes de la non-violence en faisant valoir la fois les arguments d ordre moral et d ordre tactique. Il convient de former un corps de volontaires exp riment s et aguerris, qui puissent encadrer les participants lors des diff rentes manifestations et actions.Le jeu de r le L une des m thodes de pr paration l action directe, utilis e notamment par le mouvement des Droits civiques aux tats-Unis, est le sociodrame ou le jeu de r le .Dans son Dictionnaire de la non-violence , le m me auteur d taille : Il consiste en la mise en sc ne collective d une situation conflictuelle pr visible dans un contexte social et politique d termin . Les acteurs jouent les r les des diff rents personnages impliqu s dans ce conflit en s effor ant de vivre ce qu ils jouent . Le but recherch est de permettre chacun d prouver les motions et les sentiments qu il connaitrait s il tait confront une situation semblable dans la r alit . Les participants peuvent ainsi mieux connaitre leur comportement personnel en situation, par la prise de conscience de leurs propres motions, r actions, et attitudes dans leur relation aux autres. Cela doit leur donner une plus grande confiance en soi.Le jeu de r le doit permettre galement une perception plus juste et plus compl te de la situation mise en sc ne. Aussi doit-il lui-m me faire l objet d une pr paration, si possible avec des participants d j r d au principe et au fonctionnement du jeu de r le. Ainsi, il peut favoriser une pr paration psychologique la confrontation directe avec les adversaires, le public et la police lors des manifestations et autres actions. Il aide en particulier les manifestants mieux maitriser et surmonter leur angoisse et leur peur. Il les aide galement mesurer les risques - qui peuvent tre physiques, de cette confrontation. Pour le groupe des participants, cet exercice permet de progresser vers une plus grande connaissance mutuelle et une plus forte confiance r ciproque.Pendant que les acteurs jouent les diff rents r les des personnages en interaction les uns avec les autres, des observateurs les regardent en notant leurs attitudes afin de pouvoir ensuite les aider en prendre conscience. Le bon d roulement d un jeu de r le, et notamment lors de l valuation exige la pr sence d un animateur ayant une connaissance approfondie et une longue pratique de cette m thode. C est lui qui doit d cider le moment o il convient d arr ter le jeu. Ensuite, il a pour t che d animer une discussion entre tous les participants dans le but de faire l analyse, la critique et l valuation du jeu.Une formation s rieuse et d passant tout aspect ludique Souvent, parce que les participants sont jeunes et d sireux d agir (et en br le m me d envie parfois - l action pour l action...) dans les diff rentes mouvances non-violentes, il est essentiel que cette pr paration soit la plus s rieuse possible (m me si un temps de relaxation doit tre am nag dans ce genre de formation). Les diff rents organismes voulant pr parer une action et plus encore une campagne non-violente de longue haleine, pr voient souvent une telle pr paration. Cette pr paration doit tre autant intellectuelle que pratique mais les organisateurs doivent insister - sous peine ensuite d avoir g rer des situations dramatiques - sur les aspects pratiques, physiques, car la confrontation avec les forces de l ordre n est jamais une partie de plaisir.A l instar d une pr paration militaire, elle exige aussi une grande maitrise de soi et une grande compr hension des mouvements des adversaires comme des partenaires. Difficult importante, la formation la lutte non-violente repose sur la capacit de chacun prendre des d cisions et de tous de s organiser sur un mode d mocratique, prendre des d cisions par consensus plut t que de se soumettre et se conformer des ordres.Pour autant, tout d pend du type d action entreprendre, car certaines exigent de surprendre l adversaire (pour entrer dans un territoire interdit par exemple...), et donc supposent des limites la transparence dans l organisation de l action, ne serait-ce que dans ce cas, les risques d infiltration des organisations sont plus importantes.Centre de ressources sur la non-violence : Site Internet nonviolence.ca. Jean-Marie MULLER, Le Dictionnaire de la non-violence, Les ditions du Reli , 2014. Approches du conflit : philosophie, religion, psychologie, sociologie, arts, d fense, anthropologie, conomie, politique, sciences politiques, sciences naturelles, g opolitique, droit, biologie

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